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EN DIRECT – Gabon : Ali Bongo Ondimba est en résidence surveillée

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Le président gabonais Ali Bongo Ondimba est assigné à résidence à la suite du coup d’Etat militaire mené plus tôt dans la journée par le général Brice Oligui Nguema, d’après ce communiqué des militaires réunis au sein du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI). Son fils, Nourreddin Bongo, le secrétaire général du Parti démocratique gabonais et d’autres cadres de la présidence ont été arrêtés, selon le même communiqué.
Un groupe d’officiers supérieurs de l’armée gabonaise a annoncé mercredi avoir pris le pouvoir et placé sous résidence surveillée le président Ali Bongo, quelques instants après l’annonce de sa réélection pour un troisième mandat.

Dans une annonce diffusée à la télévision dans la nuit de mardi à mercredi, une dizaine d’officiers ont déclaré que le résultat des élections de samedi était annulé, que toutes les frontières étaient fermées jusqu’à nouvel ordre et que les institutions de l’État étaient dissoutes.

Ils se sont présentés comme des membres d’un Comité de Transition et de Restauration des Institutions et ont dit représenter toutes les forces de sécurité et de défense du Gabon.

S’il venait à se confirmer, ce coup d’Etat serait le huitième depuis 2020 en Afrique de l’Ouest et centrale. Il mettrait fin à l’hégémonie de la famille Bongo au pouvoir depuis 56 ans.

Il risque également d’affaiblir davantage la place de la France en Afrique, alors que des juntes ont déjà pris le pouvoir au Mali, en Guinée, au Burkina Faso et, le mois dernier, au Niger. Paris a condamné ce coup d’Etat.

Les militaires putschistes ont annoncé mercredi soir avoir désigné comme « président de la transition » le général Brice Oligui Nguema, chef de la garde républicaine – la garde prétorienne d’Ali Bongo.

La télévision nationale avait diffusé en milieu de journée des images d’un homme en treillis et béret vert porté en triomphe par des soldats scandant « Oligui président ».

Ali Bongo est « mis à la retraite (et) jouit de tous ses droits », a déclaré au Monde, avant sa désignation officielle comme chef de la transition, Brice Oligui Nguema.

« Il n’avait pas le droit de faire un troisième mandat, la Constitution a été bafouée, le mode d’élection lui-même n’était pas bon. Donc l’armée a décidé de tourner la page, de prendre ses responsabilités », a-t-il ajouté, soulignant « la grogne » dans le pays et « la maladie du chef de l’Etat », affaibli depuis un AVC en 2018.

Les officiers militaires ont annoncé avoir placé en résidence surveillée Ali Bongo, 64 ans, et arrêté son fils, Noureddin Bongo Valentin, ainsi que d’autres personnes pour des accusations de corruption et de trahison.

PRÉSENCE FRANÇAISE

Dans une vidéo diffusée en ligne, qui semble avoir été filmée depuis sa résidence surveillée, Ali Bongo a demandé à la communauté internationale de « faire du bruit » pour lui apporter son soutien.

« Des gens ici m’ont arrêté ainsi que ma famille. Mon fils est quelque part, mon épouse se trouve dans un autre endroit (…) Pour l’instant, je suis à la résidence et rien ne se passe. Je ne sais pas ce qui se passe », dit-il, en anglais, face caméra, assis sur une chaise dans une pièce richement meublée.

BTP Advisors, une agence de communication ayant étroitement collaboré à la campagne électorale d’Ali Bongo, a confirmé l’authenticité de la vidéo.

S’exprimant calmement, sans signe apparent de mauvais traitement, le président déchu dit vouloir « envoyer un message à tous les amis que nous avons à travers le monde, pour leur dire de faire du bruit ».

La France « condamne le coup d’Etat militaire qui est en cours au Gabon », a déclaré à Paris Olivier Véran, porte-parole du gouvernement. « Nous rappelons notre attachement à des processus électoraux libres et transparents », a-t-il ajouté.

Selon le ministère des Armées, quelque 350 soldats français sont positionnés au Gabon.

Dans un contexte de ressentiment croissant à l’égard de la France, ancienne puissance coloniale en Afrique, Paris a été contraint de retirer à ses troupes du Mali et du Burkina Faso, à la demande des militaires au pouvoir, tandis que ses accords militaires avec le Niger ont été révoqués par les putschistes, fragilisant davantage sa présence dans la région du Sahel.

Des centaines de personnes étaient descendues dans la matinée dans les rues de la capitale Libreville pour célébrer l’annonce du putsch, qui semble avoir été filmée depuis le palais présidentiel.

Jusqu’alors, le calme régnait dans les rues, même si des coups de feu avaient été brièvement entendus peu après la première intervention télévisée des putschistes. Des policiers ont depuis lors été déployés pour surveiller les principaux carrefours de la ville.

RECUL DÉMOCRATIQUE

Le contexte au Gabon est différent du Niger et des autres pays du Sahel, où les violences de groupes islamistes ont érodé la confiance de la population dans les gouvernements élus démocratiquement.

Un coup d’Etat dans ce pays d’Afrique centrale, producteur de pétrole, serait néanmoins perçu comme un nouveau signe de recul démocratique dans une région de plus en plus instable.

Ali Bongo a déjà effectué deux mandats présidentiels après avoir succédé à son père Omar Bongo, décédé en 2009 après avoir conservé le pouvoir depuis 1967.

Ses détracteurs l’accusent de ne pas avoir fait profiter une population de quelque 2,3 millions d’habitants, dont un tiers vit dans la pauvreté, des richesses tirées de la production pétrolière.

« Aujourd’hui, le pays traverse une grave crise institutionnelle, politique, économique et sociale », ont déclaré les putschistes, estimant que les élections du 26 août ont manqué de transparence et de crédibilité.

« Au nom du peuple gabonais, et garant de la protection des institutions, nous avons décidé de défendre la paix en mettant fin au régime en place », ont-ils ajouté.

Les tensions étaient de plus en plus vives dans le pays, alors que les élections présidentielle et législatives de samedi ont été entachées par des allégations de fraude d’Ali Bongo, démenties par l’entourage de ce dernier.

Des inquiétudes sur la transparence du processus électoral ont été alimentées par l’absence d’observateurs internationaux, la suspension de certaines chaînes de télévision étrangères et la décision des autorités de couper l’accès à internet et d’imposer un couvre-feu nocturne dans tout le pays.

Plusieurs heures après l’annonce des officiers, le réseau internet semblait rétabli pour la première fois depuis les élections de samedi, a constaté un journaliste de Reuters.

Un peu plus tôt, le président du Centre gabonais des élections (CGE) avait annoncé qu’Ali Bongo avait remporté un troisième mandat avec 64,27% des voix contre 30,77% pour son principal adversaire, Albert Ondo Ossa.

Le groupe minier français Eramet a annoncé la suspension de ses activités, citant le contexte sécuritaire. Il a par la suite indiqué que son activité de fret ferroviaire reprendrait ce mercredi soir et son activité de production de manganèse, jeudi matin.

TotalEnergies, présent aussi dans le pays, a dit pour sa part être mobilisé pour la sécurité de ses employés, sans préciser l’impact sur ses opérations locale.

(Reportage Gerauds Wilfried Obangome, avec la contribution d’Alessandra Prentice, Edward McAllister Sofia Christensen, Sudip Kar Gupta et Liz Lee; version française Camille Raynaud, Zhifan Liu, Blandine Hénault et Jean Terzian, édité par Tangi Salaün, Kate Entringer et Bertrand Boucey)

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