Ukraine: Moscou accuse Washington d’attiser encore les tensions
KIEV/BRUXELLES (Reuters) – La Russie a accusé jeudi les Etats-Unis d’enflammer une situation déjà très tendue autour du dossier ukrainien en annonçant l’envoi de 3.000 soldats supplémentaires en Europe de l’Est, alors que les efforts diplomatiques se poursuivent dans l’espoir d’enclencher une désescalade.
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L’Otan a dit quant à elle observer d’importants mouvements de troupes russes depuis plusieurs jours en Biélorussie, où elle s’attend à voir jusqu’à 30.000 hommes pour des manoeuvres prévues au cours du mois.
Selon le ministre ukrainien de la Défense, Moscou a désormais 115.000 soldats massés près de l’Ukraine.
La Russie dément toute intention d’envahir le territoire de sa voisine, dont elle a annexé la péninsule de Crimée en 2014, mais réclame de la part des Occidentaux des garanties sur sa sécurité, dont l’arrêt de toute expansion de l’Otan vers l’Est, exigence rejetée par les Etats-Unis et l’Alliance atlantique.
Mercredi, Washington a voulu adresser un « signal fort » de soutien à ses alliés en annonçant le prochain déploiement de 3.000 soldats supplémentaires en Roumanie, Pologne et Allemagne.
« Il est évident que ce ne sont pas des mesures destinées à faire baisser les tensions mais ce sont au contraire des actions qui ne peuvent que les accentuer », a réagi jeudi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, lors d’une conférence téléphonique avec des journalistes.
« Nous appelons constamment nos interlocuteurs américains à cesser d’aggraver les tensions sur le continent européen. Malheureusement, les Américains continuent », a-t-il ajouté.
Les Etats-Unis et l’Otan ont refusé d’accéder aux principales exigences de Moscou sur l’élargissement et le renforcement de l’Alliance atlantique en Europe de l’Est, tout en exprimant la volonté de négocier sur le contrôle des armements et de chercher à établir des mesures de confiance.
Vladimir Poutine a reproché mardi aux Occidentaux d’ignorer les préoccupations sécuritaires de Moscou et de mettre volontairement sur pied un scénario destiné à entraîner la Russie dans une guerre.
LE MINISTRE RUSSE DE LA DÉFENSE EN BIÉLORUSSIE
Côté occidental, la force présence militaire russe en Biélorussie, pour des exercices militaires conjoints programmés jusqu’au 20 février, ajoute encore aux préoccupations.
Selon le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, la Russie a procédé ces derniers jours à d’importants transferts de soldats et d’équipement vers la Biélorussie.
« Il s’agit du plus grand déploiement militaire russe dans ce pays depuis la fin de la guerre froide, avec 30.000 troupes de combat attendues », a-t-il dit à des journalistes à Bruxelles.
Moscou déploie des forces spéciales (« Spetsnaz »), des avions de chasse SU-35, des missiles Iskander à double capacité – conventionnelle et nucléaire – et des systèmes de défense aérienne S-400, a-t-il ajouté.
La Russie décrit ses manoeuvres avec la Biélorussie comme un exercice purement défensif visant à repousser une quelconque agression extérieure et refuse de dévoiler le nombre de ses militaires impliqués, tout en assurant qu’ils se retireront une fois les manoeuvres achevées.
Le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, est arrivé jeudi en Biélorussie pour inspecter les troupes engagées, a rapporté l’agence de presse Interfax.
Le président turc Tayyip Erdogan s’est quant à lui rendu à Kiev où il devrait signer avec l’Ukraine un accord cadre pour la fabrication de drones turcs, a déclaré le ministre ukrainien de la Défenze Oleksii Reznikov.
A Paris, l’Elysée a fait savoir qu’Emmanuel Macron avait discuté jeudi avec le président polonais Andrzej Duda d’une éventuelle rencontre à trois à Berlin avec le chancelier allemand Olaf Scholz dans les prochains jours.
Le président français, dont le pays préside jusqu’à fin juin l’Union européenne, s’est entretenu dans la nuit de mercredi à jeudi avec son homologue américain Joe Biden et doit discuter à nouveau au téléphone jeudi soir avec Vladimir Poutine.
Lors d’une visite en Roumanie, le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a assuré que la proposition de la France d’envoyer des militaires en Roumanie dans le cadre de l’Otan ne constituait pas une provocation à l’égard de la Russie.
Parallèlement, l’Union européenne s’efforce de définir une réponse commune à la lettre que plusieurs de ses pays membres ont reçue cette semaine de la part de la Russie leur réclamant des garanties en matière de sécurité, a déclaré jeudi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.
(version française Jean-Stéphane Brosse, édité par Sophie Louet)