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Percée des partis eurosceptiques au Parlement européen à l’issue des législatives

(Projections actualisées, précisions)

par Philip Blenkinsop et Sarah Marsh

BRUXELLES (Reuters) – Les partis nationalistes eurosceptiques ont réalisé une nette percée lors des élections législatives européennes qui se sont terminées dimanche, provoquant un séisme en France avec une dissolution de l’Assemblée nationale et une incertitude accrue sur l’orientation politique future de l’Union européenne.

Les formations d’extrême-droite se sont notamment distinguées en France, en Allemagne, aux Pays-Bas et en Autriche lors de ce scrutin pour élire les 720 députés du Parlement de Strasbourg, dont l’équilibre des pouvoirs bascule ainsi vers la droite.

Un tel changement est susceptible de compliquer l’adoption de nouvelles législations européennes nécessaires pour répondre aux défis sécuritaires, à l’impact du changement climatique ou à la concurrence industrielle de la Chine et des États-Unis.

L’influence réelle de cet essor des partis eurosceptiques dépendra toutefois de leur capacité à se rassembler alors qu’ils sont actuellement divisés en deux familles différentes, le parti des Conservateurs et réformistes européens (CRE) et le groupe Identité et Démocratie (ID).

En France, la large victoire du Rassemblement national (RN) a conduit le président Emmanuel Macron à annoncer, à la surprise générale, une dissolution de l’Assemblée nationale et la tenue de nouvelles élections législatives les 30 juin et 7 juillet.

En Allemagne, le chancelier Olaf Scholz a aussi connu une soirée électorale difficile alors que sa formation sociale-démocrate du SPD a connu son pire résultat, tandis que la formation d’extrême-droite Alternative pour l’Allemagne (AfD) est arrivée en deuxième position, avec 16,2% des suffrages contre 11% en 2019.

La droite ressort aussi en tête du scrutin en Espagne, où elle a infligé un revers aux socialistes du président du gouvernement, Pedro Sanchez. Le Parti populaire (PP) est crédité de 22 des 61 sièges espagnols, contre 20 pour le PSOE. Le parti d’extrême-droite Vox obtient la troisième place, avec six sièges, contre quatre lors du précédent scrutin.

INFLUENCE

Les observateurs politiques attribuent cette bascule du Parlement européen vers la droite à la crise du coût de la vie, aux inquiétudes sur l’immigration, l’impact financier de la transition énergétique ou encore la guerre en Ukraine, entrée dans sa troisième année.

Les partis d’extrême droite ont profité de ce climat d’inquiétude et proposé une alternative aux formations dites traditionnelles.

Selon une projection diffusée par le Parlement européen, le CRE, où siège Fratelli d’Italia, le parti de la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, devrait obtenir trois sièges de plus, avec 72 députés. Le groupe ID, qui comprend le Rassemblement national ressorti vainqueur en France, pourrait obtenir 58 sièges, soit 9 de plus.

Les Verts – qui ont souffert du mécontentement à propos des politiques énergétiques coûteuses du bloc communautaire – et le parti Renew Europe, qui comprend la formation Renaissance d’Emmanuel Macron, ressortent comme les grands perdants du scrutin. Le premier passe de 71 à 53 députés, le second de 102 à 83 sièges.

Le groupe du Parti populaire européen (PPE) devrait rester la principale force au Parlement de Strasbourg, avec 189 sièges, ce qui lui permettra ainsi de choisir la tête de la Commission européenne – la présidente sortante de l’exécutif européen, Ursula von der Leyen, apparaît favorite pour un second mandat.

Devant ses partisans, Ursula von der Leyen s’est présentée dimanche en rempart contre les extrêmes. « Aucune majorité ne peut être formée sans le PPE (…) Nous construirons un bastion contre les extrêmes de gauche et de droite », a-t-elle déclaré.

Cependant, pour s’assurer une majorité parlementaire, Ursula von der Leyen pourrait avoir besoin du soutien de certains nationalistes, comme Giorgia Meloni, donnant à celle-ci et à ses alliés davantage d’influence.

L’Alliance progressiste des socialistes et démocrates (S&D) devrait arriver en deuxième position, avec 135 sièges, soit quatre de moins que la législature précédente.

(Reportage Philip Blenkinsop et Kate Abnett à Bruxelles, Graham Keely à Madrid, Gus Trompiz et Manuel Ausloos à Paris, Francois Murphy à Vienne, Sarah Marsh et Thomas Escritt à Berlin; version française Jean Terzian, Nicolas Delame et Blandine Hénault)

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