Des manifestations du parti Les Transformateurs violemment réprimées à N’Djaména
Des manifestations du parti Les Transformateurs violemment réprimées à N’Djaména
Du 1er au 3 septembre 2022, plusieurs tentatives de regroupements des militants et sympathisants du parti Les Transformateurs ont été violemment dispersées par les forces de sécurité à N’Djaména.
Des scènes de violences, parfois insoutenables, sont observées dans les quartiers de la commune du 7ème arrondissement de N’Djaména. Le secteur de la capitale tchadienne où se trouve le siège du parti Les Transformateurs, l’un des grands absents au dialogue national. Dans le même temps, une commission ad hoc mise en place par le présidium du dialogue national inclusif et souverain (DNIS) et le « groupe des religieux et des ainés » sont en négociations avec les acteurs mécontents et absents du dialogue national en vue d’une plus large participation aux assises qui se tiennent depuis le 20 août.
Selon les sources, 84 à 500 personnes sont arrêtées par les forces de sécurité au bout de 3 jours. Plusieurs résidents des habitations situées aux alentours du siège des Transformateurs se sont plaints des effets dévastateurs du gaz lacrymogène tiré par les forces de sécurité pour disperser les manifestants. En particulier sur des nourrissons, des femmes enceintes et personnes âgées. Les journalistes n’ont pas été épargnés. Le journaliste et animateur Ali Haroun de la radio vision FM a été arrêté, tandis que la journaliste Aristide Djimaldé de Alwihda Info a été violemment tabassée.
Un meeting du parti Les Transformateurs était prévu dans l’après-midi du 3 septembre au siège du balcon et dénommé le « dialogue du peuple ». A partir du 1er septembre, quelques militants du parti seraient en train de mobiliser leurs bases pour la circonstance lorsqu’ils sont appréhendés par les forces de sécurité. Selon le Directeur général de la Police nationale, Moussa Haroun Tirgo, il s’agit d’« un groupe de 84 individus se réclamant du parti Les Transformateurs, interpellés pour manifestation non autorisée et troubles à l’ordre public ». Cet effectif a augmenté les 2 jours suivants.
Dans la matinée du 3 septembre, le président du parti Les Transformateurs, Succès Masra a dénoncé la violence et la brutalité des forces de sécurité et il a informé que le siège de son parti est « encerclé depuis 3 heures du matin ». Il a aussi signifié qu’une proposition leur a été faite « d’annuler le dialogue du peuple de ce 3 septembre 2022 contre la libération de 164 militants et mobilisateurs arbitrairement arrêtés ». Une proposition rejetée par son parti. Le nombre de personnes est révisé à 162 par Succès Masra dans la soirée du 3 septembre sur une chaine française.
Plusieurs voix se sont élevées pour soutenir Les Transformateurs. Dans un communiqué du 2 septembre, les « Signataires de la Déclaration du 19 mai », dont le Collectif Wakit Tama, le GRA-Appel du 1er juin et la Plateforme de la diaspora tchadienne, ont noté « avec stupeur et effroi la répression qui s’abat depuis le 1er septembre 2022 contre les Transformateurs, avec l’arrestation arbitraire de 91 de ses militants et l’encerclement de son siège ». Ils ont dénoncé « avec force cette atteinte grave à la démocratie par le CMT [le Conseil militaire de transition], qui démontre sa mauvaise foi et sa mauvaise volonté d’aller vers un dialogue sincère ».
A la même date du 2 septembre, de son côté, le FACT a condamné « avec la dernière énergie ces arrestations arbitraires des militants des Transformateurs et exige la libération de toutes les personnes entravées de liberté ». Des arrestations, qui selon le FACT, surviennent « au moment où les négociations se poursuivent sous la houlette des ainés et des religieux d’une part et du comité ad hoc d’autre part ».
L’ex chef rebelle devenu un des leaders de l’opposition politique, Yaya Dillo Djerou qui a voulu rendre visite au président des Transformateurs s’est vu refusé l’accès au siège du parti par les forces de sécurité. « Nous avons constaté que les forces de l’ordre ont élu carrément domicile avec des bâches déjà installées aux alentours du siège du parti Les Transformateurs » a-t-il affirmé. « L’accès nous été refusé sous prétexte que l’ordre vient d’en-haut » a informé Yaya Dillo.
Dans un entretien à la télévision nationale au soir du 3 septembre, le Ministre de la Sécurité Publique, Idriss Dokony Adiker, a soutenu pour sa part que « le gouvernement est animé d’une bonne volonté. La preuve : parmi ceux qui ont manifesté hier, nous avons libéré déjà toutes les femmes ». Il a également affirmé que son « rôle c’est d’assurer la sécurité (…) de Masra, des autres citoyens et tous ceux qui vont vers Masra pour faire ce meeting ».
Yamingué Bétinbaye
Docteur en géographie
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