L’Italie libère un Iranien arrêté à la demande de Washington
ROME (Reuters) -Un homme d’affaires iranien arrêté le mois dernier en Italie à la demande des Etats-Unis a été libéré dimanche et a regagné l’Iran après l’annulation de son arrestation par le ministère italien de la Justice.
Cette libération intervient quatre jours après celle d’une journaliste italienne par Téhéran.
L’agence de presse de l’appareil judiciaire iranien, Mizan, et le ministère iranien des Affaires étrangères ont confirmé que Mohammad Abedini avait regagné l’Iran.
Cet homme d’affaires avait été interpellé le mois dernier à l’aéroport de Milan-Malpensa à la demande de Washington, qui accuse ce dernier d’avoir fourni des pièces de drones utilisés dans une attaque qui a coûté la vie à trois militaires américains en janvier 2024 en Jordanie.
L’Iran a démenti toute implication dans cette attaque et rejeté les accusations selon lesquelles il aurait arrêté dans la foulée la journaliste italienne Cecilia Sala, libérée mercredi de la prison d’Evin de Téhéran et rentrée en Italie, afin de faire pression sur les autorités transalpines.
Selon Mizan, l’arrestation de Mohammad Abedini était le résultat d’un « malentendu ».
D’après une source proche du dossier, il a été libéré dimanche matin après le dépôt par le ministre italien de la Justice, Carlo Nordio, d’une requête en annulation de son arrestation auprès de la Cour d’appel de Milan.
En vertu de la loi italienne, les tribunaux doivent se plier à la requête de leur ministre de tutelle.
Dans un communiqué diffusé par son cabinet, Carlo Nordio a estimé que les conditions légales n’étaient pas réunies pour extrader Mohammad Abedini vers les Etats-Unis car une extradition exige que les délits reprochés soient similaires dans les deux pays concernés.
Or, a-t-il ajouté, la loi fédérale invoquée par Washington, l’International Economic Emergency Powers Act (IEEPA), n’a pas d’équivalent en droit italien et les autres charges de soutien à une organisation terroriste énoncées par les Etats-Unis ne sont pas corroborées par des preuves.
Carlo Nordio a précisé cette semaine que les Etats-Unis n’avaient pas encore déposé de demande formelle d’extradition de l’homme d’affaires iranien.
(Angelo Amante, avec Elwely Elwelly à Dubaï, Jean-Stéphane Brosse pour la version française)