Elections régionales verrouillées en Russie avant la présidentielle
(Reuters) – Les Russes votent jusqu’à dimanche pour des élections régionales que sur fond de guerre en Ukraine, le Kremlin a pris soin de verrouiller à triple-tour pour éviter toute mauvaise surprise avant la présidentielle prévue en mars prochain.
Vingt-et-un postes de gouverneur sont en jeu dans l’ensemble du pays, y compris dans les parties des régions ukrainiennes de Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson que Moscou dit avoir annexées et où les combats font toujours rage.
Lors des précédentes élections régionales, en 2018, le recul de l’âge de départ à la retraite dans la fonction publique avait coûté à Russie unie quatre postes de gouverneur, du jamais vu depuis que le parti du président Vladimir Poutine s’est arrogé un quasi-monopole de la vie publique.
Le Kremlin s’est depuis employé à étouffer toute opposition politique, en particulier le parti anti-corruption d’Alexeï Navalny, jeté en prison après avoir été empoisonné.
Le déclenchement de ce que Moscou appelle l' »opération militaire spéciale » en Ukraine lui a ensuite fourni les outils nécessaires pour réduire au silence toute dissidence : organisations des droits de l’homme dissoutes, médias indépendants fermés ou contraints à l’exil.
Bien qu’il ait fait le vide autour de lui, le pouvoir russe n’a rien voulu laisser au hasard et a empêché les opposants les plus sérieux, notamment quelques parlementaires en vu, de briguer le poste de gouverneur de leur région d’origine.
A tel point qu’aux yeux des observateurs, la seule région où Russie unie paraissait en mesure de perdre était la république de Kakhassie, petite région de Sibérie proche de la frontière avec la Mongolie, où le candidat communiste s’était imposé en 2018 et fait la course en tête dans les sondages.
Le Kremlin a évité un nouvel affront en retirant le 2 septembre son candidat, un vétéran de la guerre en Ukraine, officiellement pour raison de santé.
Le vote électronique autorisé dans certaines régions, ou l’organisation du scrutin sur plusieurs jours – il est ouvert depuis le 31 août dans la région de Kherson, par exemple – sont en outre des moyens pour le pouvoir de gonfler artificiellement le taux de participation voire le score de ses candidats, selon les rares observateurs indépendants, comme l’ONG russe Golos, qui bien qu’interdite en tant qu' »agent étranger », continue de publier des rapports sur le processus électoral.
(Rédigé par Felix Light, version française Tangi Salaün, édité par Blandine Hénault)