La Russie déclare un cessez-le-feu partiel en Ukraine
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.La Russie a annoncé samedi un cessez-le-feu à proximité de deux villes ukrainiennes afin de permettre l’évacuation des civils, mais l’offensive se poursuivait dans le reste du pays, notamment en direction de la capitale Kiev.
Le ministère russe de la Défense a annoncé l’ouverture de couloirs humanitaires près des villes de Marioupol et de Volnovakha qui étaient encerclées par ses troupes, a rapporté l’agence de presse russe RIA.
À Marioupol, les habitants seraient autorisés à quitter les lieux pendant une période de cinq heures, a indiqué l’agence, citant des responsables de la ville.
Le gouvernement ukrainien a déclaré que le plan prévoyait l’évacuation d’environ 200.000 personnes de Mariupol et 15.000 de Volnovakha. La Croix-Rouge est le garant du cessez-le-feu.
La mise en oeuvre effective de ce cessez-le-feu n’était par confirmé à ce stade et son extension potentielle à d’autres régions ainsi que sa durée n’étaient pas claires dans l’immédiat alors que l’invasion de l’Ukraine par la Russie entre dans son dixième jour.
Le ministère russe de la défense a déclaré qu’une vaste offensive se poursuivrait en Ukraine, selon RIA.
Les organisations humanitaires ont mis en garde contre une catastrophe humanitaire, alors que la nourriture, l’eau et les équipements médicaux viennent à manquer et que les réfugiés affluent vers l’ouest de l’Ukraine et les pays européens voisins.
Dans la ville portuaire de Mariupol, au sud-est du pays – un point stratégique – il n’y a ni eau, ni chauffage, ni électricité et la nourriture vient à manquer, selon le maire Vadim Boïtchenko.
« Nous sommes tout simplement en train d’être détruits », a-t-il déclaré.
Selon le gouvernement ukrainien, les forces russes ont concentré leurs efforts sur l’encerclement de Kiev et de Kharkiv, la deuxième ville du pays, dans le but d’établir un pont terrestre vers la Crimée.
Kiev, qui se trouve sur la trajectoire d’une colonne blindée russe bloquée depuis plusieurs jours à l’extérieur de la capitale ukrainienne, a de nouveau subi des attaques, avec des explosions audibles depuis le centre-ville.
Selon le média ukrainien Suspilne, les autorités de Sumy, une ville située à environ 300 kilomètres à l’est de Kiev, ont mis en garde contre de potentiels combats dans les rues de la ville et ont exhorté les habitants à rester aux abris.
Le ministre de la Défense, Oleksii Reznikov, a déclaré que 66.224 Ukrainiens étaient revenus de l’étranger pour se joindre aux combats contre les forces russes.
« Ce sont 12 brigades de plus, combattantes et motivées! Ukrainiens, nous sommes invincibles », a-t-il posté sur internet.
L’invasion de l’Ukraine par Vladimir Poutine a fait l’objet d’une condamnation quasi-unanime de la communauté internationale. Les pays occidentaux ont imposé de lourdes sanctions à l’encontre de Moscou afin de tenter de circonscrire le conflit.
GUERRE DE L’INFORMATION
Les élus de la Douma, la chambre basse du Parlement russe, a voté des amendements au code pénal pour rendre la « propagation de fausses informations » passible d’amendes ou de peines pouvant aller jusqu’à 15 ans d’emprisonnement si elles « ont des conséquences graves ».
La Russie a bloqué l’accès à Facebook ainsi que les sites internet de la BBC, la Deutsche Welle et de Voice of America.
CNN et CBS News ont cessé d’émettre en Russie, et d’autres médias ont retiré les signatures des journalistes basés en Russie, le temps d’évaluer la situation.
D’AUTRES SANCTIONS EN VUE ?
Le président ukrainien Volodimir Zelenski devrait demander davantage d’aide à Washington lors d’une visioconférence avec le Sénat américain, samedi à 9h30 ET (1430 GMT).
Les États-Unis envisagent de réduire leurs importations de pétrole russe et cherchent des moyens de limiter l’impact de la crise. Les cours mondiaux du pétrole ont bondi de plus de 20% cette semaine en raison des craintes de pénurie d’approvisionnement, faisant ainsi planer une menace sérieuse sur l’économie mondiale.
Lors d’une réunion vendredi, les pays membres de l’OTAN ont rejeté l’appel de l’Ukraine en faveur de zones d’exclusion aérienne, estimant qu’une intervention directe de cette nature risquerait d’aggraver la situation.
« Nous avons la responsabilité (…) d’empêcher que cette guerre ne s’étende au-delà de l’Ukraine, car ce serait encore plus dangereux, plus dévastateur et causerait encore plus de souffrance humaine », a déclaré le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg.
Volodimir Zelenski a qualifié le sommet de « faible » et « confus ».
« Il est clair que tout le monde ne considère pas la bataille pour la liberté de l’Europe comme l’objectif numéro un », a-t-il déclaré.
D’autres sanctions de l’UE sont à venir, incluant potentiellement une interdiction des navires battant pavillon russe dans les ports européens et le blocage des importations d’acier, de bois, d’aluminium ou de charbon, a déclaré le ministre irlandais des Affaires étrangères, Simon Coveney.
L’armée ukrainienne a déclaré samedi dans un communiqué que les forces armées « se battaient férocement pour libérer les villes ukrainiennes des occupants russes », contre-attaquant dans certaines zones et perturbant les communications.
« Les unités des envahisseurs sont démoralisées, les soldats et les officiers de l’armée d’occupation continuent de se rendre, de fuir, laissant des armes et du matériel sur le sol ukrainien », a indiqué le communiqué, ajoutant qu’au moins 39 avions et 40 hélicoptères russes avaient été détruits.
Reuters n’a pas été en mesure de vérifier ces informations de manière indépendante.
Vendredi, des milliers de personnes ont attendu pendant des heures devant la gare de Lviv, dans l’ouest du pays, pour monter dans des trains en direction de la Pologne.
(Reportage Pavel Polityuk, Natalia Zinets, Aleksandar Vasovic en Ukraine, John Irish à Paris, Francois Murphy à Vienne, David Ljunggren à Ottawa avec les autres bureaux de Reuters; rédigé par Peter Graff, Angus MacSwan, Costas Pitas et Kim Coghill, version française Jean-Michel Bélot)