A Paris, Zelensky a demandé à Trump des garanties pour la sécurité de l’Ukraine
par John Irish et Tom Balmforth
PARIS/LONDRES (Reuters) – Lors de sa première rencontre avec Donald Trump depuis sa réélection, le président ukrainien Volodimir Zelensky a évoqué les garanties de sécurité à ses yeux indispensables à une fin négociée de la guerre avec la Russie, selon deux sources proches des discussions qui se sont tenues samedi à Paris.
Le chef de l’Etat français, Emmanuel Macron, était l’hôte de cette rencontre qui a vu le dirigeant ukrainien tenter de nouer une relation avec le futur locataire de la Maison blanche, dont la promesse de mettre hâtivement fin au conflit suscite l’inquiétude de Kyiv quant à un possible avantage donné aux exigences de Moscou.
Reuters s’est entretenu avec cinq personnes informées du contenu de cette rencontre organisée à l’Elysée avant la cérémonie de réouverture au culte de la cathédrale Notre-Dame de Paris, incendiée il y a cinq ans.
Pendant 35 minutes, sans conseillers, les trois hommes ne sont pas entrés dans les détails mais Donald Trump a réitéré son souhait de favoriser un cessez-le-feu immédiat et des négociations pour mettre fin rapidement à la guerre, ont rapporté quatre sources.
Donald Trump s’est comporté de manière amicale, respectueuse et ouverte et semblait être à l’écoute de ses interlocuteurs, a déclaré l’une des sources.
L’entourage du président américain élu n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaire de Reuters sur le contenu de cet article.
Ni Donald Trump ni les membres de son entourage chargés de ce dossier n’ont précisé comment ils envisageaient de mettre fin à la guerre, aggravant le tourment des Ukrainiens inquiets des avancées russes dans la région orientale du Donbass et des attaques de drones sur des villes éloignées des lignes de front.
« Certains points-clés ont été évoqués lors de la réunion – par exemple, il a été dit que la paix a besoin de garanties car un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas, Poutine pouvant le rompre, comme il l’a déjà fait, sans garanties appropriées », a déclaré une source au sein du bureau du président ukrainien.
A la question de savoir comment cette déclaration avait été accueillie, la source a répondu, en faisant référence à Donald Trump : « Il réfléchit à tous les détails ».
Kyiv a fait pression sur l’administration américaine sortante de Joe Biden pour qu’elle l’invite à rejoindre l’Otan, après avoir longtemps mis en avant son besoin de garanties de sécurité pour empêcher toute nouvelle tentative d’invasion russe.
Volodimir Zelensky a récemment reconnu qu’une fin diplomatique à la guerre sauverait des vies, mettant en sourdine ses précédentes exigences quant à un retrait des forces de Moscou de tous les territoires ukrainiens.
RELATIONS PERSONNELLES
Des proches de Donald Trump ont insisté sur l’importance pour lui d’établir des relations personnelles, essentielles à sa diplomatie, ajoutant que le président américain déciderait, in fine, de la marche à suivre.
Les images du cordial entretien de Paris contrastent avec les propos de Donald Trump durant sa campagne électorale, qui l’a notamment vu qualifier le président urkainien de « plus grand vendeur sur Terre » pour avoir sollicité et obtenu des milliards de dollars d’aide militaire américaine.
Si Emmanuel Macron et Volodimir Zelensky étaient sur la même longueur d’onde lors de la réunion de Paris, ils ont pris soin de ne pas donner l’impression de faire pression sur Donald Trump, a déclaré un responsable.
Au fil de ses sept années au pouvoir, Emmanuel Macron s’est efforcé de développer des relations personnelles avec des dirigeants pour nourrir les efforts diplomatiques dans ce dossier. Volodimir Zelensky a quant à lui encouragé des synergies tout en soulignant l’importance cruciale pour Kyiv du soutien américain.
Aux yeux du président ukrainien, Vladimir Poutine ne craint que Donald Trump et peut-être la Chine sur la scène internationale, et toute paix durable nécessite une partie américaine « vraiment forte ».
Donald Trump accuse régulièrement les pays européens de ne pas faire leur part pour assurer la sécurité du continent.
« Trump a souligné son ambition de partager les responsabilités avec les Européens », a déclaré une source diplomatique française.
Emmanuel Macron a profité de la réunion pour faire valoir que les Européens ont beaucoup fait pour soutenir l’Ukraine et qu’ils étaient disposés à partager le fardeau de la sécurité de manière plus équitable avec les États-Unis, ont déclaré deux sources.
Le président français rendra compte de cet entretien aux dirigeants polonais lors d’une visite à Varsovie jeudi.
Selon un autre responsable, Emmanuel Macron et Volodimir Zelensky ont expliqué à Donald Trump que le Vladimir Poutine de 2024 n’était pas le même que celui de 2017, lorsque le président réélu était aux responsabilités à la Maison blanche.
Cette même source ajoute que la chute du président syrien Bachar al Assad et le revers infligé à son allié russe changent le rapport de forces en défaveur de Moscou, ce qui pourrait changer la donne dans les futurs efforts de paix.
(Reportage John Irish à Paris et Tom Balmforth à Londres, avec Elizabeth Pineau à Paris et Gram Slattery à Washington, édité par Kate Entringer)
Faites un don au Journal Chrétien avant le 31 décembre et bénéficiez de 66% de déduction fiscale