Les ministres candidats abattent leurs cartes, remaniement en vue
BESOIN DE 5000 PARTENAIRES POUR LA CHAÎNE CHRETIENS TVDidier Guillaume et Gérald Darmanin peut-être suivis d’Edouard Philippe : plusieurs membres éminents du gouvernement dévoilent ces jours-ci leurs cartes à l’approche des élections municipales de mars, qui déclencheront mécaniquement un remaniement au moins de façade si le scrutin sourit aux ministres candidats.
Le temps presse pour les indécis et les velléitaires, priés par le Premier ministre, Edouard Philippe, de faire connaître leur décision le plus tôt possible.
Dernière déclaration de candidature en date, celle de Gérald Darmanin qui annonce, dans une interview à La Voix du Nord parue mardi, son souhait de revêtir l’écharpe de maire de Tourcoing (Nord) trois ans après avoir renoncé à son mandat local.
Au passage, le ministre des Comptes publics, passé en 2017 du « sarkozysme » déclinant à la « macronie » triomphante, promet de se plier à la règle édictée par le chef de l’Etat, qui interdit de cumuler portefeuille ministériel et mandat de maire.
Autrement dit, il quittera Bercy en cas de victoire.
« Ministre, c’est temporaire. Maire, élu local, c’est l’engagement d’une vie », juge l’ex-maire dans La Voix du Nord.
La situation est tout aussi limpide pour certains de ses collègues, comme les secrétaires d’Etat Marlène Schiappa et Agnès Pannier-Runacher, candidates respectivement dans les XIVe et XVIe arrondissements de Paris sur les listes conduites par Benjamin Griveaux. Marc Fesneau, ministre MoDem des Relations avec le Parlement, est candidat, mais pas tête de liste, dans son fief de Marchenoir (Loir-et-Cher).
D’autres, en revanche, laissent planer le doute ou se donnent encore un temps de réflexion. C’est le cas de Sébastien Lecornu à Vernon (Eure) et de Franck Riester à Coulommiers (Seine-et-Marne), qui n’ont pas encore dit s’ils seraient tête de liste, ou d’Agnès Buzyn à Paris, en pleine réflexion.
La ministre de la Santé a confirmé mardi être « en discussions » avec Benjamin Griveaux, prêt à lui accorder une place de choix, tout en invoquant les dossiers pressants qui s’accumulent sur son bureau – réforme des retraites, malaise à l’hôpital et épidémie de coronavirus.
TERGIVERSATIONS
« Il est hors de question que je me lance dans la moindre campagne si nous devons faire face à une pandémie mondiale, ma priorité sera la santé des Français », a-t-elle tranché lors d’une conférence de presse à Paris.
A en croire un député de Paris, les tergiversations de la ministre s’expliquent aussi par les accrocs dans la campagne de Benjamin Griveaux, contrarié par la candidature dissidente du député-mathématicien Cédric Villani et distancé dans les sondages par la maire socialiste Anne Hidalgo et l’ancienne ministre Les Républicains Rachida Dati.
« Buzyn ne va pas aller s’abîmer dans cette galère d’une guerre fratricide », anticipe cet élu.
Edouard Philippe, maire du Havre de 2010 à 2017, doit également mettre fin, très vite, au suspense qu’il prend soin d’entretenir depuis plus d’un an. Sa réponse tombera vendredi au plus tard selon l’ultimatum qu’il s’est lui-même fixé.
C’est à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) que la situation est la plus alambiquée : deux membres du gouvernement, Didier Guillaume (Agriculture) et Jean-Baptiste Lemoyne (secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères) sont en concurrence frontale, le premier en tête de liste, le second sur une liste rivale.
Didier Guillaume, non membre de LaRem, a fait savoir mardi sur BFM TV qu’il s’en remettait à l’arbitrage d’Emmanuel Macron et d’Edouard Philippe, attendu « dans les heures ou les jours qui viennent ».
Pour Gilles Le Gendre, chef de file des députés LaRem à l’Assemblée nationale, ces candidatures ministérielles ont le mérite de prouver que les fidèles d’Emmanuel Macron ne sont en rien « déconnectés des réalités du terrain ».
« Au contraire, nous ne perdons jamais de vue que nous sommes issus des territoires », juge-t-il.