La Turquie quitte la convention sur les violences faites aux femmes
par Tuvan Gumrukcu et Jonathan Spicer
ANKARA (Reuters) – Le président Tayyip Erdogan a retiré la Turquie d’une convention européenne contre les violences faites aux femmes, déclenchant une vague de reprobation dans le pays et dans plusieurs capitales européennes, dont Paris.
La Turquie avait été le premier pays à ratifier en 2011 la convention d’Istanbul du Conseil de l’Europe, qui vise à prévenir, poursuivre et éliminer la violence domestique et à promouvoir l’égalité.
Cette décision intervient alors que le nombre de féminicides a progressé dans le pays ces dernières années.
« Chaque jour, de nouveaux féminicides sont annoncés », a déclaré Hatice Yolcu, étudiante à Istanbul, où des centaines de femmes portant des drapeaux violets ont défilé pour protester contre le retrait de cette convention.
« La mort ne s’arrête jamais. Les femmes meurent. Rien n’arrive aux hommes », a-t-elle ajouté.
Marija Pejcinovic Buric, secrétaire générale du Conseil de l’Europe, qui compte 47 pays, a qualifié la décision de la Turquie de « dévastatrice ».
« Cette décision est un énorme revers (…) Elle est d’autant plus déplorable qu’elle compromet la protection des femmes en Turquie, en Europe et au-delà », a-t-elle déclaré.
Pour beaucoup de conservateurs en Turquie, notamment au sein de l’AKP d’Erdogan, un parti d’obédience islamiste, cette convention sape au contraire les structures familiales et encourage la violence.
Certains conservateurs sont également hostiles au principe d’égalité entre les sexes de la convention et considèrent qu’elle encourage l’homosexualité.
« La préservation de notre tissu social traditionnel » protégera la dignité des femmes turques, a déclaré le vice-président Fuat Oktay sur Twitter. « Pour atteindre cet objectif suprême, il n’est pas nécessaire de chercher le remède à l’extérieur ou d’imiter les autres. »
HONTE
Paris et Berlin ont dénoncé cette décision, qui pour certains éloigne un peu plus encore la Turquie de l’Europe, bien qu’Ankara soit toujours officiellement candidat à l’adhésion à l’Union européenne.
« La France regrette profondément la décision des autorités turques de se retirer de la convention d’Istanbul du conseil de l’Europe », a déclaré dans un communiqué le ministère français des Affaires étrangères.
« Cette décision va en premier lieu affecter les femmes turques, auxquelles la France exprime toute sa solidarité », ajoute le Quai d’Orsay.
Même tonalité à Berlin, pour qui cette décision envoie un mauvais signal.
« Ni les traditions culturelles, ni les traditions religieuses, ni les autres traditions nationales ne peuvent servir d’excuse pour ignorer la violence contre les femmes », a déclaré le ministère allemand des affaires étrangères.
La Turquie ne tient pas de statistiques officielles sur les féminicides.
Toutefois, selon une organisation les recensant, leur nombre a triplé au cours des dix dernières années.
Depuis le début de l’année, 78 femmes ont été assassinées ou sont mortes dans des circonstances suspectes, selon cette association.
Les données de l’Organisation mondiale de la santé montrent que 38% des femmes en Turquie sont soumises à la violence d’un partenaire au cours de leur vie, contre 25% en Europe.
Pour le maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, qui appartient au principal parti d’opposition, ce retrait de la convention est « douloureux » et ne tient pas compte de la lutte menée par les femmes depuis des années.
« Honte à cette bigoterie, ce patriarcat, cette absence de cœur qui protège les brutes et les meurtriers au lieu des femmes », a réagi l’auteure turque Elif Safak sur Twitter.
Critiqué pour le manque de résultat de son gouvernement en ce domaine, Erdogan a condamné la violence à l’égard des femmes et a déclaré ce mois-ci qu’il s’efforcerait de l’éradiquer.
(Avec la contribution de Mehmet Emin Caliskan; version française Jean-Michel Bélot)
Faites un don maintenant pour nous aider à poursuivre notre mission !
Les chrétiens protestants et évangéliques ont longtemps sous-estimé le pouvoir des médias. Les récentes polémiques concernant des reportages à charge contre les plus grandes églises évangéliques françaises pose la question des intentions des patrons des médias, de ces milliardaires qui ont surinvesti ce champ de bataille idéologique.
Ne perdons pas la bataille idéologique
Les achats de médias par des milliardaires ne sont pas toujours motivés par la rentabilité financière, mais plutôt par des intérêts idéologiques. Ils achètent les médias pour influencer l'opinion publique, mener des batailles culturelles et maintenir leur pouvoir économique et social.Les évangéliques pris pour cible
L’influence grandissante des évangéliques gêne certains patrons des médias qui, disons-le, sont engagés dans des loges ou des sectes pernicieuses. Très puissante aux États-Unis, où de nombreuses personnalités ont renoncé à l'occultisme et à la débauche pour se convertir à la foi évangélique, la percé de cette frange chrétienne de plus en plus présente en France fait trembler le monde des ténèbres.Faire contrepoids
A l'heure actuelle, les chaînes d’info font l’agenda, nourrissent les réseaux sociaux, orientent les débats publics. Le Journal Chrétien et sa chaîne Chrétiens TV veulent aller sur leur terrain en investissant la sphère politique et médiatique pour y proposer une autre hiérarchie de l’information. Il est question de mener la bataille culturelle pour faire contrepoids aux groupes de médias hostiles aux Evangéliques.A quoi serviront vos dons ?
Nous avons l’ambition de développer une plateforme de médias suffisamment compétitive. Vos dons nous permettront de créer des émissions chrétiennes de qualité, de réaliser plus d’investigation, de reportages et d’enquêtes de terrain, d'organiser des débats sur des sujets de société, et de recruter du personnel compétent.Il nous faudra également développer davantage notre présence sur le terrain, produire plus de reportages, investir dans du matériel.
Le Journal Chrétien est un média libre, indépendant, sans publicité, accessible à tous grâce à la fidélité et à la générosité de ses lecteurs.
Votre don (défiscalisable à 66%), petit ou grand, est plus qu’un geste. C’est un acte militant et chrétien !


