Les enlèvements en Haïti soulignent le pouvoir accru des gangs, selon des experts
L’association Christian Aid Ministries (CAM), basée dans l’Etat américain de l’Ohio, a évacué son personnel en Haïti pendant neuf mois à cause de l’instabilité politique dans le pays caribéen, avant de l’y installer de nouveau l’an dernier, est-il indiqué dans son rapport annuel 2020.
L’enlèvement de 17 de ses missionnaires, au cours du week-end, a mis en exergue une autre inquiétude, grandissante.
« Auparavant, notre préoccupation principale était la stabilité politique sur fond d’importantes manifestations antigouvernementales », a déclaré Control Risks, cabinet de conseil basé à Londres qui travaille avec des ONG internationales et des entreprises, dont des clients en Haïti.
« Désormais, nous sommes focalisés sur l’apport d’une meilleure compréhension du pouvoir accru des groupes criminels et de l’environnement politique extrêmement volatile », a-t-il poursuivi dans un courriel transmis lundi à Reuters.
Ces derniers mois, à mesure que s’est amplifiée la crise politique et économique en Haïti, les enlèvements sont devenus encore plus habituels.
Selon un rapport du Centre d’analyse et de recherche sur les droits de l’homme, une ONG locale, au moins 628 incidents se sont produits au cours des neuf premiers mois de l’année.
Control Risks, sans donner de précisions comptables, a déclaré que le nombre d’enlèvements dans la capitale haïtienne Port-au-Prince était cette année largement supérieur à ceux recensés dans des zones métropolitaines du continent américain comme Sao Paulo au Brésil ou Mexico.
A Haïti, neuf enlèvements sur dix se produisent à Port-au-Prince et dans ses environs, a indiqué la firme britannique à Reuters.
Proportionnellement au nombre d’habitants, Haïti est le pays au monde le plus touché par le phénomène, selon Control Risks.
Les cibles des enlèvements sont généralement des membres de la classe moyenne haïtienne.
Une grève générale a été décrétée lundi sur l’île pour protester contre les enlèvements.
Hope for Haiti, une organisation caritative oeuvrant dans le sud du pays pour y améliorer les infrastructures, les soins de santé et faciliter l’accès à l’éducation, a suspendu l’an dernier tous les déplacements de son personnel en direction de Port-au-Prince, a déclaré son PDG dans un entretien téléphonique.
« J’ai été assez surpris quand j’ai entendu qu’il y avait un car (…) de 17 personnes circulant autour de Port-au-Prince », a dit Skyler Badenoch, dont l’organisation est basée en Floride et compte plus de 100 employés en Haïti, à propos des missionnaires de CAM enlevés au cours du week-end.
Aucun commentaire n’a été obtenu auprès de CAM.
D’après son rapport annuel, la plupart des missions de CAM sont effectuées à La Source, dans l’ouest loin de Port-au-Prince, et à Titanyen, en périphérie nord de la capitale.
Haïti a vu sa situation déjà précaire se dégrader depuis l’assassinat en juillet du président Jovenel Moïse.
(Reporting by Maria Caspani in New York and Brad Brooks in Lubbock, Texas; Editing by Donna Bryson and Aurora Ellis)
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