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USA 2024: Une campagne électorale émaillée de violences politiques

par Peter Eisler et Ned Parker

WASHINGTON/NEW YORK (Reuters) – Un groupe de personnes se rassemblant pour un événement de campagne de la vice-présidente démocrate Kamala Harris, à York dans l’Etat de Pennsylvanie, est accosté par un homme. Ce dernier donne un coup de poing à un autre homme, septuagénaire, et adresse une insulte à caractère raciste à un troisième homme, avant de s’enfuir.

Dans le nord du Michigan, un autre des sept Etats considérés comme décisifs pour l’élection présidentielle américaine du 5 novembre, un jeune homme détestant Donald Trump fonce avec un quad en direction d’un homme de 81 ans qui remettait en place une pancarte de soutien à l’ancien président républicain, préalablement vandalisée par l’assaillant.

Survenues récemment, ces attaques font partie d’au moins 300 affaires de violences politiques recensées par Reuters depuis l’assaut du Capitole de Washington, le 6 janvier 2021, quand des partisans de Donald Trump ont cherché à empêcher le Congrès de certifier la victoire électorale du démocrate Joe Biden. Plus d’une cinquantaine de ces incidents sont survenus cette année.

Cette vague de violences politiques est d’une ampleur et d’une longévité sans précédent aux Etats-Unis depuis les années 1970, avec des incidents très remarqués, comme les deux tentatives d’assassinat contre Donald Trump et des fusillades ayant ciblé ces dernières semaines les bureaux de campagne de la vice-présidente démocrate Kamala Harris dans l’Arizona.

Reuters a également documenté un éventail d’incidents liés à des questions politiques litigieuses – fraude électorale, droits LGBTQ+, conflit israélo-palestinien… -, allant de petites bagarres à propos d’affichages politiques à de violentes rixes et la destruction de biens lors de meetings de campagne.

RÉCURRENTES DEPUIS 2016

Pour la plupart, les cas de violence survenus cette année n’ont pas été mortels, à l’exception de la tentative d’assassinat contre Donald Trump lors d’un meeting en Pennsylvanie en juillet lors de laquelle un spectateur a été tué, de même que l’assaillant.

Après avoir émergé en 2016, à peu près au même moment que la première campagne présidentielle de Donald Trump, les violences politiques sont devenues constantes. En 2021, hormis l’assaut contre le Capitole, plus de 90 cas de violences politiques ont été signalés, puis 79 en 2022 et 76 l’an dernier.

Des experts en extrémisme politique ont prévenu que l’atmosphère tendue autour de l’élection de cette année a créé une situation hautement volatile. Sont mis en avant des commentaires incendiaires de Donald Trump, qui a menacé de procès ses ennemis politiques et de déployer l’armée face à ce qu’il décrit comme l' »ennemi de l’intérieur » – la « gauche radicale ».

Les Américains commencent à considérer la violence comme « faisant partie du déroulement de la politique », a déclaré Nealin Parker, directrice de Common Ground USA, une association étudiant des moyens de combler les divergences politiques et culturelles aux Etats-Unis.

Dans le climat actuel de défiance, a-t-elle ajouté, « les faits de violence peuvent se métastaser en quelque chose de plus large ».

Robert Pape, professeur à l’université de Chicago qui étudie la violence politique, a exprimé sa préoccupation face à la perspective que des troubles post-électoraux surviennent dans les sept Etats décisifs pour le scrutin, où l’écart entre les deux candidats pourrait s’élever à seulement quelques milliers de suffrages.

Il a dressé un parallèle avec la « saison des incendies », quand une large quantité de « matière combustible sèche » peut alimenter des feux soudains.

« JE ME PRÉPARE À LA GUERRE »

Donald Trump, qui n’a pas admis avoir perdu le scrutin de 2020, a refusé d’exclure l’hypothèse de violences s’il perd l’élection du 5 novembre. En avril dernier, à la question de savoir s’il s’attendait à des troubles après le vote, l’ancien président républicain a répondu au magazine Time: « Si nous ne gagnons pas, ça dépend ». Il répète à ses partisans que toute défaite cette année pourrait seulement résulter d’une fraude.

Aucun commentaire n’a été obtenu auprès de l’équipe de campagne de Harris.

Sollicitée pour un commentaire à propos de la constance des violences politiques et des attaques survenues contre des partisans des deux camps, l’équipe de campagne de Trump a transmis un communiqué attaquant Kamala Harris sur l’immigration et la réforme de la justice pénale.

Le fait le plus marquant survenu depuis le début de la campagne 2024 est la première tentative d’assassinat contre Donald Trump, le 13 juillet. D’après les enquêteurs fédéraux, l’assaillant, Thomas Crooks, n’avait « pas d’idéologie arrêtée ».

Par la suite, les forces de l’ordre ont été placées en état d’alerte pour de possibles faits de violence menés en représailles par des partisans du candidat républicain.

Certains incidents préoccupants sont survenus: un homme résidant en Floride a dit à son épouse qu’il se « préparait à la guerre » et a quitté leur domicile en emportant plusieurs armes à feu, selon des rapports de police. Il a été retrouvé dans un parc alors qu’il enterrait un stock de balles de fusil.

La colère ne s’est toutefois pas limitée aux partisans de Donald Trump.

« CONTRIBUTION » ANTI-TRUMP

Au soir même de la tentative d’assassinat contre Donald Trump, Joshua Kemppainen, habitant du nord du Michigan ouvertement détracteur de l’ancien président républicain, a exprimé auprès d’amis sa rage que le tireur ait manqué sa cible. Ces messages, envoyés dans un groupe privé de l’application Discord, ont été transmis à Reuters par l’un des membres.

