Israël va rétablir des relations diplomatiques complètes avec la Turquie
JERUSALEM/ANKARA (Reuters) – Israël et la Turquie ont décidé de restaurer des relations diplomatiques complètes, avec un retour des ambassadeurs et des consuls après plusieurs années de représentation diplomatique réciproque minimale, annoncent mercredi les services du Premier ministre israélien, Yaïr Lapid, dans un communiqué.
« Les deux pays ont décidé de rétablir des relations diplomatiques complètes », avec un retour des ambassadeurs et des consuls généraux, est-il noté dans ce communiqué.
« L’amélioration des relations contribuera à renforcer les liens entre les deux peuples, à élargir les liens économiques, commerciaux et culturels et à renforcer la stabilité régionale », est-il également précisé.
Les deux pays entretenaient jusqu’ici des relations commerciales mais leurs relations diplomatiques, déjà écornées par l’affaire du Mavi Marmara en 2010, avaient de nouveau été gelées en 2018 après seulement deux ans de normalisation.
Pour le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, les « efforts » du dialogue qui a repris ces derniers mois entre les dirigeants des deux pays ont permis d’aboutir à « l’avancée positive » vers une normalisation que constitue la nomination d’ambassadeurs.
« Nous avons nous aussi décidé de nommer un ambassadeur en Israël, à Tel Aviv », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse à Ankara.
L’ambassadeur turc avait été expulsé d’Israël et Ankara avait expulsé l’ambassadeur israélien en 2018, après des échanges tendus entre le président turc Recep Tayyip Erdogan et le Premier ministre israélien de l’époque, Benjamin Nentanyahu, dans le sillage de la mort d’une soixantaine de Palestiniens dans la répression par les forces israéliennes de manifestations à la frontière de la bande de Gaza contre le transfert de l’ambassade des Etats-Unis de Tel Aviv à Jérusalem.
Cet épisode avait mis un coup d’arrêt à une période d’à peine deux ans de normalisation des relations entre les deux pays après les dissensions consécutives à l’affaire du Mavi Marmara.
Ce bateau affrété par des militants humanitaires qui cherchaient à contourner le blocus naval de la bande de Gaza, enclave palestinienne contrôlée par le mouvement islamiste Hamas, a été la cible en 2010 d’un assaut de l’armée israélienne qui s’est soldé par la mort de neuf ressortissants turcs.
Dans le sillage de cet événement, la Turquie, qui était alors le seul allié d’Israël dans le monde musulman, avait expulsé l’ambassadeur israélien et gelé les relations diplomatiques et la coopération militaire entre les deux pays.
Cette annonce intervient alors qu’Israël est déjà engagé depuis 2020 dans une normalisation de ses relations avec trois pays arabes (Bahreïn, Emirats arabes unis et Maroc), dans le cadre des accords dit d’Abraham, sous l’impulsion des Etats-Unis.
De son côté, Ankara tente aussi depuis plusieurs mois de restaurer les liens distendus avec d’autres pays de la région, notamment l’Arabie saoudite, l’Egypte et les Emirats arabes unis.
(Reportage James Mackenzie et Ece Toksabay; version française Myriam Rivet, édité par Kate Entringer)