Plus de trois millions de personnes ont fui la guerre en Ukraine
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.Près de trois semaines après le déclenchement de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui a contraint les civils à fuir les combats et les bombardements, le nombre de personnes ayant fui le pays dépasse désormais le seuil de trois millions, selon le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
Depuis le début de ce que Moscou décrit comme une « opération militaire spéciale » visant à démilitariser et « dénazifier » l’Ukraine, au moins 3.000.381 personnes ont quitté le pays, selon le HCR.
Selon les estimations du HCR et des services de Josep Borrell, le Haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères, entre quatre et cinq millions d’Ukrainiens chercheront à terme à quitter leur pays.
D’après le HCR, alors que dans un premier temps les Ukrainiens ayant pris la fuite disposaient de ressources et de contacts hors de leur pays, désormais la plupart des réfugiés sont partis dans la précipitation et sont bien plus vulnérables.
« Nous voyons beaucoup de personnes âgées, de personnes handicapées, ce sont vraiment des personnes qui ont attendu et espéré jusqu’au dernier moment que la situation s’améliore », observe Tatiana Chabac, travailleuse humanitaire du HCR.
Pour l’instant, la majorité des réfugiés ukrainiens ont gagné la Pologne ou d’autres pays limitrophes comme la Roumanie, la Moldavie, la Hongrie et la Slovaquie et la solidarité commence aussi à s’organiser à l’égard de ces pays.
15.000 UKRAINIENS ACCUEILLIS EN FRANCE À CE JOUR
Par exemple, la France a pris des engagements notamment pour soulager « la Moldavie, qui a accueilli beaucoup de réfugiés ces dernières semaines », a expliqué le président français Emmanuel Macron mardi en marge d’un déplacement dans un centre accueillant des réfugiés ukrainiens dans le Maine-et-Loire.
« Nous nous sommes mis en situation de pouvoir accueillir au moins 100.000 Ukrainiennes et Ukrainiens mais nous prendrons (…) notre part et nous protégerons celles et ceux qui arrivent sur notre sol », a-t-il expliqué.
A ce jour, en France, « vous avez 15.000 personnes qui sont arrivées d’Ukraine (…) qui sont essentiellement des femmes et des enfants, puisque la plupart des hommes sont restés en Ukraine pour combattre », avait annoncé mardi matin sur Europe 1 la ministre déléguée auprès du ministre de l’Intérieur, Marlène Schiappa.
Sur le terrain, alors que la partie occidentale du pays était jusqu’ici relativement épargné par les combats, dans le sillage de la frappe russe dimanche contre la base militaire de Yavoriv, près de Lviv, non loin de la frontière avec la Pologne, certains habitants de l’ouest de l’Ukraine ont commencé à rejoindre les flux de réfugiés traversant la frontière, jusqu’ici principalement alimentés par des habitants en provenance de l’est du pays.
« Tout le monde pensait que l’ouest ukrainien était relativement sûr, jusqu’à ce qu’ils commencent à frapper Lviv », rapporte Zhanna, 40 ans, habitante de Kharkiv, en route pour la Pologne où elle doit retrouver sa marraine qui a quitté l’Ukraine il y a quelques jours.
« ILS SONT EN TRAIN DE TOUT DÉTRUIRE »
Dans la gare de Przemysl, une ville polonaise à une dizaine de kilomètres du poste-frontière avec l’Ukraine le plus fréquenté, cette mère de famille raconte son exode.
« Nous avons quitté Kharkiv (dans l’est du pays) pour Kirovohrad (dans le centre) », explique-t-elle. « Nous voulions y rester. Nous ne voulions pas partir à l’étranger. »
« Mais ensuite ils ont commencé à bombarder Kirovohrad, puis ils ont commencé à bombarder Lviv et c’est difficile d’éviter les bombardements avec un petit enfant », a-t-elle ajouté en précisant que son mari était resté en Ukraine.
En Roumanie, des Ukrainiennes et leurs enfants continuent de se succéder au poste frontière de Siret, où des volontaires et des pompiers roumains les aident à transporter leurs valises et leurs sacs à dos vers les autobus à bord desquels se poursuivra leur exil.
Un peu plus au sud, au poste-frontière d’Isaccea, sur le Danube, Tanya, habitante de Mykolaïv, dans le sud de l’Ukraine, explique qu’elle a fui son pays pour sauver la vie de son enfant.
« Sur la route, j’ai pleuré parce que j’aime mon pays. Je veux vivre en Ukraine mais ce n’est pas possible. Parce qu’ils sont en train de tout détruire », témoigne-t-elle, en retenant ses larmes.
En Moldavie, l’un des pays les plus pauvres d’Europe, certains réfugiés ont décidé de regagner l’Ukraine, soit pour tenter de récupérer quelques effets personnels, soit dans l’espoir de rester pour de bon.
Liudmila, réfugiée dans la capitale moldave Chisinau, compte ainsi retourner en Ukraine pour récupérer des fournitures scolaires pour ses enfants.
« Ils ont commencé lundi à suivre des cours en ligne et c’est pour ça que je voudrais récupérer quelques bricoles pour eux, des livres, de quoi écrire », dit-elle.
Une autre femme, qui a refusé de donner son prénom, repartait à Odessa avec son bébé. « Nous voulons rentrer à la maison », a-t-elle expliqué en traversant la frontière.
(Avec la contribution de Branko Filipovic à Siret (Roumanie), Fedja Grulovic à Isaccea (Roumanie), Pawel Florkiewicz à Varsovie, Krisztina Than à Budapest et Jan Lopatka à Prague, rédigé par Gwladys Fouche ; version française Myriam Rivet et Tangi Salaün)