« L’homosexualité est perçue comme contre nature en Afrique et l’Eglise est restée comme un rempart »
L’anthropologue tchadien, Dr Hoinathy Remadji, soutient que la prise de position du Pape François sur la question de l’homosexualité, parce que contestée par des chrétiens en Afrique, pourrait affaiblir la parole et l’autorité du Pape sur le continent.
Pour mémoire, dans un documentaire-portrait du Pape François réalisé par Evgeny Mikhailovich Afineevsky intitulé « Francesco » et présenté le 21 octobre 2020, le Souverain Pontifie a déclaré que « les personnes homosexuelles ont droit à être dans une famille ». Il a aussi plaidé pour « une loi d’union civile » pour leur permettre « d’être légalement protégées ».
Dr Hoinathy Remadji: « L’Eglise catholique a sa façon de communiquer sur les grandes questions de l’humanité qui peuvent engager la foi ou la vie de ses fidèles. Parler dans un documentaire, il faut d’abord le souligner, est assez nouveau comme approche de l’Eglise catholique pour donner son avis sur une question aussi importante que la question de l’homosexualité, de son acceptation ou non par l’Eglise. Cependant, quels que soient la forme et les moyens pris pour communiquer, il va de soi que l’avis du Souverain Pontife, ne peut pas laisser indifférente la communauté catholique internationale, y compris l’Afrique qui reste en ce moment un des grands terreaux du catholicisme.
Je pense que cet avis n’est pas fortuit. Il va de soi que l’Eglise, comme toute la société fait face à ce dilemme quant à l’acceptation ou le refus de l’homosexualité. L’Afrique aussi fait face à débat où, d’un côté il y a beaucoup d’Africains, chrétiens ou non, qui restent rebutants à la réalité de l’homosexualité comme mode et manière de vivre. Et l’Afrique reçoit beaucoup de pression de la part des pays occidentaux qui ont légalisé, dans une certaine mesure, l’homosexualité comme mode de vie et ont légiféré à propos du mariage homosexuel. C’est donc un débat qui est dans l’air du temps et l’Eglise ne peut y échapper.
Le discours du Pape n’a pas laissé indifférent sur le continent Africain. Les très rares personnes avec qui j’ai eu l’opportunité de discuter sont tous retournés. Les gens sont perdus. Si vous voulez la vérité, c’est que les fidèles catholiques africains sont perdus. Il y avait déjà ce débat dans nos sociétés et toutes les pressions que celles-ci reçoivent disent certainement un changement à venir pour nos sociétés, dans le sens de s’aligner sur les habitudes globalisantes, de s’aligner sur ce qui se fait au niveau international, au risque de paraître archaïques ou contre les droits de l’Homme. En ce sens, l’Eglise est restée un rempart parce qu’elle représente une certaine tradition contre cette pratique qui, pour beaucoup en Afrique, est jugée comme contre nature. Ainsi, que l’Eglise se mette à vaciller, cela fait derrière vaciller, la foi de nombreux chrétiens sur cette question. Ceux et celles avec qui j’ai discuté sont clairs : ils ne sont pas d’accord avec cette pratique et ils ne sont pas d’accord avec cette position du Pape si elle venait à devenir une position de l’Eglise.
Il faut dire que l’autorité du Souverain Pontife, ou l’autorité de sa parole risque de s’en trouver amoindrie, si jamais des clarifications ne sont pas faites explicitement sur la position de l’Eglise sur cette question-là. Je ne sais pas si la voie choisie était la meilleure, mais l’Eglise a l’habitude de discuter de ses grandes questions à l’occasion des synodes et des rencontres où un avis est arrêté de commun accord. Je ne sais donc pas d’où vient cette position du Pape. L’Eglise, à travers, le Souverain Pontife, est-elle en train de céder devant les pressions du monde exigeant qui veut une reconnaissance par tous du droit des homosexuels à une vie de famille ?
Ce qu’on peut dire, c’est que les chrétiens sont perdus. Entre la parole de l’Eglise traditionnelle et cette prise de position du Pape dans un documentaire, à quoi doivent-ils s’en tenir aujourd’hui ? L’Eglise va-t-elle, à la longue, accepter la pratique de l’homosexualité comme une pratique que les chrétiens devraient aussi suivre ? A mon avis, l’autorité du Souverain Pontife et sa parole gagneraient à être absolument redorées dans le sens d’un message clair à l’intention des chrétiens. »
Yamingué Bétinbaye
Docteur en géographie
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