Vladimir Poutine vole à bord d’un bombardier nucléaire russe
Vladimir Poutine a volé jeudi à bord d’un bombardier stratégique nucléaire TU-160M modernisé, censé renforcer la force de dissuasion russe dans une période de relations conflictuelles avec les Occidentaux.
Le président russe s’est rendu dans une usine aéronautique de Kazan, dans le centre de la Russie, d’où il a décollé à bord du bombardier pour un vol d’une trentaine de minutes filmé par les télévisions.
Il a loué par la suite la fiabilité de l’appareil, le jugeant apte à intégrer l’armée de l’air. « C’est une nouvelle machine, il y a beaucoup de nouveautés. C’est plus facile à contrôler », a commenté le président russe, qui est aussi le commandant en chef des armées.
L’appareil, qui dispose d’ailes à géométrie variable et compte quatre membres d’équipage, peut transporter 12 missiles de croisière ou 12 missiles nucléaires de courte portée et parcourir 12.000 km sans ravitaillement.
Il s’agit d’une version modernisée du Tupolev 160 M – « blackjack » selon le code de l’Otan – que l’Union soviétique était prête à déployer en cas d’alerte nucléaire pendant la guerre froide pour frapper sur de longues distances.
En vertu d’un contrat signé en 2018, dix appareils modernisés doivent être livrés à l’armée de l’air russe d’ici à 2027, pour un coût unitaire de 15 milliards de roubles (150 millions d’euros).
Les relations entre Moscou et les Occidentaux se sont considérablement dégradées depuis le début de l’invasion russe en Ukraine il y a deux ans et des négociations importantes entre Russes et Américains sur le contrôle des armements sont au point mort.
La doctrine nucléaire russe prévoit le recours à l’arme nucléaire si le pays est attaqué à l’aide d’une arme nucléaire ou de destruction massive ou si l’usage d’armes conventionnelles « menace l’existence même de l’Etat russe ».
En octobre dernier, Vladimir Poutine a toutefois assuré que l’existence de l’Etat russe n’était pas en péril et qu’aucune personne saine d’esprit n’envisagerait d’employer des armes nucléaires contre la Russie.
L’ancien Premier ministre et président Dmitri Medvedev, qui a plusieurs fois brandi la menace d’une apocalypse nucléaire en Ukraine depuis le début du conflit, a promis jeudi que les forces russes allaient continuer à gagner des territoires dans l’ancienne république soviétique.
« Où devrions-nous nous arrêter ? Je ne sais pas », a dit le vice-président du conseil de sécurité nationale à des médias russes. « Ce sera probablement Kyiv. Sinon maintenant, alors après quelque temps, peut-être lors d’une autre phase de ce conflit. »
Dmitri Medvedev a également souhaité que la Russie s’empare du port d’Odessa, sur la mer Noire. « C’est notre ville, c’est une ville russe », a-t-il dit.
(Guy Faulconbridge, Andrew Osborn, Jean-Stéphane Brosse pour la version française)