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Niger: La junte arrête plusieurs ministres, l’émission de la dette annulée

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NIAMEY (Reuters) – La junte militaire qui a pris le pouvoir la semaine dernière au Niger a arrêté des dirigeants politiques issus du gouvernement renversé, a annoncé lundi leur parti politique, alors que les appels de la communauté internationale se multiplient pour un retour à l’ordre démocratique.

L’agitation politique s’est aussi propagée au secteur financier, alors que des sources ont affirmé que la banque centrale régionale a annulé une émission d’obligations de 30 milliards de francs CFA (environ 45 millions d’euros) par le Niger prévue lundi sur le marché ouest-africain de la dette.

Cette décision intervient après la mise en place de sanctions de la part de l’Union africaine, de l’Union européenne et d’autres puissances qui ont condamné le coup d’Etat contre le président démocratiquement élu Mohamed Bazoum.

La junte a par ailleurs affirmé lundi que le gouvernement renversé avait autorisé la France à conduire des frappes sur le palais présidentiel pour tenter de libérer Mohamed Bazoum. Des responsables militaires ont aussi accusé Paris d’avoir recouru à la force létale pour disperser dimanche des manifestants devant son ambassade à Niamey.

S’exprimant à la télévision publique, le colonel Amadou Abdramane, l’un des officiers ayant mené le putsch, a déclaré sans apporter de preuve que l’autorisation de mener une opération contre le palais présidentiel a été signée par le ministre des Affaires étrangères, Hassoumi Massoudou, agissant en tant que Premier ministre par intérim.

« Contrairement à ce qu’affirment certains responsables militaires nigériens, aucun moyen létal n’a été utilisé par les forces de sécurité françaises », ont dit dans un communiqué conjoint le ministère français des Affaires étrangères et le ministère français des Armées, dénonçant une attaque contre l’ambassade « par des groupes visiblement préparés ».

Par la suite, dans un entretien à BFM TV, la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a démenti « formellement » les accusations concernant une intervention devant l’ambassade française à Niamey.

« DÉSTABILISATION RUSSO-AFRICAINE »

« Ce qu’on a vu hier, c’est une manifestation organisée, violente, extrêmement dangereuse avec des cocktails Molotov, des drapeaux russes qui sont apparus, des slogans anti-français copiés-collés de ce qu’on peut voir ailleurs, donc tous les ingrédients habituels de la déstabilisation russo-africaine », a-t-elle dit, appelant au « retour de l’ordre constitutionnel » au Niger.

Le Quai d’Orsay a fait savoir dans une déclaration à Reuters que la France n’avait pas « d’autre objectif » que la sécurité de ses ressortissants dans le pays, une priorité de nouveau soulignée aussi par Emmanuel Macron.

Le président français suit « activement la situation », a indiqué l’Elysée, ajoutant qu’il a échangé à « plusieurs reprises » avec Mohamed Bazoum et Mahamadou Issoufou ainsi qu’avec les dirigeants de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui ont fixé ce week-end un ultimatum aux auteurs du putsch à Niamey.

La France a demandé que Mohamed Bazoum soit rétabli dans ses fonctions, sans annoncer son intention d’intervenir militairement.

D’après le Parti pour la démocratie et le socialisme (PNDS-Tarayya), la junte a arrêté lundi les ministres des Mines, de l’Intérieur, du Transport ainsi qu’un député.

Le dirigeant de l’ancien parti au pouvoir et ministre du Pétrole, Mahamane Sani Mahamadou, qui est aussi le fils de l’ancien président Mahamadou Issoufou, a également été arrêté, a ajouté le PNDS-Tarayya.

Ces arrestations viennent confirmer la nature « répressive et dictatoriale » du coup d’Etat, a indiqué dans un communiqué le parti, qui a demandé aux citoyens nigériens de se rassembler pour protéger la démocratie.

LE KREMLIN FAIT PART DE SON INQUIÉTUDE

Le président tchadien Mahamat Idriss Deby s’est rendu au Niger au cours du week-end pour une tentative de médiation avec la junte nigérienne. Tôt lundi, il a posté de premières images de Mohamed Bazoum depuis le coup d’Etat, où le président déchu, reclus depuis jeudi dans le palais présidentiel, apparaît souriant et apparemment indemne.

Mahamat Idriss Deby a dit avoir rencontré Mohamed Bazoum et le général Abdourahamane Tiani, qui mène la junte nigérienne, « dans une approche fraternelle qui vise à explorer toutes les pistes afin de trouver une issue pacifique à la crise ».

L’Union européenne, la France et d’autres pays affirment toujours reconnaître Mohamed Bazoum comme le président légitime du Niger.

L’Allemagne a dit lundi ne pas prévoir pour l’heure l’évacuation de ses ressortissants et soldats présents au Niger, selon un porte-parole du ministère de la Défense et des Affaires étrangères.

De son côté, la Russie a exprimé son inquiétude concernant la situation au Niger alors même que le chef du groupe paramilitaire russe Wagner, Evguéni Prigojine, qui détient des intérêts importants en Afrique, a salué le coup d’Etat.

« Nous sommes favorables au rétablissement rapide de l’État de droit dans le pays, nous sommes favorables à la retenue de toutes les parties afin d’éviter les pertes humaines », a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Dans un message diffusé la semaine dernière sur les réseaux sociaux, Evguéni Prigojine a offert les services de Wagner à la junte militaire qui a pris le pouvoir à Niamey.

(Reportage Boureima Balima et Abdel-Kader Mazou, avec Anait Miridzhanian et Bate Felix; version française Blandine Hénault et Zhifan Liu, édité par Tangi Salaün et Jean Terzian)

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