Joshua Kemppainen, âgé de 22 ans et sans emploi, a commis huit jours plus tard une série d’actes de vandalisme à Hancock, ville de 4.500 habitants dont les électeurs ont majoritairement voté pour Donald Trump en 2020, a déclaré la cheffe de la police locale, Tami Sleeman, dans un entretien.

A cette date, jour où le président démocrate Joe Biden a annoncé mettre fin à sa campagne de réélection et soutenir sa vice-présidente Kamala Harris, Joshua Kemppainen a arpenté les rues de la ville à bord d’un véhicule tout-terrain et ciblé des partisans de Donald Trump, a-t-elle ajouté.

Dans une vidéo de l’une de ses attaques, qu’il a publiée sur Discord, le jeune homme dit « apporter (sa) contribution » en s’attaquant à une pancarte de soutien à Donald Trump. Quand un spectateur de la scène, Carl Nelson, 81 ans, a remis la pancarte en état, Joshua Kemppainen a foncé dans sa direction avec son quad, avant de prendre la fuite. Nelson, vétéran de la guerre du Vietnam, a été hospitalisé.

Joshua Kemppainen a contacté la police le lendemain pour se rendre, selon un document consulté par Reuters. Quand le message vocal a été entendu par un officier, deux heures plus tard, les policiers se sont inquiétés car le jeune homme semblait déséquilibré, a déclaré Tami Sleeman. D’après le rapport de police, il s’est donné la mort avec un fusil d’assaut.

ATTAQUE CONTRE DES DÉMOCRATES

Moins de deux mois plus tard, le 15 septembre, une deuxième tentative d’assassinat contre Donald Trump a remis en lumière les risques de violence politique. Le suspect, Ryan Routh, patientait depuis des heures avec un fusil d’assaut à proximité du domaine de golf de Trump, à Palm Beach en Floride, quand un agent du Secret service l’a aperçu dans les buissons et a fait feu en sa direction. Routh a pris la fuite, avant d’être rapidement retrouvé par les forces de l’ordre.

Onze jours après, à York en Pennsylvanie, un Etat à l’importance jugée considérable dans la course à la Maison blanche, un conseiller municipal de 74 ans, Alan Vandersloot, prenait part à un meeting de campagne de Kamala Harris avec un groupe d’une dizaine de personnes, pancartes à la main.

Alors que le rassemblement prenait fin, a-t-il raconté à Reuters, un individu l’a attrapé par-derrière et jeté au sol, le blessant au front. Deux témoins ont déclaré lors d’entretiens que l’assaillant, Robert Trotta, a frappé Alan Vandersloot à plusieurs reprises alors que celui-ci se trouvait au sol et a ensuite pris la fuite.

Robert Trotta est un adhérent du Parti républicain, dont les publications sur les réseaux sociaux – datant de 2020 au plus tard – montrent son soutien à Donald Trump et des critiques contre les démocrates.

Un porte-parole de la police locale a dit penser que cet incident n’avait pas de motivation politique, Robert Trotta ayant par le passé plaidé coupable pour deux faits d’agression aléatoire. Aucune déclaration d’Alan Vandersloot, qui assure penser qu’il s’agit d’un cas de violence politique, ne figure dans le rapport de police.

LE CONFLIT À GAZA ALIMENTE LES TENSIONS

Parmi les incidents recensés par Reuters, certains ne s’inscrivent pas dans le cadre des luttes partisanes traditionnelles, comme ceux liés, par exemple, à la guerre dans la bande de Gaza.

Caleb Gannon, détracteur du soutien apporté par Washington à l’offensive israélienne dans l’enclave palestinienne, a interpellé des participants à une marche de soutien à Israël organisée à Newton, dans le Massachusetts.

Des vidéos filmées par des smartphones montrent Caleb Gannon, 31 ans, crier « vous soutenez un génocide » puis se précipiter vers la foule et être aux prises avec un autre homme, Scott Hayes, fervent partisan d’Israël. Ce dernier a fait feu contre Gannon, le blessant grièvement à l’abdomen.

Scott Hayes, 47 ans, vétéran de la guerre d’Irak, avait publié plus tôt cette année sur les réseaux sociaux une photo le montrant avec une arme à feu et un pendentif de l’étoile de David, accompagnée de la légende: « Les haineux des Juifs, ramenez-vous. » Il attend d’être jugé, après avoir plaidé non-coupable d’agression avec une arme dangereuse.

D’autres incidents survenus ces derniers mois sont plus directement en lien avec l’élection présidentielle.

Le 26 septembre, dans le Michigan, un homme a été arrêté pour avoir agressé une employée de la poste qui avait apporté un tract de la campagne Harris. D’après le compte-rendu des autorités, Russell Valleau, 61 ans, s’est approché à vélo de l’employée alors que celle-ci se trouvait dans son camion et lui a dit ne pas vouloir d’une « salope noire dans (sa) boîte aux lettres ».

Quand l’employée, afro-américaine, a demandé à l’homme de reculer, ce dernier l’a insultée et s’est jeté sur elle avec un couteau, selon le témoignage de la victime auprès de la police de Farmington Hills. Elle a dit être parvenue à le repousser grâce à un spray anti-agression.

(Peter Eisler à Washington et Ned Parker à New York; version française Jean Terzian, édité par Kate Entringer)

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