La RDC rompt ses relations démocratiques avec le Rwanda
(Reuters) -La République démocratique du Congo (RDC) a rompu ses relations diplomatiques avec le Rwanda, alors que l’Afrique du Sud a annoncé samedi que neuf de ses soldats avaient été tués dans l’est du Congo, où les troupes congolaises et les forces de maintien de la paix luttent pour stopper l’avancée sur Goma de rebelles soutenus par le Rwanda.
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La RDC et ses alliés ont dit avoir repoussé dans la nuit une offensive vers la capitale régionale de plus d’un million d’habitants. De puissantes détonations ont secoué la ville aux premières heures du jour.
L’insurrection du M23, qui dure depuis trois ans dans l’est de la RDC, riche en minerais, s’est intensifiée en janvier, les rebelles enregistrant des avancées sans précédent, ce qui a incité l’Onu à mettre en garde contre le risque d’une guerre à l’échelle régionale.
La RDC et l’Onu, entre autres, accusent le Rwanda d’alimenter le conflit en envoyant des soldats et des armes. Kigali rejette ces accusations mais l’armée congolaise a déclaré samedi que des snipers rwandais étaient responsables de la mort du gouverneur de la région du Nord-Kivu, tué cette semaine sur la ligne de front.
« Il était gouverneur, mais quand la situation s’est empirée vers Saké et Mubambiro, il a été obligé d’accompagner les commandants de la 34e région militaire pour galvaniser les troupes qui étaient au front afin de stopper l’avancée de l’ennemi. C’est dans ces entrefaites que les snipers de l’armée rwandaise ont tiré sur lui », a déclaré le général Sylvain Ekenge porte-parole de l’armée.
La RDC a rappelé ses diplomates et a demandé aux autorités rwandaises de cesser leurs activités diplomatique et consulaire à Kinshasa, la capitale, dans les 48 heures, montre une lettre du ministère des Affaires étrangères datée du 24 janvier et adressée à l’ambassade du Rwanda.
« C’est le degré le plus élevé pour une rupture diplomatique », a déclaré samedi un représentant du ministère.
Les autorités rwandaises n’ont pu immédiatement être jointes pour répondre à une demande de commentaire.
Le Conseil de sécurité des Nations unies doit se réunir dimanche pour discuter de la crise, ont dit des diplomates. Une réunion devait initialement se tenir lundi.
COMBATS ACHARNÉS
Deux Sud-Africains déployés dans le cadre de la mission de maintien de la paix de l’Onu et sept autres membres du bloc régional intervenant en RDC ont été tués dans les combats acharnés qui se sont déroulés ces derniers jours, a déclaré la Force de défense nationale sud-africaine (South African National Defence Force) dans un communiqué.
« Les membres se sont courageusement battus pour empêcher les rebelles de se rendre à Goma comme ils en avaient l’intention », a déclaré la force de défense nationale sud-africaine, ajoutant que le M23 avait été repoussé.
Les soldats de l’armée congolaise et les forces alliées sont parvenus à repousser les rebelles, mais les combats se poursuivent dans la zone de conflit, a dit le général Sylvain Ekenge lors d’un point presse, ajoutant que des avancées rebelles dans la province voisine du Sud-Kivu avaient également été arrêtées.
La situation semblait calme à Goma samedi, les gens vaquant à leurs occupations sur fond de forte présence policière, selon des journalistes de Reuters présents sur place.
Les Nations Unies ont déclaré samedi avoir commencé à évacuer temporairement leur personnel non essentiel de Goma en raison de la détérioration de la situation sécuritaire dans la région.
La recrudescence des combats a suscité de nouveaux appels au désengagement du Rwanda.
« Le Rwanda doit cesser de soutenir le M23 et se retirer », a déclaré l’Union européenne dans un communiqué samedi.
Le M23 a brièvement réussi à s’emparer de Goma lors d’un précédent soulèvement en 2012, incitant les donateurs internationaux à réduire leur aide au Rwanda. Même à l’époque, les rebelles ne contrôlaient pas autant de territoires qu’aujourd’hui.
L’insécurité a également aggravé la situation humanitaire déjà désastreuse des provinces orientales. Le Conseil de sécurité des Nations unies doit se réunir lundi pour discuter de la crise.
« La situation à laquelle font face les civils de Goma devient de plus en plus périlleuse et les besoins humanitaires sont énormes », a estimé samedi l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch.
(Olivia Kumwenda et Wendell Roelf à Johannesbourg, Philbert Girinema à Kigali et Michelle Nichols à New York, rédigé par Alessandra Prentice, version française Benjamin Mallet et Camille Raynaud)