Gaza: Huit otages libérés contre des détenus palestiniens, tensions entre le Hamas et Israël
par Nidal al-Mughrabi, Emily Rose et Maayan Lubell
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LE CAIRE/JERUSALEM (Reuters) – Le Hamas a libéré jeudi huit otages, trois Israéliens et cinq Thaïlandais, dans le cadre d’un nouvel échange avec Israël qui a manqué d’avorter, Benjamin Netanyahu ayant ordonné de suspendre l’opération après des scènes jugées « choquantes » dans la bande de Gaza.
Les huit captifs ont été relâchés jeudi matin dans l’enclave palestinienne, certains au milieu d’une vaste foule et d’hommes armés dans des circonstances dénoncées par le Premier ministre israélien.
« J’exige que les médiateurs veillent à ce que de telles scènes menaçantes ne se reproduisent plus et garantissent la sécurité de nos otages », a-t-il déclaré sur X.
Ordre a alors été donné de suspendre la libération prévue de 110 palestiniens, dans l’attente de garanties sur la sécurité des otages lors des prochains échanges prévus dans le cadre de l’accord de cessez-le-feu entre Israël et le Hamas entré en vigueur le 19 janvier.
Des bus transportant les prisonniers libérables ont reçu pour instruction de rebrousser chemin, a-t-on appris auprès d’un responsable israélien impliqué dans l’opération.
Satisfaites des garanties données par les médiateurs, les autorités israéliennes ont repris la procédure à 15h00 GMT. Des bus transportant des détenus palestiniens sont ainsi arrivés à Ramallah, en Cisjordanie, dans l’après-midi.
Selon des sources médicales palestiniennes, au moins 14 Palestiniens ont été blessés par des tirs israéliens à Ramallah – balles réelles et balles en caoutchouc – ou ont inhalé des gaz répulsifs utilisés par Tsahal alors qu’ils s’étaient regroupés à l’entrée de Ramallah pour saluer l’arrivée des ex-détenus.
Les prisonniers originaires de Jérusalem-Est ont pu regagner leur domicile, d’autres devaient être transférés à Gaza ou en Egypte.
Jeudi matin, deux otages civils israéliens ont été libérés à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, sur le site de la maison bombardée de l’ex-chef du groupe palestinien Yahya Sinouar, tué par Israël qui le considérait comme le cerveau des attaques du 7 octobre 2023, le Hamas profitant de l’occasion pour se livrer à une démonstration de force avec des dizaines d’hommes en armes.
WITKOFF SUR LA PLACE DES OTAGES
Les ressortissants thaïlandais qui travaillaient dans des kibboutz attaqués ont également recouvré la liberté.
Avant eux, à Djabalia dans le nord de la bande de Gaza, une soldate israélienne, Agam Berger, avait été remise à la Croix-Rouge après avoir salué une foule sur un podium, entourée d’hommes armés et cagoulés.
Le cabinet du Premier ministre Benjamin Netanyahu, vivement critiqué en Israël pour ses efforts jugés insuffisants en faveur de la libération des otages, a diffusé par la suite une vidéo montrant la jeune militaire assise sur les genoux de sa mère, pleurant et souriant.
A Khan Younès, des images diffusées par le Hamas et son allié du Djihad islamique ont montré les deux civils israéliens, Gadi Moses, un octogénaire, et Arbel Yahud, âgée de 29 ans, enlevés lors de l’attaque du kibboutz Nir Oz le 7 octobre 2023, se serrant dans les bras en présence d’hommes en uniforme noir.
Arbel Yahud a ensuite été filmée, apeurée, lors de sa remise mouvementée à la Croix-Rouge, entourée d’une foule de Palestiniens sur le site de la maison bombardée de Yahya Sinouar où ont convergé des dizaines d’hommes en armes.
Il s’agit du troisième échange entre otages israéliens, binationaux ou étrangers et détenus palestiniens. Trois civils et quatre soldates israéliens, ainsi que 290 détenus palestiniens, ont été libérés lors des deux premiers échanges.
Des centaines d’Israéliens se sont rassemblés jeudi dans le centre de Tel Aviv, sur ce qui est devenu la place des Otages, où manifestent depuis des mois les familles des captifs du 7 octobre 2023, pour assister aux libérations sur un écran géant.
Steve Witkoff, l’émissaire du président américain Donald Trump pour le Proche-Orient, s’est rendu sur place où il a été salué par une partie de la foule, qui le crédite d’avoir été l’un des artisans majeurs de l’accord du 19 janvier.
L’accord prévoit que le Hamas libère 33 otages, femmes, enfants, personnes âgées, malades et blessés, au cours d’une première phase de six semaines. Les autorités israéliennes estiment qu’il reste encore 89 otages à Gaza, dont une trentaine seraient morts.
(Jean-Stéphane Brosse et Sophie Louet pour la version française, édité par Blandine Hénault)