Allemagne: Le patron de la CDU estime que le frein à la dette peut être réformé
BERLIN (Reuters) – Le chef de file du parti chrétien-démocrate allemand (CDU) s’est dit mercredi ouvert, dans certaines circonstances, à une réforme de la disposition constitutionnelle limitant le déficit public à 0,35% du produit intérieur brut (PIB), un débat qui a joué un rôle clé dans l’éclatement de la coalition gouvernementale la semaine dernière.
Friedrich Merz, qui est en tête des sondages pour devenir le prochain chancelier allemand, avait auparavant soutenu que le pays devrait s’en tenir au frein à l’endettement inscrit dans sa Constitution, introduit par son parti en 2009 sous le mandat d’Angela Merkel.
Le débat sur une réforme des règles budgétaires a été rouvert au sein de la CDU cette année par Kai Wegner, le maire conservateur de Berlin.
Plusieurs hauts responsables de la CDU issus d’autres gouvernements régionaux soutiennent par ailleurs une éventuelle réforme des règles, les Länder étant plus contraints que le gouvernement fédéral et n’ayant pas de marge de manoeuvre structurelle pour contracter de nouvelles dettes.
« Bien sûr que l’on peut réformer le système », a déclaré Friedrich Merz lors d’un événement organisé mercredi. « La question est de savoir pourquoi ? Dans quel but ? Quel sera le résultat d’une telle réforme ? »
Friedrich Merz a précisé qu’il ne serait pas ouvert à une réforme visant à augmenter les dépenses de consommation ou les politiques sociales. Toutefois, si des emprunts supplémentaires étaient destinés à stimuler l’investissement « alors la réponse pourrait être différente », a-t-il dit.
La suspension du frein constitutionnel à l’endettement a été l’une des principales raisons de la dissolution de la coalition au pouvoir en Allemagne, ce qui a ouvert la voie à de nouvelles élections qui pourraient se tenir le 23 février 2025, selon plusieurs sources.
Christian Lindner, chef de file du Parti libéral-démocrate (FDP), qui vient d’être limogé de son poste de ministre des Finances par le chancelier, a déclaré qu’Olaf Scholz avait tenté de le forcer à suspendre le frein à l’endettement.
Suspendre cette disposition en cas d’urgence, en invoquant des circonstances particulières, est possible avec une majorité gouvernementale, mais une réforme nécessiterait une majorité des deux tiers des chambres du Parlement allemand.
Berlin a rétabli le frein à l’endettement en 2024 après quatre ans de suspension permettant des dépenses supplémentaires en raison de la pandémie de COVID-19 et de la crise énergétique consécutive à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Les marchés parient déjà sur une hausse des émissions de dette allemandes, estimant qu’un nouveau gouvernement pourrait être positif pour l’économie européenne si les dépenses publiques sont plus importantes.
(Reportage Andreas Rinke et Maria Martinez, version française Diana Mandiá, édité par Augustin Turpin)
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