Cardinal Philippe Barbarin: « Je n’arrive pas bien à voir ce qui fait que je serai coupable »
Le cardinal Philippe Barbarin comparaissait jeudi de nouveau devant la justice pour un procès en appel après sa condamnation à six mois de prison avec sursis le 7 mars dernier pour « non-dénonciation d’agressions sexuelles sur mineurs ».
« Je n’arrive pas bien à voir ce qui fait que je serai coupable », a déclaré le cardinal Philippe Barbarin. L’archevêque de Lyon, 69 ans, a été jugé coupable d’avoir gardé le silence sur les agressions sexuelles commises sur de jeunes scouts, entre les années 1980 et 1990, par un prêtre du diocèse, le père Bernard Preynat, qui a été destitué par l’Eglise en juillet dernier et doit être jugé début 2020.
L’affaire a provoqué un véritable séisme au sein de l’Eglise catholique, confrontée à plusieurs affaires de pédophilie.
Le cardinal Barbarin, qui s’est mis en retrait de ses fonctions depuis sa condamnation, comparaissait seul jeudi devant la cour d’appel de Lyon. Ses six co-prévenus en première instance, cadres de l’église à divers niveaux, avaient tous été relaxés.
Le président Eric Seguy a très longuement retracé l’historique du « dossier » Preynat, dont le cas était remonté jusqu’à Rome fin 2014. Il a également détaillé l’action des nombreuses victimes qui ont déclenché les poursuites judiciaires.
Interrogé sur les raisons de son appel, le cardinal Barbarin a expliqué « vouloir exercer le droit que donne la justice française ».
« Je n’arrive pas bien à voir ce qui fait que je serai coupable », a déclaré le primat des Gaules.
Il a assuré n’avoir été informé des agissements du père Preynat qu’à partir de 2010 et a redit avoir encouragé Alexandre Hezez, le premier plaignant, à rechercher d’autres victimes afin de permettre une procédure judiciaire sur des faits non prescrits.
Le tribunal correctionnel de Lyon avait considéré que le cardinal, alerté par ses fidèles des agissements du prélat, avait « en conscience » choisi de « préserver l’institution ». L’archevêque de Lyon entend convaincre la justice des hommes du contraire.
Ses avocats plaideront la relaxe en invoquant la notion de « secret ecclésiastique », c’est-à-dire la liberté pour une homme d’Eglise de révéler, ou pas, la teneur d’une confidence.
La question de la prescription des faits, ainsi que celle du délit de non-dénonciation, seront également au cœur des débats.
Les parties civiles attendent pour leur part que la condamnation de première instance soit confirmée, et se disent prêtes à aller en cassation si nécessaire.
« On attend une juste application de la loi française », souligne François Devaux, président de l’association « La Parole libérée », fondée par des victimes du père Preynat. « On ne voit pas aujourd’hui pourquoi la décision de première instance serait déjugée ».
(Edité par Sophie Louet)
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