L’Ukraine plombe une nouvelle fois la tendance
Les principales Bourses européennes sont attendues en nette baisse vendredi, les informations sur l’intensification des combats en Ukraine, notamment à proximité de la plus grande centrale nucléaire d’Europe, ayant déclenché un nouveau mouvement d’aversion au risque.
Les contrats à terme sur indices suggèrent une baisse de 1,14% pour le CAC 40 à Paris, de 2,19% pour le Dax à Francfort, de 0,74% pour le FTSE 100 à Londres et de 1,95% pour l’EuroStoxx 50.
Un repli de cette ampleur ramènerait le marché parisien à son niveau de mai 2021. Le CAC 40 a déjà perdu 5,54% depuis le début de la semaine et se dirige vers sa pire performance hebdomadaire depuis octobre 2020 tandis que l’indice large européen Stoxx 600 accuse un repli de 3,57% en quatre séances.
Les marchés asiatiques ont décroché en début de journée après l’annonce d’un incendie dans un bâtiment annexe de la centrale nucléaire ukrainienne de Zaporijjia , la plus grande d’Europe, au cours de violents affrontements entre les troupes russes et ukrainiennes.
Le feu a été éteint par les pompiers ukrainiens et aucune élévation des niveaux de radiation n’a été détectée mais l’armée russe a pris le contrôle de la centrale selon des informations publiées par les autorités régionales sur les réseaux sociaux.
Les premières informations faisant état de tirs à proximité de la centrale avaient accentué la baisse des marchés en Asie tout en faisant monter les cours du pétrole.
« Les marchés sont préoccupés par le risque de répercussions nucléaires. Le risque, c’est qu’il y ait un mauvais calcul ou une réaction exagérée et que la guerre se prolonge », explique Vasu Menon, directeur de la stratégie d’investissement d’OCBC Bank.
Si le conflit en Ukraine continue de dominer l’actualité, les investisseurs étudieront attentivement le rapport mensuel du département du Travail américain à 13h30 GMT, à moins de deux semaines des décisions de la Réserve fédérale.
Le consensus Reuters table sur 400.000 créations d’emplois en février après 467.000 en janvier et sur une poursuite de la hausse des salaires, qui devrait atteindre 5,8% en rythme annuel.
A WALL STREET
La Bourse de New York a fini dans le rouge jeudi, les investisseurs se montrant de plus en plus prudents face à l’envolée des prix des matières premières et à l’évolution toujours préoccupante du conflit en Ukraine, qui ont handicapé les valeurs de croissance.
L’indice Dow Jones a cédé 0,29%, ou 96,69 points, à 33.794,66, le Standard & Poor’s 500 a perdu 26,31 points (-0,60%) à 4.360,23 et le Nasdaq Composite a reculé de 228,1 points (-1,66%) à 13.523,92.
Ce dernier a souffert de la baisse marquée de plusieurs de ses principales capitalisations, comme Tesla, qui a abandonné 4,6%, ou Amazon (-2,7%).
L’indice S&P des valeurs de croissance a fini en baisse de 1,1% alors que celui des actions « value » grappillait 0,1%.
Les contrats à terme sur indices suggèrent pour l’instant un recul d’environ 0,3%.
EN ASIE
À la Bourse de Tokyo, l’indice Nikkei a fini en baisse de 2,23% à 25.985,47 points, au plus bas depuis novembre 2020, et accuse sur l’ensemble de la semaine un repli de 1,86%.
La liquidité et la taille du marché japonais en font un instrument de couverture des risques pour une partie des investisseurs, ce qui amplifie son repli, explique Chihiro Ohta, du département de la recherche et des services aux investisseurs de SMBC Nikko Securities.
En Chine, le SSE Composite de Shanghai a cédé 0,96% et le CSI 300 1,21% avec les tensions géopolitiques et les inquiétudes suscitées par le marché immobilier à la veille de l’ouverture de la session annuelle de l’Assemblée populaire nationale. À Hong Kong, le Hang Seng chute de 2,66%, plombé par les poids lourds de la « tech » chinoise comme Alibaba (-5,12%).
CHANGES/TAUX
Les informations sur les combats autour de la centrale de Zaporijjia ont accentué la baisse de l’euro, qui abandonne encore 0,49% face au dollar à 1,101, au plus bas depuis mai 2020, et se dirige vers sa pire semaine face au dollar depuis neuf mois, avec une baisse de 2,1% pour l’instant.
Le billet vert affiche au contraire une hausse de 0,24% face à un panier de référence et évolue au plus haut depuis juin 2020.
Sur le marché des emprunts d’Etat, le rendement des bons du Trésor à dix ans, qui avait profité ces deux derniers jours des déclarations de Jerome Powell, le président de la Réserve fédérale, repart à la baisse avec le regain d’aversion au risque: il cède quatre points de base à 1,7957%.
Son équivalent allemand est quant à lui redevenu négatif dans les premiers échanges, à -0,004%.
PÉTROLE
Le marché pétrolier bénéficie une nouvelle fois des craintes de ruptures d’approvisionnement liées au conflit en Ukraine mais reste en dessous des plus hauts de plus de sept ans atteints en séance jeudi.
Le Brent gagne 1,21% à 111,80 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) prend 1,47% à 109,25 dollars.
La guerre en Ukraine continue d’occulter l’évocation d’un possible accord imminent sur le nucléaire iranien, qui pourrait favoriser une augmentation de l’offre mondiale. Le prix du baril se dirige ainsi vers sa plus forte hausse hebdomadaire depuis la mi-2020, de plus de 20% pour le WTI et de plus de 16% pour le Brent.
(Rédigé par Marc Angrand, avec Ansuman Daga à Singapour, édité par Blandine Hénault)