Le Japon adopte une résolution sur la « grave situation des droits de l’homme » en Chine
Le Parlement japonais a adopté mardi une résolution sur la « grave situation des droits de l’homme » en Chine et appelé le gouvernement du Premier ministre Fumio Kishida à prendre des mesures pour améliorer la situation, cela alors que s’ouvrent en fin de semaine les Jeux olympiques d’hiver de Pékin.
Le Japon a déjà annoncé qu’il n’enverrait pas de délégation gouvernementale aux JO de Pékin, imitant le boycott diplomatique initié par les Etats-Unis qui ont cité la situation des droits de l’homme en Chine – ce que n’a pas fait explicitement Tokyo.
Depuis son arrivée au pouvoir en octobre dernier, Fumio Kishida a indiqué à plusieurs reprises que le Japon ne mâcherait pas ses mots à l’égard de la Chine lorsque cela serait nécessaire. Il a nommé en novembre l’ancien ministre de la Défense, Gen Nakatani, conseiller aux droits de l’homme.
Adoptée par la chambre basse du Parlement, la résolution note que la communauté internationale a fait part de ses préoccupations sur l’enfermement et la violation des libertés religieuses dans la région du Xinjiang, au Tibet et à Hong Kong.
La question des droits de l’homme ne peut pas être seulement domestique car, est-il écrit dans le texte, il s’agit de « valeurs universelles » et un « motif légitime de préoccupation pour la communauté internationale », pour laquelle le non-respect des droits de l’homme est une « menace ».
Washington, qui dénonce de la part de Pékin un génocide contre la communauté musulmane des Ouïghours, a interdit le mois dernier les importations en provenance du Xinjiang en exprimant ses préoccupations sur le travail forcé imposé aux Ouïghours.
Pékin nie tout abus dans le Xinjiang, région productrice de coton et qui fournit aussi à de nombreux pays les matériaux nécessaires à la production de panneaux solaires.
Selon l’agence de presse Jiji, l’aile conservatrice du Parti libéral démocrate (PLD) au pouvoir à Tokyo souhaitait l’adoption de la résolution parlementaire avant l’ouverture des JO de Pékin, le 4 février, malgré des inquiétudes au sein du gouvernement sur un potentiel impact économique.
Dans les rangs du PLD, il y a de longe date des divergences sur la position à adopter à l’égard de la Chine, entre les partisans d’une ligne dure qui privilégient les questions de défense et ceux favorables à protéger les liens économiques étroits entretenus par le Japon avec son voisin.
La résolution appelle le gouvernement japonais à travailler avec la communauté internationale sur la question des droits de l’homme en Chine afin de mettre en oeuvre « des mesures d’allègement exhaustives ».
Elle ne mentionne pas directement la Chine et n’inclut pas des expressions comme « violations des droits de l’homme », utilisant plutôt « situation des droits de l’homme » – une approche prudente qui pourrait être destinée à protéger les liens économiques sino-japonais.
(Reportage Kiyoshi Takenaka; version française Jean Terzian)