L’attaque russe contre l’Ukraine bouleverse l’ordre de sécurité européen
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.L’invasion de l’Ukraine par l’armée russe bouleverse l’ordre de sécurité européen qui s’est mis en place après l’effondrement de l’Union soviétique en 1991.
Les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union européenne se réunissent jeudi à Versailles pour réfléchir aux moyens de réduire leur dépendance envers le gaz et le pétrole russes et renforcer leur soutien à l’Ukraine, sans pour autant lui offrir l’intégration rapide au bloc communautaire qu’elle réclame.
Les vingt-sept dirigeants européens, qui se retrouvent en fin d’après-midi au château de Versailles, lieu choisi pour ce sommet de deux jours par la présidence française de l’UE, examineront aussi les moyens de préserver leurs économies et de consolider leurs politiques de Défense, alors que l’offensive militaire massive lancée par Moscou contre l’Ukraine est entrée dans sa troisième semaine.
Le Premier ministre letton Arturs Krisjanis Karins, dont le pays partage une frontière avec la Russie, a souhaité que l’Ukraine obtienne le statut de candidat à l’UE, même s’il a reconnu que ce ne serait que « le début d’un chemin long et difficile ».
« Il est important de montrer à l’Ukraine que la voie lui est ouverte », a-t-il dit à la presse, une position soutenue par d’autres anciennes républiques du bloc de l’Est comme la Pologne mais à laquelle des pays comme la France ou les Pays-Bas opposent une attitude plus prudente, soucieux de ne pas remettre en cause le long processus d’adhésion. Il a fallu dix ans à la Croatie, dernier pays en date à avoir intégré l’UE, en 2013, pour rejoindre le bloc communautaire.
L’Ukraine a déjà des accords de libre échange et de coopération politique et économique avec l’Union européenne.
Un haut diplomate européen a indiqué que l’UE pourrait envisager d’intégrer l’Ukraine dans son programme d’échanges universitaires et d’inviter plus régulièrement le pays dans des réunions ministérielles, une fois la guerre terminée.
« C’est notre manière de leur dire oui, de leur donner un soutien moral, de leur montrer qu’ils font partie de la famille européenne », a-t-il dit.
« ON A PERDU NOTRE NAÏVETÉ »
L’attaque russe contre l’Ukraine bouleverse l’ordre de sécurité européen qui s’est mis en place après l’effondrement de l’Union soviétique en 1991.
Moscou s’oppose fermement à la volonté du gouvernement ukrainien de rejoindre l’UE et l’Otan, des initiatives qu’il considère comme dangereuses pour la sécurité nationale de la Russie. Le président Vladimir Poutine présente l’invasion de l’Ukraine comme une « opération militaire spéciale » visant à démilitariser et « dénazifier » le pays.
Dans une interview publiée jeudi par Le Soir, le Premier ministre belge Alexander de Croo estime que « cette guerre en Ukraine, c’est le 11-Septembre de l’Europe », par allusion aux attentats d’Al Qaïda contre les Etats-Unis du 11 septembre 2001 qui ont déclenché l’intervention militaire américaine en Afghanistan et des années de « guerre contre le terrorisme ».
« On a perdu notre naïveté européenne », ajoute le chef du gouvernement belge en évoquant des décisions européennes « qui bougent vraiment les lignes ».
L’Union européenne a imposé des sanctions à la Russie d’une sévérité sans précédent, en privant plusieurs banques russes du système de paiement international Swift ou en sanctionnant des dizaines d’oligarques et hauts responsables russes.
« La guerre d’agression de la Russie constitue un changement tectonique dans l’histoire européenne », souligneront les Vingt-Sept, selon un projet de déclaration commune. L’invasion russe, estiment-ils, conduit à « une instabilité accrue, une compétition stratégique et des menaces pour la sécurité » du continent.
Cependant, alors que le président américain Joe Biden a ordonné mardi un embargo sur les importations par les Etats-Unis de pétrole et gaz russes, les pays membres de l’UE restent divisés sur la date à laquelle ils réduiront leurs achats de produits énergétiques à Moscou, dont ils sont bien plus dépendants que Washington.
L’UE continue de verser chaque jour des centaines de millions de dollars à la Russie, qui lui fournit plus de 40% de son gaz naturel, plus d’un quart de ses importations de pétrole et près de la moitié de son charbon.
L’Allemagne, l’Autriche, la Hongrie et l’Italie sont particulièrement exposés.
Toute décision concernant d’éventuelles sanctions ou l’élargissement de l’UE nécessite l’unanimité des Vingt-Sept.
(Reportage Jan Strupczewski, Michel Rose, Juliette Jabkhiro,Richard Lough, Philip Blenkinsop, Marine Strauss et GabrielaBaczynska, version française Jean-Stéphane Brosse)
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