Israël dit avoir tué les successeurs potentiels de Nasrallah, prévient du risque de destruction du Liban
par James Mackenzie et Maya Gebeily
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JERUSALEM/BEYROUTH (Reuters) – Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré mardi que l’armée israélienne a abattu les potentiels successeurs de Hassan Nasrallah, l’emblématique chef du Hezbollah lui-même tué dans une frappe israélienne fin septembre, alors que Tsahal a dit avoir débuté des opérations dans le sud-ouest du Liban.
Dans une vidéo, Benjamin Netanyahu a déclaré qu’Israël a « affaibli les capacités du Hezbollah ». « Nous avons supprimé des milliers de terroristes, dont Nasrallah lui-même et le remplaçant de Nasrallah, et le remplaçant du remplaçant », a-t-il poursuivi, sans donner les noms des hauts représentants du Hezbollah abattus par l’armée israélienne.
Plus tôt dans la journée, le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a annoncé que Hachem Safieddine, considéré comme le vraisemblable successeur de Hassan Nasrallah à la tête du mouvement chiite aligné sur l’Iran, avait probablement été « éliminé » par l’armée israélienne.
Cette nouvelle page du conflit entre Israël et Hezbollah intervient un an jour pour jour après le début d’affrontements frontaliers successifs à l’attaque du Hamas palestinien dans des localités israéliennes le 7 octobre 2023.
Depuis lors, plus de 1.400 personnes ont été tuées au Liban dans des frappes israéliennes, la plupart au cours des deux dernières semaines. Quelque 1,2 million de Libanais ont été déplacés.
Israël dit mener des opérations terrestres dans le sud du Liban pour permettre le retour de quelque 60.000 citoyens israéliens déplacés par les tirs de roquettes du Hezbollah contre le nord du pays.
Hassan Nasrallah a été tué le 27 septembre dans une lourde frappe menée par l’armée israélienne en périphérie de la capitale libanaise Beyrouth, après plus d’une semaine de bombardements intensifs de Tsahal à travers le Liban et quelques jours avant le début d’assauts terrestres dans le sud du Liban présentés comme « ciblés » et destinés à détruire les infrastructures du Hezbollah.
OPÉRATION TERRESTRE DANS LE SUD-OUEST DU LIBAN
Tsahal a annoncé mardi le déploiement d’une quatrième division militaire dans le sud du Liban, signalant une intensification de l’opération terrestre menée depuis désormais une semaine. Il s’agit du premier contingent de réservistes de l’armée israélienne à franchir la frontière entre les deux pays.
L’armée israélienne n’a pas précisé combien de soldats se trouvaient désormais à l’intérieur du Liban. Il est vraisemblable qu’ils soient plusieurs milliers.
Cette annonce est intervenue alors que le numéro deux du Hezbollah, Naïm Qassem, a déclaré que le mouvement chiite armé laissait la porte ouverte à des négociations sur un cessez-le-feu avec Israël, sans les lier à un arrêt de la guerre dans la bande de Gaza – une première depuis un an.
Durant une allocution télévisée, il a également souligné que les capacités du Hezbollah étaient intactes et que ses combattants repoussaient les incursions terrestres des soldats israéliens.
A Washington, le porte-parole du département d’Etat américain a déclaré que les commentaires de Naïm Qassem montraient que le Hezbollah était en position de faiblesse.
« Pendant un an, le monde a appelé à un cessez-le-feu, et le Hezbollah refusait. Et maintenant que le Hezbollah est sur la défensive et se fait battre, soudainement il change d’avis et veut un cessez-le-feu », a dit Matthew Miller.
Des puissances occidentales prônent une solution diplomatique, craignant un embrasement du Proche-Orient alors qu’Israël a promis que l’Iran allait « payer » l’attaque de missiles d’une ampleur inédite lancée le 1er octobre contre l’Etat hébreu. Téhéran a dit qu’il s’agissait d’une réponse à l’assassinat de Hassan Nasrallah et d’un commandant des Gardiens de la révolution iranienne.
