Zelensky au centre de la conférence sur la sécurité en Asie, la Chine à l’offensive sur Taïwan
par Xinghui Kok et Fanny Potkin
SINGAPOUR (Reuters) – La présence surprise du président ukrainien Volodimir Zelensky à la plus grande conférence sur la sécurité en Asie a dominé les débats dimanche, tandis que le ministre chinois de la Défense a évoqué des « séparatistes » à Taïwan, suscitant une vive réaction de la part du gouvernement de Taipei.
Vêtu de son habituel tee-shirt vert olive, Volodimir Zelensky s’est exprimé au dernier jour du Shangri-La Dialogue à Singapour, le plus important forum sur les questions politico-militaires en Indo-Pacifique. Il a demandé aux délégations le soutien et la participation à un sommet qui se tiendra en Suisse à la fin du mois et dont l’objectif est de ramener la paix dans son pays ravagé par la guerre.
« Nous sommes convaincus que notre monde veut être uni et capable d’agir en parfaite harmonie », a-t-il déclaré dans une salle réunissant des délégués en tenue d’affaires et en uniforme militaire.
L’agence Reuters a été la première à rapporter que Volodimir Zelensky ferait une apparition non prévue à cette conférence, sa deuxième visite en Asie depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en 2022.
Volodimir Zelensky a indiqué lors d’une conférence de presse n’avoir pas pu rencontrer la délégation chinoise lors de ce forum, exprimant sa déception que Pékin ne participe pas au sommet.
« Malheureusement, la Chine s’efforce d’inciter les pays à ne pas venir au sommet de la paix », a-t-il déclaré.
UNE « RÉUNIFICATION » PACIFIQUE?
Avant l’apparition de Volodimir Zelensky, le ministre chinois de la Défense, Dong Jun, avait déclenché un tollé en affirmant que les perspectives d’une « réunification » pacifique de Taïwan s’amenuisaient, s’engageant à ce que l’île n’accède jamais à l’indépendance.
La Chine considère Taïwan, gouvernée démocratiquement, comme une partie intégrante de son territoire, malgré les fortes objections du gouvernement de Taipei. Le mois dernier, elle a organisé des manoeuvres autour de l’île pour protester contre l’investiture du président Lai Ching-te, traité de « séparatiste » par Pékin.
« Ces séparatistes ont récemment fait des déclarations fanatiques qui montrent qu’ils ont trahi la nation chinoise et leurs ancêtres. Ils seront cloués au pilori de la honte dans l’histoire », a déclaré Dong Jun.
Il a ajouté que, même si la Chine s’est engagée en faveur d’une réunification pacifique avec Taïwan, l’Armée populaire de libération (PLA ou People’s Liberation Army) « restera une force puissante pour défendre la réunification nationale ».
Le Conseil des affaires continentales de Taïwan, qui élabore la politique à l’égard de la Chine, a dit regretter profondément ces propos « provocateurs et irrationnels » et a réaffirmé que la République populaire de Chine n’avait jamais gouverné l’île.
La Chine a menacé à plusieurs reprises de recourir à la force contre Taïwan lors de rencontres internationales, et ses menaces enfreignent la charte des Nations unies, a déclaré le conseil dans un communiqué.
Un responsable américain, s’exprimant sous couvert d’anonymat, a jugé que le discours de Dong Jun n’apportait rien de nouveau.
« Chaque année depuis trois ans, un nouveau ministre chinois de la Défense vient au Shangri-La Dialogue. « Et chaque année, il prononce un discours en totale contradiction avec la réalité de l’activité coercitive de la PLA dans la région. Cette année n’a pas dérogé à la règle », a-t-il dit.
Le discours de Dong Jun intervient au lendemain des déclarations du secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, qui a dit aux délégués que la région indo-pacifique demeurait une priorité pour les Etats-Unis, malgré les guerres en Ukraine et dans la bande de Gaza.
« Permettez-moi d’être clair: les Etats-Unis ne peuvent être en sécurité que si l’Asie est en sécurité », avait déclaré samedi Lloyd Austin. « C’est la raison pour laquelle les Etats-Unis maintiennent depuis longtemps leur présence dans cette région.
Dong Jun et Lloyd Austin se sont entretenus pendant plus d’une heure vendredi en marge de la conférence, leur première rencontre en tête-à-tête.
(Reportage Xinghui Kok, Fanny Potkin, Tom Westbrook et Idrees Ali à Singapour, Liz Lee à Pékin et Ben Blanchard à Taipei ; rédigé par Raju Gopalakrishnan)
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