Mayotte-Le cyclone Chido a certainement fait des centaines de morts-préfet
PARIS (Reuters) -Le cyclone Chido a certainement fait des centaines voire des milliers de morts à Mayotte, a déclaré dimanche le préfet du département français situé dans l’océan Indien au lendemain du passage du cyclone, considéré comme le plus violent que l’île ait connu depuis près d’un siècle.
Les autorités avaient précédemment fait état d’au moins 11 personnes tuées par le cyclone, qui a fortement endommagé ou détruit de nombreux bâtiments à Mayotte samedi, dont l’hôpital, ainsi que des logements de fortune.
« Je pense qu’il y aura certainement plusieurs centaines (de morts), peut-être approcherons-nous le millier, voire quelques milliers », a déclaré le préfet, François-Xavier Bieuville, à la chaîne de télévision Mayotte la 1ère.
« Nous avons un décompte qui est lié à l’hôpital (…). Mais ce résultat-là n’est pas plausible, quand on voit les images des bidonvilles notamment », a-t-il ajouté, expliquant que la tradition musulmane d’enterrer les personnes dans les 24 heures suivant leur mort rendrait « très difficile d’avoir un bilan final ».
« Je n’imagine pas que nous n’ayons malheureusement pas plus de victimes que je ne pourrai pas décompter, je le dis de façon officielle (…). Nous essaierons de le faire, parce qu’il nous appartient évidemment de dresser ce bilan. »
Interrogé sur les déclarations du préfet de Mayotte, le ministère de l’Intérieur a indiqué que le décompte des victimes du cyclone serait très difficile et qu’il ne confirmait aucun chiffre à ce stade.
« Je veux avoir une pensée pour nos compatriotes à Mayotte qui ont subi ces dernières heures le plus terrible et qui pour certains, ont tout perdu, ont perdu la vie », a déclaré le président français Emmanuel Macron l’un court entretien avec le pape François en Corse.
Les autorités avaient déjà prévenu samedi qu’il faudrait plusieurs jours pour établir un bilan fiable des dégâts humains et matériels du cyclone, alors que les craintes sont vives quant à l’accès à la nourriture, à l’eau et à l’hébergement d’urgence.
Le préfet de La Réunion, Patrice Latron, a annoncé dimanche la mise en place d’un pont maritime et d’un pont aérien entre l’île et La Mayotte, distantes de 1.400 km environ, avec l’envoi d’un premier bateau de la Marine nationale transportant 80 tonnes de matériel, dont des médicaments, des vivres et des matériels pour remettre en état les services d’eau et d’électricité.
Le ministre de l’Intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau, qui a dit redouter un lourd bilan à Mayotte, doit se rendre sur place, tandis qu’une réunion de crise est désormais prévue deux fois par jour.
Selon Météo France, les rafales de vent, qui ont balayé Mayotte, ont dépassé les 200 km/h et ont même atteint 226 km/h à Pamandzi, sur la partie sud de l’île de Petite-Terre.
Les prévisionnistes de Météo France ont souligné qu’il s’agissait d’un cyclone d’une ampleur inédite pour Mayotte depuis plus de 90 ans.
Des images aériennes partagées par la gendarmerie française montrent les ruines de centaines de maisons de fortune disséminées sur les collines de l’une des îles de Mayotte, qui est une destination de l’immigration illégale en provenance des Comores voisines.
Au cours des dernières décennies, des milliers de personnes ont tenté de rallier l’île depuis les Comores, au large des côtes de l’Afrique de l’Est, Mayotte bénéficiant d’un niveau de vie plus élevé et de l’accès au système de protection sociale français.
Plus de 100.000 migrants sans papiers vivent à Mayotte, selon le ministère de l’Intérieur.
Environ 77% de la population mahoraise vit en dessous du seuil de pauvreté français. Située à près de 8.000 km de Paris, l’île est également aux prises avec la violence des gangs et des troubles sociaux depuis des décennies.
La tension sociale s’est accrue sur l’île cette année en raison d’une pénurie d’eau.
Le cyclone a continué à frapper le nord du Mozambique dimanche, mais les dégâts dans le pays n’étaient pas encore connue. NetBlocks, un organisme de surveillance d’Internet, a déclaré sur X que de fortes pluies et des vents violents avaient endommagé les infrastructures électriques et de télécommunications du pays.
(Reportage de Claude Chendjou, Benjamin Mallet et Michel Rose, avec la contribution de Gabriel Stargardter)