NETANYAHU POINTE LE DANGER D’UN « ABÎME » SIMILAIRE À GAZA
L’armée israélienne a fait savoir mardi qu’elle avait élargi ses opérations terrestres au Liban, menant désormais des opérations « limitées, localisées et ciblées » dans le sud-ouest du pays, après avoir lancé dans un premier temps des assauts dans le sud-est.
Un porte-parole de Tsahal a refusé de communiquer le nombre de soldats israéliens présents simultanément sur le territoire libanais. « Il s’agit d’un type d’opération dynamique, limitée (…), des assauts qui signifient que l’on entre et on ressort (…), des lieux différents, des troupes différentes », a déclaré Nadav Shoshani lors d’un point de presse.
A Paris, le ministère des Affaires étrangères a annoncé dans un communiqué que le gouvernement a permis mardi à près de 50 ressortissants français en situation de vulnérabilité de quitter le Liban pour regagner la France via un vol d’aide humanitaire d’urgence.
Invité du journal de 20 Heures de France 2, le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, a réitéré que la situation au Liban était « catastrophique » et suivie « heure par heure » par Paris.
Dans la vidéo pré-enregistrée diffusée mardi en fin de journée, Benjamin Netanyahu a déclaré que « le Hezbollah est aujourd’hui plus fragilisé qu’il ne l’a été depuis de nombreuses, nombreuses années ».
Le dirigeant israélien a répété le droit de l’Etat hébreu à « se défendre ». « Israël a aussi le droit de gagner. Et Israël va gagner », a-t-il dit, appelant par ailleurs les Libanais à « reprendre leur pays » pour le ramener sur le chemin de la paix et la prospérité. Sinon, a-t-il ajouté, « le Hezbollah va continuer à vos dépens de tenter de combattre Israël depuis des zones densément peuplées (…) ».
« Ne laissez pas ces terroristes détruire davantage votre futur Vous avez la possibilité de sauver le Liban avant qu’il ne plonge dans l’abîme d’une longue guerre qui provoquera une destruction et une souffrance similaires à ce que nous voyons à Gaza », a ajouté Benjamin Netanyahu.
BOMBARDEMENTS SUPPLÉMENTAIRES À BEYROUTH
Au cours de la nuit de lundi à mardi, Israël a de nouveau pilonné la périphérie sud de Beyrouth, où se trouve le quartier général du Hezbollah, disant avoir abattu un responsable chargé du budget et de la logistique du mouvement armé.
L’armée israélienne revendique avoir tué de nombreux hauts représentants du Hezbollah au cours des deux dernières semaines.
Elle a émis mardi soir de nouveaux ordres d’évacuation concernant plusieurs bâtiments situés en périphérie sud de Beyrouth, laissant anticiper des bombardements nocturnes supplémentaires.
Par ailleurs, dans le nord d’Israël, près de la frontière avec le Liban, les sirènes d’alerte ont retenti à plusieurs reprises tout au long de la journée.
Les autorités israéliennes ont rapporté que près de 200 roquettes ont été lancées par le Hezbollah en direction de l’Etat hébreu, dont la ville portuaire de Haïfa où des dégâts ont été signalés après la chute de débris de missiles contre des bâtiments.
S’exprimant devant des officiers au cours d’une visite au centre de commandement militaire du nord d’Israël, Yoav Gallant a déclaré que « le Hezbollah est une organisation sans tête », en référence alors à la « probable » mort de Hachem Safieddine, selon une vidéo succincte distribuée par l’armée.
Hachem Safieddine était l’une des principales cibles d’Israël, car considéré comme un cadre influent du Hezbollah et le probable héritier de Hassan Nasrallah. Directeur du conseil exécutif du mouvement, il supervisait les affaires politiques du Hezbollah et siégeait également au conseil en charge des opérations militaires.
(James Mackenzie à Jérusalem et Maya Gebeily à Beyrouth, avec Steven Scheer et Alexander Cornwell à Jérusalem, Elwely Elewelly à Dubai, Simon Lewis et David Brunnstrom à Washington, bureau du Caire; version française Jean Terzian)