sorties du clergé catholique et du président de l’EEC : quelle relation entre Politique et église ?
Suite aux sorties consécutives des autorités religieuses au à la veille des prochaines échéances électorales au Cameroun, une question qui anime la société est quelle est la place de l’église dans la politique ?
À cette question des avis sont mitigés.
Pour l’un « L’Église peut être qualifiée d’« apolitique » dans le sens où elle ne soutient pas de partis politiques spécifiques. Cependant, cela ne signifie pas qu’elle doit s’abstenir de toute influence sur la société.
En effet justifie son assertion en s’inspirant de la Bible lorsqu’il déclare : » La Bible enseigne que l’Église doit respecter les autorités civiles (Romains 13:1-7) tout en maintenant son rôle spirituel. Elle a aussi la responsabilité morale de défendre la justice et les opprimés (Proverbes 31:8-9). Ainsi, l’Église n’est pas tenue de s’engager politiquement, mais elle doit rester active dans les affaires sociales pour promouvoir les principes de justice, de paix et de vérité. »
Même si pour certains l’église est apolitique , pour le regretté mémoire ancien Pasteur président de L’EEC, Professeur Hendje Toya Jean Samuel, l’église doit dénoncer les politiques et a même l’obligation de veiller dans les affaires et actions publiques
« Néanmoins on peut se résumer en affirmant que l’église est apolitique de part sa nature, puisque qu’elle regarde la société des hommes de manière holistique. L’église n’est pas là pour les hommes, mais pour les cœurs, et partant, dénonce là où ça ne va pas pour apaiser les cœurs et apporter l’espoir d’un mieux vivre. D’où les œuvres (hôpitaux, écoles, collèges, universités, centres sociaux etc…). L’église apolitique dénonce les politiques pour donner de l’espoir aux peuples.
L’église apolitique ne se lance pas dans la campagne pour tel ou tel candidat, mais interpelle la société et les gouvernant à travers des dénonciation… » l’église apolitique oui, mais à l’obligation d’engagement dans la vie de la société où elle agit. D’où l’obligation de veille dans les affaires et actions publiques à travers les prises de paroles critiques et dénonciations de la malgouvernance, les détournements, les fraudes électorales, l’injustice sociale, etc… »
Martin LUTHER KING , fondateur du protestantisme par cette citation, de la responsabilité de l’église dans la société.
« l’Église est apolitique » est une grosse absurdité qui n’a aucun sens pour Henri Teko , Auteur de L’Église en crise. Refonder, réformer ou réinventer ? Paris, L’Harmattan, 2025.
« En vérité, plusieurs parlent de l’Église en restant enfermés dans ce qu’elle était au Moyen âge. Il est absurde qu’en 2025, on soutienne la vieille idée obsolète et dépassée de « la religion aux religieux et la politique aux politiciens ». Au fait qu’est-ce la religion aujourd’hui ? Peut-on concevoir la religion en dehors de la politique ? Au vu des investissements des églises dans l’économie, le social, la culture et l’éducation, peut-on continuer à nier que l’Église est de nos jours un partenaire stratégique dans toutes les sociétés où elle est présente ? Peut-on lui refuser le droit de veiller sur ses intérêts en attirant l’attention sur des menaces potentielles qui peuvent fragiliser la stabilité de la société ?
« L’expression l’Église est apolitique est une grosse absurdité qui n’a aucun sens dans notre environnement. Contrairement aux États-Unis et à plusieurs pays de l’Amérique latine où l’implication de l’Église dans la politique est réelle, chez nous, l’Église n’a jamais clairement exprimé son soutien envers un parti politique. Les sorties des évêques catholiques interrogent donc la politique en tant que l’art de gérer la cité, plutôt que la politique dite partisane et politicienne. La sortie du clergé catholique pose le problème de la gouvernance. C’est d’ailleurs tout à fait normal, parce qu’il y va de la sécurité de leurs investissements. Ce seul argument économique suffit à taire tous les bavardages. Surtout ceux venant des dirigeants d’une église dite réformée, qui se bat dans la navigation à vue de la refondation, pendant que les autres églises comprennent progressivement que le principal défi dans un monde de plus en plus sécularisé et soumis à une pluralisation et une diversification du croire, est celui de la réinvention.
L’Église ne peut se réinventer aujourd’hui sans être attentive aux dynamiques qui travaillent les sociétés et dont la connaissance et la maîtrise sont des conditions de sa survie. L’Église ne peut survivre si elle ne prend conscience que ce n’est pas seulement la dimension spirituelle de l’homme qu’elle doit soumettre à l’évangile, mais, l’homme dans sa totalité. »
Pour Un autre auteur, « Une église apolitique est une église ou une communauté religieuse qui choisit de ne pas prendre position ou de ne pas s’impliquer dans les affaires politiques. Cela signifie qu’elle ne soutient aucun parti politique, ne participe pas à des campagnes électorales et n’influence pas les décisions politiques.
Les églises apolitiques peuvent avoir différentes raisons pour adopter cette position. Voici quelques-unes :
1. Neutralité : Elles souhaitent rester neutres et ne pas prendre parti dans les conflits politiques.
2. Focus sur les valeurs spirituelles : Elles donnent la priorité aux valeurs spirituelles et religieuses plutôt qu’aux préoccupations politiques.
3. Respect de la diversité : Elles reconnaissent que les membres de leur communauté ont des opinions politiques diverses et ne veulent pas imposer une position particulière.
Cependant, il est important de noter que certaines églises peuvent choisir de s’engager dans des questions sociales et éthiques qui ont des implications politiques, tout en restant apolitiques au sens où elles ne soutiennent pas de parti politique en particulier. »
Autrement dit, le Révérend professeur Hendje Toya Jean Samuel, in la reconstruction de l’Afrique, une approche dans la perspective de la théologie politique_ p 266, pouvait dire:
« la mission politique primordiale de l’église n’est pas de déterminer pour les gens, la forme de régime politique à instaurer. Sa mission consiste à galvaniser la créativité libératrice des croyants et mobiliser le potentiel et la capacité de construction et d’auto détermination qui somnolent en eux » .
L’argument selon lequel l’Église est foncièrement politique est soutenu par la Bible, qui appelle les croyants à agir pour la justice et la vérité dans la société. Jésus lui-même a dénoncé l’injustice sociale et la corruption religieuse sans s’engager dans la politique partisane. Les apôtres ont également exhorté les chrétiens à prier pour les autorités et à vivre dans la paix, tout en œuvrant pour la justice. Ainsi peut s’exprimer un citoyen en ces termes : « L’Église, bien que spirituelle, doit s’engager activement dans les affaires publiques en dénonçant les injustices et en œuvrant pour une société plus juste, ce qui montre que l’apolitisme est un non-sens. »
Il s’agirait donc de faire la différence entre la politique en tant qu’art de gérer la cité et la politique politicienne ou partisanne.