Des relations russo-américaines « extrêmement tendues » sur fond de querelle diplomatique
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.Les affrontements entre la Russie et les Etats-Unis sur le front diplomatique ont atteint un nouveau niveau après que Moscou a annoncé une série de mesures de rétorsion aux récentes sanctions américaines.
Dans une réaction rapide, le ministère russe des Affaires étrangères a annoncé vendredi dans un communiqué qu’il allait expulser dix diplomates américains et interdire à huit hauts fonctionnaires américains, anciens et actuels, d’entrer en Russie pour une durée indéterminée, entre autres restrictions.
Cet échange de critiques acerbes risque d’assombrir la perspective ténue d’un dégel des relations entre Moscou et Washington après la conversation téléphonique entre les deux présidents en début de semaine. Un scénario pire n’est pas à exclure.
DES REPRESAILLES SEVERES
Outre l’expulsion des diplomates, le ministère russe des Affaires étrangères a imposé une interdiction d’entrée sur le territoire à huit personnalités américaines pour leur « implication dans la mise en œuvre de la campagne anti-russe », dont le ministre de la Justice Merrick Garland, le ministre de la Sécurité intérieure Alejandro Mayorkas, le directeur du FBI Christopher Wray et la directrice du Renseignement national Avril Haines.
La Russie limitera la pratique de l’ambassade des Etats-Unis consistant à utiliser les voyages à court terme du personnel du département d’Etat pour soutenir le fonctionnement des missions diplomatiques, en réduisant la délivrance de visas à ces personnes à un maximum de dix personnes par an.
Moscou interdira totalement aux missions diplomatiques américaines d’embaucher des citoyens de Russie ou de pays tiers à des postes administratifs et techniques.
Le protocole d’accord bilatéral de 1992 sur le « terrain ouvert » est déclaré invalide en raison des violations systématiques par les diplomates américains des règles relatives aux déplacements en Russie, a ajouté le ministère.
La Russie mettra aussi fin aux activités des fondations et des ONG américaines contrôlées par le département d’Etat ou d’autres agences gouvernementales américaines.
La Russie a fourni « une réponse adéquate et symétrique » à la politique de confrontation de la Maison Blanche, a assuré Léonid Sloutski, président de la commission des Affaires internationales de la Douma, la chambre basse du Parlement russe.
UNE SITUATION DEPLORABLE
On pourrait arriver prochainement à une situation rare où la Russie et les Etats-Unis, les deux premières puissances nucléaires du monde, n’auraient plus d’ambassadeurs l’un pour l’autre.
« Cette situation extrêmement tendue exige objectivement que les ambassadeurs de nos pays soient dans leurs capitales respectives pour analyser les développements et tenir des consultations », a indiqué le ministère russe des Affaires étrangères, demandant ainsi implicitement à l’ambassadeur des Etats-Unis en Russie, John Sullivan, de quitter le pays.
L’ambassadeur de Russie aux Etats-Unis, Anatoly Antonov, a été rappelé à Moscou voici près d’un mois dans le contexte de la détérioration de ces relations.
Se préparant à une éventuelle riposte de Washington, le ministère russe des Affaires étrangères a menacé de réduire à 300 le nombre de membres du personnel diplomatique américain en Russie, qui est actuellement de 455.
La Russie a aussi la possibilité de « prendre des mesures douloureuses » à l’encontre des entreprises américaines, mais, pour l’instant, ces outils resteront dans la boîte, a déclaré le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov lors d’une conférence de presse.
Cette querelle diplomatique a jeté une ombre sur la participation du président russe Vladimir Poutine au sommet des dirigeants sur le climat organisé par Washington la semaine prochaine et sur une éventuelle rencontre en personne avec le président américain Joe Biden cet été en Europe.
Le ministère russe des Affaires étrangères a dit que Moscou avait évalué positivement l’offre de M. Biden de rencontrer M. Poutine, mais qu’il allait désormais la reconsidérer à la lumière des derniers développements.
« Nous sommes prêts à engager un dialogue calme et professionnel avec les Etats-Unis afin de trouver les moyens de normaliser les liens bilatéraux. Cependant, la réalité est que nous entendons une chose de Washington, mais voyons quelque chose de complètement différent dans la pratique », peut-on lire dans le communiqué du ministère.