Espagne-Des habitants laissent éclater leur colère face au roi après les inondations
par Manuel Ausloos et Antony Paone
PAIPORTA, Espagne (Reuters) -Des centaines d’habitants d’une banlieue de Valence particulièrement touchée par les inondations meurtrières de la semaine dernière ont protesté dimanche lors d’une visite du roi d’Espagne Felipe et du Premier ministre Pedro Sanchez, certains leur jetant de la boue.
Aux cris de « Assassins, assassins ! », les habitants ont exprimé leur colère face à des alertes des autorités et une réaction des services d’urgence jugées tardives au moment de la tempête de mardi et des inondations qui en ont résulté dans la région de Valence.
« S’il vous plaît, les morts sont encore dans les garages, les familles recherchent leurs proches et amis. S’il vous plaît, venez, nous demandons seulement de l’aide (…) Tout ce que nous voulions, c’était être prévenus et nous aurions été saufs », a crié une habitante, Nuria Chisber, les larmes aux yeux.
« On le savait et personne n’a rien fait pour l’éviter », a déclaré un jeune homme au roi, qui a tenu à rester pour parler à la population malgré l’agitation, alors que le Premier ministre s’était retiré.
À un moment de sa visite dans la banlieue sinistrée de Paiporta, Felipe a pris sur son épaule un homme qui pleurait.
Des images diffusées sur Internet montrent l’épouse du roi, Letizia, en pleurs alors qu’elle étreignait des habitants. Ses cheveux et son visage étaient couverts de boue et l’un de ses gardes du corps avait du sang sur le visage.
Alors que Felipe tentait de calmer les esprits, il a également fait référence à des tentatives de déstabilisation.
« Il y a beaucoup d’informations toxiques qui circulent et beaucoup de gens sont intéressés par le chaos », a-t-il déclaré à la foule.
Alors que la bruine commençait à tomber, des voitures de police équipées de haut-parleurs ont circulé dans Valence, mettant en garde contre de nouvelles pluies dimanche.
L’agence météorologique nationale Aemet a déclenché une alerte rouge aux fortes pluies sur une zone située dans le sud de la région de Valence.
JEU DE BLÂMES
Le gouvernement central a déclaré que la diffusion d’alertes à la population relevait de la responsabilité des autorités régionales. Les autorités de Valence ont pour leur part dit avoir agi au mieux selon les informations dont elles disposaient.
Des dizaines de personnes sont toujours portées disparues, tandis que quelque 3.000 foyers restent privés d’électricité, selon les autorités.
« Avec une alerte rapide à la population, de nombreux décès auraient pu être évités », a déclaré à Reuters Jorge Olcina, expert en climatologie à l’Université d’Alicante, pointant également du doigt une mauvaise coordination entre les autorités nationales et régionales.
Cependant, l’ampleur de la catastrophe la rendue « difficile à gérer », a-t-il ajouté.
Pedro Sanchez a déclaré samedi que toute négligence éventuelle ferait l’objet d’une enquête ultérieure.
Le président de la région de Valence, Carlos Mazon, qui s’est rendu à Paiporta sous les huées et les insultes, a dit sur le réseau social X comprendre la colère des habitants.
« Je comprends la colère populaire et je resterai bien sûr pour la recevoir. C’est mon devoir politique et moral. L’attitude du roi ce matin a été exemplaire », a-t-il déclaré.
Le bilan de ces inondations soudaines, les plus graves de l’histoire moderne du pays, s’est alourdi dimanche pour atteindre 217 morts, presque tous dans la région de Valence, dont plus de 60 dans la seule ville de Paiporta.
Des milliers de soldats et de policiers supplémentaires se sont joints aux secours au cours du week-end, dans le cadre de la plus grande opération de ce type menée en Espagne en temps de paix.
Les inondations ont englouti les rues et les étages inférieurs des immeubles, emportant des voitures et des morceaux de maçonnerie dans des flots de boue.
Cette tragédie est d’ores et déjà la pire catastrophe liée à des inondations dans un seul pays depuis 1967, date à laquelle au moins 500 personnes avaient trouvé la mort au Portugal.
Les météorologues pensent que le réchauffement de la Méditerranée, qui accroît l’évaporation de l’eau, joue un rôle clé dans l’aggravation des pluies torrentielles.
(Avec Ana Cantero et Eva Manez, rédigé par Andrei Khalip, version française Benjamin Mallet et Kate Entringer)
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