Une « interférence externe » à l’origine du crash d’Azerbaïdjan Airlines, selon la compagnie
MOSCOU (Reuters) – Le crash meurtrier de l’appareil d’Azerbaïdjan Airlines survenu mercredi au Kazakhstan est dû « à une interférence physique et technique externe » selon les premières conclusions de l’enquête, a déclaré vendredi la compagnie aérienne, sans plus de détails.
L’Embraer qui assurait la liaison entre Bakou et Grozny, en Tchétchénie, s’est écrasé près de la ville d’Aktau. L’accident a fait 38 morts sur les 62 passagers et cinq membres d’équipage qui se trouvaient à bord.
L’avion avait auparavant changé soudainement de trajectoire alors qu’il survolait le sud de la Russie où les systèmes de défense aérienne de Moscou ont régulièrement été mis à contribution ces derniers mois par des attaques de drones à longue portée ukrainiens.
Le vol J2-8243 a de fait traversé la mer Caspienne avant de s’écraser dans une zone à l’opposé de sa route initiale.
Quatre sources azerbaïdjanaises au fait de l’enquête ont affirmé jeudi que l’appareil avait été abattu par erreur par un missile russe.
Selon l’une des sources, l’avion a été touché par un tir de Pantsir-S, un système de défense antiaérienne russe, et ses communications ont été « gelées » par le réseau de brouillage électronique de l’armée russe alors qu’il était en approche de Grozny.
Interrogé vendredi sur ces accusations, le Kremlin a déclaré que des investigations étaient en cours et qu’il n’avait rien à ajouter.
Les républiques russes du Daguestan et de Tchétchénie ont été la cible d’attaques de drones ukrainiens ces derniers mois, qui ont entraîné des ripostes de la défense anti-aérienne russe, selon Osprey Flight Solutions, société britannique spécialisée dans la sécurité aérienne.
DES DÉTONATIONS
L’agence de l’aviation civile russe (Rosaviatsia), citée par l’agence TASS, a déclaré vendredi que le pilote s’était dérouté après deux tentatives d’atterrissage infructueuses à Grozny, en raison d’un épais brouillard et d’une alerte aux drones ukrainiens « terroristes ».
Le commandant de l’appareil, précise l’agence, s’est vu proposer plusieurs autres aéroports pour atterrir mais il a opté pour Aktau.
Un rescapé hospitalisé, Soubhonkoul Rakhimov, a déclaré à Reuters avoir entendu au moins une grosse détonation alors que l’appareil était en approche de Grozny.
« J’ai cru que l’appareil allait éclater en morceaux », a-t-il raconté, précisant avoir commencé à prier dans la crainte d’une issue funeste. Après la détonation, l’appareil a eu une conduite erratique. « Il est évident qu’il avait subi un dommage », a-t-il dit.
Une passagère, Vafa Chabanova, rapporte pour sa part à Reuters avoir entendu deux détonations. Une hôtesse lui a alors dit de se diriger vers l’arrière de l’appareil.
Selon les deux rescapés, il y a eu un problème de dépressurisation dans la cabine après la détonation.
D’après un autre témoignage, celui d’un steward, Zoulfougar Assadov, le pilote évoluait en cercle au-dessus de Grozny – après qu’on lui eut refusé l’atterrissage en raison du brouillard – quand des détonations ont retenti à l’extérieur de la carlingue. Il dit avoir entendu « trois détonations », dont une à hauteur de l’aile gauche.
« Le commandant nous a dit qu’on lui avait recommandé un amerrissage mais il a décidé de faire route vers Aktau pour poser l’avion sur la terre ferme », témoigne le steward. « Il nous a prévenus que l’atterrissage serait brutal, nous a demandé de nous tenir prêts et de préparer les passagers. »
Des images vidéo du site du crash diffusées sur les réseaux sociaux et vérifiées par Reuters laissent apparaître des éclats de missile sur la queue de l’appareil.
Azerbaïdjan Airlines a annoncé vendredi la suspension de ses vols vers sept villes russes, rapportent les agences de presse russes. Elle continuera à assurer des vols vers six destinations en Russie, dont Moscou et Saint-Pétersbourg, selon Interfax.
(Reportage Reuters et Gleb Stolaryov à Tbilissi; version française Kate Entringer et Sophie Louet, édité par Jean-Stéphane Brosse et Tangi Salaün)