Nucléaire-EDF a connecté l’EPR de Flamanville au réseau d’électricité
PARIS (Reuters) -EDF a connecté samedi le nouveau réacteur nucléaire de type EPR de Flamanville (Manche) au réseau de transport d’électricité français, première opération dite de « couplage » dans le pays depuis la mise en service du réacteur n°2 de la centrale de Civaux (Vienne), en 1999.
« Grand moment pour le pays », s’est réjoui le président Emmanuel Macron sur X.
« L’un des réacteurs nucléaires les plus puissants du monde, l’EPR de Flamanville, vient d’être raccordé au réseau électrique. Réindustrialiser pour produire une énergie bas carbone, c’est l’écologie à la française. Ensemble nous y arrivons. »
Le réacteur atteindra jusqu’à l’été 2025 différents paliers de puissance qui solderont la phase d’essais, à l’issue de laquelle il devrait fonctionner à pleine puissance jusqu’à son premier arrêt programmé pour maintenance et rechargement du combustible, au bout de 18 mois d’exploitation cumulés, prévu majoritairement en 2026.
« Le couplage de l’EPR de Flamanville est un évènement historique pour toute la filière nucléaire. Je tiens à saluer toutes les équipes qui ont su relever les défis rencontrés lors de ce chantier avec la plus grande ténacité, sans jamais faire de compromis sur la sûreté. Flamanville 3 rejoint les trois EPR déjà en fonctionnement dans le monde, en Chine et en Finlande », a déclaré Luc Rémont, PDG d’EDF dans un communiqué du groupe.
L’EPR de Flamanville, d’une capacité de 1,6 gigawatt (GW), devrait produire de l’ordre de 14 térawatts-heure (TWh) jusqu’à son premier arrêt programmé, soit la consommation d’électricité d’environ deux millions de foyers sur un an. Il n’est pas encore pris en compte dans les objectifs de production d’EDF pour 2025 et 2026.
D’ici au fonctionnement à pleine puissance du réacteur, de nouvelles phases d’essais le verront s’arrêter et redémarrer plus d’une dizaine de fois.
« Démarrer un réacteur, c’est comme pour un avion quand on explore son domaine de vol avant de le mettre en service commercial, ce réacteur va devoir explorer tout son domaine de fonctionnement », a déclaré Régis Clément, directeur adjoint de la division Production nucléaire d’EDF, lors d’une conférence de presse téléphonique.
« Les équipes peuvent rencontrer des avaries, des dysfonctionnements, c’est la vraie vie d’un réacteur et, en premier démarrage, (elles en) ont aussi », a-t-il ajouté.
Estimé à trois milliards d’euros lors de son annonce mais plombé par de multiples retards et surcoûts qui ont vu son coût plus que quadrupler pour atteindre quelque 13 milliards, l’EPR de Flamanville a démarré début septembre avec près de 12 ans de retard.
Il a ensuite connu plusieurs arrêts automatiques liés à la complexité des opérations de démarrage, qui ont consisté à mettre en service pour la première fois toute une série de matériels.
Trois autres EPR sont en fonctionnement dans le monde – deux à Taishan (Chine) et un Olkiluoto (Finlande) – et deux unités sont en construction à Hinkley Point, dans le sud-ouest de l’Angleterre, qui connaissent elles aussi des retards et surcoûts.
(Reportage Benjamin Mallet, avec la contribution de Nicolas Delame)