Le secteur automobile chinois venu en nombre au salon Automechanika de Francfort
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par Victoria Waldersee
FRANCFORT, Allemagne (Reuters) – Près de 900 fournisseurs automobiles chinois et une poignée de fabricants chinois de véhicules électriques (VE) étaient présents mardi au salon allemand des professionnels de l’industrie automobile, à Francfort, afin notamment de présenter leurs modèles.
La Chine, désireuse d’étendre son empreinte mondiale et de contrer l’érosion de la rentabilité de son marché local, défie l’imminente entrée en vigueur de barrières commerciales européennes.
Les constructeurs automobiles chinois, dont BYD, Geely, Hongqi et GAC International devaient présenter leurs véhicules au salon, appelé Automechanika, qui se concentre normalement sur les fournisseurs.
« Même si certains, en Europe, se retournent contre nous, nous ne nous retournerons jamais contre le marché européen », a déclaré Victor Yang, vice-président senior de Geely, le seul constructeur automobile à organiser une conférence de presse au salon.
Geely, qui selon Victor Yang a vendu environ 200.000 unités en Europe au premier semestre de cette année, devrait se heurter à des droits de douane allant jusqu’à 18,8% sur ses véhicules électriques fabriqués en Chine selon les projets actuels de la Commission européenne, décrits en retour comme « décevants » par l’entreprise chinoise.
« Notre industrie ne peut être plus forte que si nous travaillons ensemble et coopérons », a affirmé Victor Yang.
Le secteur automobile chinois investit massivement dans son expansion à l’étranger, en bénéficiant, d’après l’Europe et l’Amérique du Nord, de subventions jugées injustes. Les deux continents érigent donc des barrières commerciales pour endiguer l’afflux de véhicules électriques fabriqués en Chine.
L’exposition baptisée « EV Expo », qui ouvre ses portes mardi et a été créée en partenariat avec le Conseil chinois pour la promotion du commerce international, constitue un ajout au salon automobile allemand, normalement axé sur les fournisseurs.
« Nous voulons que les véhicules électriques fabriqués par des constructeurs automobiles chinois, qui sont actuellement dans une certaine mesure inconnus, gagnent la confiance de l’industrie », a déclaré Olaf Musshoff, directeur d’Automechanika, lors d’une conférence de presse.
Au cours des sept premiers mois de 2024 en Europe, 17% des ventes de voitures particulières étaient réalisées par des constructeurs chinois, contre 12% au cours de la même période de l’année précédente, selon les données du cabinet de conseil automobile Inovev. Par ailleurs, les exportations de voitures chinoises ont atteint des sommets cette année.
La forte présence de fournisseurs chinois – presque le double du nombre de fournisseurs allemands présents – met en évidence leur rôle croissant dans la chaîne d’approvisionnement mondiale, les constructeurs automobiles chinois planifiant de plus en plus une production locale en Europe et ailleurs pour contourner les taxes douanières.
Une étude de PwC publiée ce mois-ci alerte sur la diminution de la disponibilité des capitaux propres, qui empêche les fournisseurs allemands, entravés par une quête de réduction de leurs coûts, d’investir dans des technologies innovantes.
Selon l’étude, les entreprises chinoises, souvent soutenues par l’État, sont plus susceptibles d’investir dans l’amélioration des batteries et des logiciels et gagnent ainsi des parts de marché sur les entreprises allemandes et japonaises.
La taille et la portée d’Automechanika Frankfurt – avec 4.200 entreprises venues de plus de 170 pays – ont démontré que l’Europe était toujours au cœur de la promotion de l’innovation dans le secteur, a néanmoins estimé Frank Schlehuber de l’association des fournisseurs européens CLEPA.
« Francfort reste le centre de gravité », a-t-il déclaré.
(Reportage Victoria Waldersee ; version française Florence Loève, édité par Kate Entringer)
