Des frappes israéliennes font au moins 77 morts à Gaza depuis l’accord de cessez-le-feu
par Nidal al-Mughrabi et Maayan Lubell
LE CAIRE/JERUSALEM (Reuters) – Des frappes aériennes israéliennes ont fait au moins 77 morts et plus de 200 blessés dans la bande de Gaza depuis l’annonce d’un accord de cessez-le-feu mercredi, ont déclaré les services de secours palestiniens, alors que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu accuse le Hamas de vouloir revenir sur certains points de l’accord avant l’entrée en vigueur de la trêve prévue dimanche.
Les délégations d’Israël et du Hamas présentes au Qatar pour des négociations sur un cessez-le-feu sont convenues mercredi d’un accord devant mettre fin à la guerre qui fait rage depuis quinze mois dans la bande de Gaza, où des dizaines de milliers de Palestiniens ont été tués, et qui a enflammé le Proche-Orient.
Complexe, prévoyant plusieurs phases, l’accord établit un cessez-le-feu initial de six semaines, le retrait progressif des troupes israéliennes de la bande de Gaza, ainsi que la libération d’otages enlevés par le Hamas lors de l’attaque du 7 octobre 2023 en échange de la libération de détenus palestiniens emprisonnés par Israël.
Alors que le Qatar, qui a chapeauté les pourparlers au côté de l’Egypte, a fait savoir que le cessez-le-feu devrait entrer en vigueur dimanche, le porte-parole de la branche militaire du Hamas a affirmé jeudi qu’Israël avait bombardé plus tôt dans la journée un site dans lequel une des otages devant être libérée était retenue. Il n’a fourni aucune preuve et n’a pas précisé ce qu’il était advenu de l’otage.
Israël n’a pas encore approuvé officiellement l’accord de cessez-le-feu et Benjamin Netanyahu, accusant le Hamas de vouloir en rediscuter certains points, a déclaré jeudi qu’il ne réunirait pas son cabinet de sécurité et son gouvernement à cette fin tant qu’il n’aura pas obtenu des garanties écrites.
« Le Hamas renie des parties de l’accord conclu avec les médiateurs et Israël pour essayer d’extorquer des concessions de dernière minute », a-t-il affirmé dans un communiqué.
« Le cabinet israélien ne se réunira pas tant que les médiateurs n’auront pas notifié à Israël que le Hamas a accepté tous les éléments de l’accord », a ajouté Benjamin Netanyahu.
LES « FAUCONS » ISRAÉLIENS VEULENT FAIRE CAPOTER L’ACCORD
Le Hamas a rejeté cette accusation. Le mouvement a accepté l’accord de cessez-le-feu présenté mercredi par les médiateurs, a assuré l’un de ses dirigeants, Izzat el Rechik.
L’impact des déclarations de Benjamin Netanyahu sur le calendrier d’entrée en vigueur de la trêve est encore difficile à évaluer.
La Maison blanche a tenu à dédramatiser la situation. « Nous nous attendons à ce que l’accord soit appliqué tel qu’il a été décrit hier par le président (Joe Biden) et les médiateurs, et selon le calendrier prévu. Nous travaillons désormais sur les détails de la mise en oeuvre », a déclaré Jonathan Finer, conseiller à la sécurité nationale adjoint, sur CNN.
Ces nouvelles tergiversations israéliennes interviennent alors que les ministres les plus extrémistes de la coalition gouvernementale de Benjamin Netanyahu espèrent encore faire capoter l’accord.
Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, a ainsi déclaré que son parti ne resterait au gouvernement que si Israël reprend les combats jusqu’à ce que le Hamas soit détruit. Le ministre de l’Intérieur, Itamar Ben-Gvir, a également menacé de quitter le gouvernement si le cessez-le-feu est approuvé.
Alors que la population célébrait l’accord à Gaza et en Israël, où les familles des otages attendent leur retour depuis plus de 15 mois, l’armée israélienne a intensifié ses attaques dans la nuit, ont indiqué le service d’urgence civile et des habitants.
Les frappes se sont poursuivies tôt jeudi et ont détruit plusieurs bâtiments à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, à Nousseirat, dans le centre, et dans le Nord de l’enclave, ont déclaré des habitants.
Les bombardements israéliens ont fait au moins 81 morts au cours des dernières 24 heures, dont 77 depuis l’annonce de l’accord de cessez-le-feu, selon les services de secours de Gaza.
L’armée israélienne n’a fait aucun commentaire. Elle a en revanche déclaré qu’une roquette avait été tirée jeudi depuis Gaza en direction d’Israël, sans faire de victimes.
(Nidal al-Mughrabi au Caire et Maayan Lubell à Jérusalem, rédigé par Cynthia Osterman et Michael Georgy ; version française Jean Terzian, Kate Entringer et Tangi Salaün, édité par Kate Entringer)