Le Soudan reste en proie à une crise humanitaire aux proportions stupéfiantes ( ONU)
Le Soudan « reste en proie à une crise humanitaire aux proportions stupéfiantes » après 20 mois de guerre, a déclaré lundi un haut responsable des Nations Unies, appelant à davantage de soutien international et à un accès humanitaire sans entrave.
« Le conflit armé continue d’affecter gravement les civils, y compris les travailleurs humanitaires, dans tout le pays, malgré les appels répétés à la cessation des hostilités », a déclaré Edem Wosornu, directrice des opérations et du plaidoyer au Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), devant le Conseil de sécurité de l’ONU.
La situation à El Fasher et dans ses environs, dans l’Etat du Darfour du Nord, reste « particulièrement catastrophique », a-t-elle ajouté.
Selon les données de l’OCHA, on estime que plus de 11,5 millions de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays, dont près de 8,8 millions ont été déracinées depuis avril 2023. Plus de 3,2 millions de personnes ont fui vers les pays voisins.
« Avec l’intensification des combats et le resserrement de l’accès aux principales zones de famine, une nouvelle propagation de la famine et de la faim est, tragiquement, le scénario le plus probable », a averti Mme Wosornu.
Selon la dernière analyse du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), les conditions de la famine sont présentes dans cinq régions du Soudan. Cette analyse prévoit également que cinq autres localités, toutes situées dans le Darfour du Nord, seront touchées d’ici à la mi-2025, et que 17 autres zones seront menacées par la famine.
Mme Wosornu a qualifié la catastrophe en cours de « crise provoquée par l’homme », ajoutant que le Soudan est actuellement le seul endroit au monde où une famine est confirmée.
Elle a souligné que les effets de la famine ne sont pas ressentis de manière uniforme par la population soudanaise, la faim extrême posant des risques disproportionnés pour les femmes et les jeunes filles, les enfants et les personnes âgées.
« L’ampleur sans précédent des besoins au Soudan exige une mobilisation sans précédent de l’aide internationale », a déclaré Mme Wosornu, qui a demandé 4,2 milliards de dollars au titre du plan de réponse aux besoins humanitaires du Soudan pour 2025 afin de venir en aide à près de 21 millions de personnes, et 1,8 milliard de dollars supplémentaires pour les réfugiés dans les pays voisins.
Beth Bechdol, directrice générale adjointe de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), a déclaré lors de la conférence de presse que les conflits et les déplacements sont les principaux facteurs d’insécurité alimentaire, « exacerbés par la restriction de l’accès humanitaire ».
Près de 90% des ménages déplacés dans le pays n’ont pas les moyens de se procurer de la nourriture.
Elle a appelé les Etats membres à donner la priorité au financement et à la garantie d’un accès humanitaire « sans délai et sans entrave ».
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