Des huées sous la Tour Eiffel pour un athlète néerlandais condamné pour viol
PARIS (Reuters) – Quelques huées ont retenti dimanche dans le public venu assister à un match de beach-volley en présence du Néerlandais Steven Van de Velde, condamné pour viol par le passé et dont la venue aux Jeux olympiques de Paris scandalise les organisations féministes.
L’athlète a été condamné à quatre ans de prison en 2016 en Grande-Bretagne pour le viol d’une jeune fille de 12 ans commis deux ans plus tôt, alors qu’il était lui-même âgé de 19 ans.
Après avoir purgé une partie de sa peine, il a été transféré aux Pays-Bas, où il pratique le volley-ball de plage depuis 2017.
Le match de qualification qui s’est déroulé dimanche matin au pied de la Tour Eiffel a vu l’équipe néerlandaise s’incliner face aux Italiens.
Dans le public venu assister à la compétition sous un soleil radieux, Mélissa Gautier, une agente de santé de 23 ans, a désapprouvé la présence du joueur anciennement condamné.
« Être un athlète ne devrait pas vous donner un passe-droit », a-t-elle dit à Reuters.
« Ce n’est pas une bonne chose. La justice sportive devrait être plus sévère que la justice civile », a jugé pour sa part Andrea Syslos, un avocat italien de 47 ans qui n’était pas au courant de l’affaire avant le match.
L’architecte allemande Alexandra Bertram, 46 ans, s’est montrée plus magnanime, jugeant que « tout le monde mérite une seconde chance » et rappelant que l’athlète a été autorisé à participer aux Jeux.
Le Comité international olympique s’est déclaré samedi satisfait des explications données par l’équipe olympique néerlandaise sur le cas Steven Van de Velde.
Le porte-parole du CIO, Mark Adams, a fait savoir que la commission n’était pas totalement à l’aise avec la situation tout en mettant en avant le fait que le viol avait été commis « il y a 10 ans » et que des mesures spécifiques avaient été prises concernant cet athlète, qui ne loge pas dans le village olympique et a interdiction de s’exprimer dans les médias.
« QUEL MESSAGE AUX AGRESSEURS ? »
Les organisations féministes françaises ont fait part de leur courroux, jugeant la situation scandaleuse.
« Quel est le message aux victimes ? Les compétences sportives ont plus de valeur que leur dignité, que leurs droits ? », s’est offusquée Aliénor Laurent, co-présidente du collectif féministe français « Osez le féminisme ! »
« Et quel est le message aux agresseurs ? Agresser n’a aucun impact sur votre vie ou votre carrière et vous serez célébré avec des médailles? », a-t-elle dit à Reuters.
Sophie Barre, membre du collectif #Nous Toutes, a dénoncé « l’image offerte au monde entier d’un pédocrinimel qui est là, au même titre que les autres ! »
« On envoie un signal catastrophique : ‘les violences sexuelles c’est pas grave' », a-t-elle dit à Reuters. « Et les autres athlètes, sont-ils d’accord avec l’idée de renvoyer le ballon à quelqu’un qui a violé une enfant de 12 ans ? »
Un coéquipier de Steven van de Velde, Mathew Immers, a dit à Reuters son plaisir de jouer avec lui.
« Le passé est le passé », a dit l’athlète néerlandais après le match. « Il a été puni et maintenant il est vraiment gentil. Pour moi c’est exemple d’un (homme) qui grandit et apprend ».
L’affaire a aussi trouvé un écho en Grande-Bretagne et aux États-Unis.
« Un athlète reconnu coupable d’abus sexuels sur des enfants, quel que soit le pays, ne devrait pas avoir la possibilité de participer aux Jeux Olympiques », a déclaré Julie Ann Rivers-Cochran, directrice exécutive de l’ONG Army of Survivors.
(Reportage Layli Foroudi et Elizabeth Pineau, avec Stephanie Van Den Berg à Amsterdam et David Miliken à Londres; édité par Jean-Stéphane Brosse)
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