Tchad: Le pacte militaire avec la France était « obsolète », justifie Déby
BESOIN DE 5000 PARTENAIRES POUR LA CHAÎNE CHRETIENS TVN’DJAMENA (Reuters) – Le Tchad a rompu son accord de coopération de défense avec la France car il était « obsolète » et ne correspondait plus à ses impératifs sécuritaires et géopolitiques, a déclaré le président Idriss Déby.
Aux prises avec une insurrection djihadiste depuis plus d’une décennie, le Tchad bénéficiait du soutien des troupes françaises et américaines déployées au Sahel.
Les derniers effectifs militaires français pourraient être contraints de quitter le pays après le départ prévu des troupes américaines en avril. La France assurait une présence militaire au Tchad depuis l’indépendance du pays en 1960.
Selon le président Déby, qui s’exprimait pour la première fois publiquement sur le sujet, l’accord avec la France n’apportait plus de valeur ajoutée militaire au Tchad.
« Cet accord a été signé à une autre époque, avec des acteurs distincts de part et d’autre et dans un contexte complètement différent. Avec le temps, cet accord est devenu obsolète », a-t-il expliqué dimanche soir lors d’un discours.
« Cette rupture s’inscrit dans notre volonté de construire une armée tchadienne plus autonome, plus engagée et plus responsable dans la défense de la patrie », a-t-il ajouté.
Il a souligné cependant que le Tchad restait ouvert à la coopération avec tous les partenaires, y compris la France.
« Cette décision n’a pas été prise à la légère », a assuré le président tchadien. « Elle est le résultat d’une réflexion approfondie et d’une évaluation minutieuse. Elle répond à un engagement pris devant le peuple tchadien ».
Ces dernières années, la France a été contrainte de retirer ses soldats du Mali, du Burkina Faso et du Niger à la suite de plusieurs coups d’État militaires en Afrique de l’Ouest et d’un sentiment anti-français croissant.
Ce retrait des troupes occidentales d’Afrique contraste avec l’influence croissante de la Russie sur le continent, notamment avec la présence de mercenaires russes soutenant les gouvernements militaires du Sahel face aux groupes djihadistes.
(Reportage Mahamat Ramadane, rédigé par Bate Felix et Jessica Donati, version française Etienne Breban, édité par Sophie Louet)