Samsung annonce le décès de son président Lee Kun-hee
Lee Kun-hee, président du groupe Samsung, est décédé ce dimanche après un coma qui aura duré environ six ans. Il était le plus grand patron de toute l’histoire de la Corée du sud…
C’est dans la journée du dimanche 25 octobre 2020 que Lee Kun-hee, 78 ans, est décédé après un long coma qui avait débuté depuis 2014, suite à une crise cardiaque. La société a immédiatement réagi suite à cette disparition : « C’est avec grande tristesse que nous annonçons la mort de Lee Kun-hee, président de Samsung Electronics. »
Il faut dire que l’Etat coréen vient de perdre l’un, sinon le plus grand, de tous ses chefs d’entreprise. Le conglomérat qu’il présidait depuis 1987 (ndlr : à la suite de la mort de son père) représente aujourd’hui 23 % du PIB de la Corée du sud ! Cette complexe structure capitalistique est constituée de 89 sociétés qui assurent environ 13 % des exportations de tout le pays. Le groupe Samsung est devenu un Etat dans l’Etat, et il s’est investi dans des domaines aussi variés que le BTP, les assurances et la finance, les énergies renouvelables, la grande distribution, la chimie, l’électronique, la téléphonie mobile, etc.
Pour finalement devenir l’un des géants de l’économie mondiale.
Né en 1942 à Daegu, au sud du pays, Lee Kun-hee était le septième –et troisième fils– d’une famille de huit enfants. Son père, Lee Byung-chul (1910 – 1987), fondateur de Samsung, lui aurait préféré son frère aîné Maeng-hee (1932 – 2015) pour la succession, mais ce dernier avait mal géré un intérim à la tête de Samsung en 1966, faisant dire à son père dans ses Mémoires : « Avant six mois, toute l’entreprise était en plein chaos. »
Lee Kun-hee est donc finalement désigné successeur en 1976, mais c’est 1987 qu’il prendra les rênes de la multinationale, deux semaines avant le décès de son géniteur. Il avait auparavant fait de brillantes études à l’université japonaise de Waseda, puis obtenu un MBA à l’université américaine George Washington. Il intégrera l’entreprise de son père en 1968 alors qu’il était âgé de 36 ans.
Sous sa présidence, l’entreprise connaîtra une véritable révolution. Dès 1993 il réunira tous ses employés pour leur passer un message clair, leur exigeant de modifier toutes leurs vieilles méthodes afin de fabriquer dorénavant des produits de qualité : « Changez tout, sauf votre femme et vos enfants ! »
Il se servira notamment du modèle chinois pour stimuler son personnel, faisant exposer des produits Made in China au sein du siège social pour montrer comment le voisin chinois avait réussi à rattraper son retard. Il a également fait table rase de certains produits fabriqués par son entreprise, et brûlé par exemple 150.000 téléphones portables qu’il considérait comme du bas de gamme.
En tant que dirigeant atypique, Lee Kun-hee vivait reclus dans sa résidence privée de Séoul, et ne sortait que très rarement (on l’a d’ailleurs surnommé « le roi ermite »). Il avait une passion avérée pour l’équitation, pour le cinéma et pour les grosses voitures étrangères.
Il était cependant un visionnaire car avant son infarctus de 2014 qui l’a retiré de la direction effective du groupe, Samsung était le leader mondial de la fabrication de smartphones, ainsi que de puces mémoires.
Ses slogans motivateurs étaient répétés régulièrement à ses employés, car il leur rappelait que « Un génie nourrira 100.000 personnes », ou encore « La majorité de nos produits d’aujourd’hui auront disparu dans dix ans ».
C’est son fils Lee Jae-yong qui dirige de fait l’entreprise depuis 2014, en tant que vice-président. Il est le seul garçon d’une fratrie de quatre enfants, dont la plus jeune s’est suicidée en 2005 aux États-Unis ; parce que son père refusait qu’elle épouse un individu qui est né d’un remariage…
C’est toute une page de l’histoire économique de la Corée qui se tourne avec la disparition de cet industriel de très haut niveau.
Ecclésiaste Deudjui
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