Covid-19 : « Je sors d’une semaine de quarantaine au Tchad »
De retour du Cameroun, un membre de la rédaction du Journal Chrétien s’est retrouvé en quarantaine à son arrivée à la frontière tchadienne. Au bout de huit jours, il a pu observer de l’intérieur un maillon fondamental du modèle de gestion de la pandémie dans un pays d’Afrique subsaharienne. Avec ses mécanismes et ses failles, qui frisent parfois la dérive.
Quand les évangéliques sont attaqués, calomniés ou traités avec mépris par les médias traditionnels, un silence de notre part ne serait pas chrétien. Une telle attitude montrerait un renoncement suspect à se faire respecter et à exiger des médias mondains un tel respect. Ensemble, faisons du Journal Chrétien un contre-pouvoir d'influence.
Lorsque nous embarquions avec un groupe d’amis à Ngaoundéré, chef-lieu de la province camerounaise de l’Adamaoua, dans la matinée du 2 septembre 2020, nous ne doutions de rien. Chacun avait en poche son résultat négatif au test Covid-19, réalisé le même jour à l’hôpital régional de la ville. Ainsi, en partant de l’hypothèse d’une validité de 24 heures des résultats, chacun venait pour passer aisément la frontière. Seulement, le 3 septembre à 7 heures du matin, à la barrière frontalière de Koutéré, nous devrions nous rendre à l’évidence que la quarantaine était systématique pour tous ceux qui arrivaient aux portes tchadiennes.
La première étape est la récupération des documents de voyage de tous les passagers par un service de santé installé sous un hangar de bâche. Sous la surveillance de deux agents des forces de sécurité, un quinquagénaire aux mains tremblantes prend difficilement les paramètres des voyageurs, notamment les noms, âge, provenance, destination et température. Une foule est massée autour de lui, sans respect aucun des mesures barrières. L’un des agents de sécurité éternue et un voyageur lui rappelle de le faire dans son coude.
L’étape suivante est celle de l’hébergement. La centaine de voyageurs, femmes et hommes, sont logés dans une seule grande tente d’une pièce. Les toilettes situées à une dizaine de mètres de part et d’autre de la tente sont exigües et insalubres. Bien des nouveaux résidents préfèrent utiliser la broussaille environnante comme sanitaire. Des employés d’un Projet de l’Organisation Internationale des Migrations (OIM) viennent à la rescousse en offrant de façon sélective des nattes, couvertures, seaux, bidons, pagnes et trois repas par jour.
Après trois jours passés dans ce camp installé à la frontière, deux bus sont envoyés sur le site pour transférer les voyageurs de Koutéré au site de la quarantaine proprement dite, situé à l’Université de Moundou. Ce sont ainsi environ 120 personnes qui sont transportés par voie terrestre, encore une fois sans respect de la distanciation physique ni port obligatoire de masque facial, dans cette ville du sud du Tchad. Les conditions d’accueil sur le nouveau site sont similaires à celles de la frontière.
Les déportés de Koutéré étaient censés être soumis au test Covid-19 à leur arrivée sur le site de Moundou pour des résultats disponibles 48 heures plus tard et déterminant leur sortie ou non de la quarantaine. Néanmoins, c’est trois jours plus tard que le test leur est administré par une équipe arrivée en catastrophe vers 18 heures et qui a dû réaliser les prélèvements jusqu’à 21 heures.
La dernière étape est celle des résultats du test, donnés effectivement 48 heures après les prélèvements. Sur la cent-vingtaine d’échantillons prélevés, il y a un cas de Covid-19 confirmé et deux cas suspects. Tous les autres échantillons se sont avérés négatifs, sonnant la fin de quarantaine pour les sujets testés.
Sur le site de la quarantaine à l’Université de Moundou, plusieurs fausses-notes toutefois sont remarquées. D’abord la promiscuité et le manque d’assainissement. Par exemple, les locaux ne sont pas systématiquement désinfectés avant l’accueil de nouveaux résidents et comme à Koutéré, les toilettes sont insalubres et inconfortables. Par ailleurs, la nourriture servie est de qualité douteuse, à l’image d’ailleurs de l’information que les résidents reçoivent sur leur sort.
Enfin, les agents des forces de défense et de sécurité déployés sur le site y appliquent des principes de gestion similaires à ceux qui sont employés dans les établissements pénitentiaires. Ils n’hésitent pas, non plus, à user de violence verbale et physique envers des résidents. Un tableau complété par des relents de corruption. En effet, des agents de la santé en service sur le site de la quarantaine ont suggéré, sans succès, à certaines personnes un test au plus vite contre un paiement de 15.000 francs CFA.
Yamingué Bétinbaye
Docteur en géographie
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Quand les évangéliques sont attaqués, calomniés ou traités avec mépris par les médias traditionnels, un silence de notre part ne serait pas chrétien. Une telle attitude montrerait un renoncement suspect à se faire respecter et à exiger des médias mondains un tel respect.
Lorsque les pasteurs et les églises évangéliques sont attaqués, le critère de la solidarité chrétienne doit jouer. Comment nous dire membres du Corps du Christ si nous restons indifférents à la persécution de certains d’entre nous, souvent réduits au silence et incapables de faire valoir leurs droits ou, tout simplement, de se faire respecter comme chrétiens ou communautés évangéliques ?
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Evidemment, ici comme ailleurs, la réticence de la part des chrétiens à agir comme des groupes de pression constitue une difficulté majeure. Mais, là encore, ne faudrait-il pas s’interroger sur notre dispersion et nos réticences à agir comme lobby, quand il s’agit de défenses des libertés et droits humains fondamentaux ?
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