Les USA veulent prendre le contrôle de la bande de Gaza, dit Trump
par Jeff Mason, Matt Spetalnick et Steve Holland
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WASHINGTON (Reuters) -Le président américain Donald Trump a promis mardi que les Etats-Unis prendraient le contrôle de la bande de Gaza afin de la développer économiquement une fois que les Palestiniens seraient relogés, une annonce qui pourrait mettre à mal la politique américaine à l’égard du conflit israélo-palestinien.
Donald Trump s’exprimait lors d’une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qu’il recevait à Washington pour des discussions considérées comme cruciales pour le Proche-Orient.
Le président républicain avait proposé plus tôt de reloger de manière permanente les habitants de la bande de Gaza hors de l’enclave palestinienne, qu’il a décrite comme un « site de démolition ».
« Les Etats-Unis vont prendre le contrôle de la bande de Gaza, et nous y ferons du bon travail », a-t-il dit sans fournir plus de détails.
« Si cela est nécessaire, nous le ferons. Nous en prendrons le contrôle, nous y créerons des milliers et des milliers d’emplois et ce sera quelque chose dont tout le Moyen-Orient pourra être très fier », a ajouté Donald Trump.
Benjamin Netanyahu a déclaré que Donald Trump avait « des idées innovantes » et « démontrait une volonté de dépasser les idées reçues ».
L’AUTORITÉ AMÉRICAINE EN QUESTION
Donald Trump n’a toutefois pas précisé comment, ni sous quelle autorité, les Etats-Unis pourraient prendre le contrôle de la bande de Gaza et l’occuper à long terme.
« Je vois une position de contrôle à long terme, et je vois cela apporter une plus grande stabilité à cette partie du Moyen-Orient », a-t-il dit, ajoutant qu’il avait parlé aux dirigeants de la région et que ces derniers soutenaient son projet.
« J’ai étudié cette question de très près durant de nombreux mois », a précisé Donald Trump, qui a dit vouloir se rendre dans la bande de Gaza.
Peu avant l’arrivée de Benjamin Netanyahu – le premier dirigeant étranger reçu à la Maison blanche depuis le début du second mandat de Donald Trump le 20 janvier -, le président américain avait réitéré sa demande que des pays voisins comme la Jordanie et l’Egypte accueillent les Palestiniens de Gaza.
Donald Trump a toutefois ajouté mardi qu’il était favorable à ce que cette réinstallation soit « permanente », déclarant que les Gazaouis n’avaient pas d’autre alternative que de quitter l’enclave, ravagée par plus de quinze mois d’une offensive menée par Israël en réponse à l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023.
Un responsable du Hamas, Sami Abou Zouhri, a condamné les déclarations de Donald Trump, estimant qu’elles représentaient une « expulsion de leur terre ».
« Nous les considérons comme une recette pour générer du chaos et de la tension dans la région car le peuple de Gaza ne laissera pas de tels plans devenir réalité », a-t-il dit.
Le président américain n’a fourni aucun détail sur la manière dont il envisageait un tel processus de relocalisation.
Cette idée s’inscrit dans la lignée de la volonté de l’extrême droite israélienne et contredit l’une des promesses de Joe Biden, qui s’était prononcé contre le déplacement massif des Palestiniens.
L’Arabie saoudite a souligné dans un communiqué son opposition à toute tentative de déplacer les Palestiniens, et a ajouté qu’elle n’établirait pas de liens avec Israël si un Etat palestinien n’était pas créé.
Des groupes de défense des droits de l’homme ont dénoncé par le passé une volonté de nettoyage ethnique.
Tout déplacement forcé de la population gazaouie constituerait une violation du droit international.
« SITE DE DÉMOLITION »
La visite de Benjamin Netanyahu à Washington a pour but de mettre en exergue les relations étroites qu’il entretient avec le président républicain des Etats-Unis, alors que des divergences étaient apparues avec le démocrate Joe Biden à propos de la manière dont Israël menait son offensive dans la bande de Gaza.
« C’est purement un site de démolition », a déclaré, à propos de la bande de Gaza, le locataire républicain de la Maison blanche avant l’arrivée du Premier ministre israélien.
« Si on pouvait trouver un petit bout parfait de territoire, ou plusieurs petits territoires, et leur bâtir dans la région de jolis endroits avec plein d’argent, (…) ce serait bien mieux que de retourner à Gaza », a-t-il ajouté devant des journalistes.
« Je ne sais pas comment (les Palestiniens) pourraient avoir envie de rester », a répondu Donald Trump à la question de savoir comment les dirigeants palestiniens et arabes réagiraient à sa proposition, alors qu’ils avaient fermement rejeté l’hypothèse de reloger les Gazaouis hors de l’enclave, même temporairement.
Quelques instants plus tard, avec Benjamin Netanyahu à ses côtés dans le Bureau ovale, Donald Trump a effectué des commentaires similaires, suggérant qu’il serait préférable pour les Palestiniens de quitter pour de bon la bande de Gaza et être logés « dans de belles maisons où ils pourront être heureux, où ils ne se feront pas tirer dessus, pas tuer ».
« Ils ne voudront pas revenir à Gaza », a-t-il dit.
L’avenir du cessez-le-feu fragile dans la bande de Gaza, ainsi que les moyens de contrer l’Iran et d’oeuvrer à la normalisation des liens entre Israël et l’Arabie saoudite, devaient être au coeur de l’entretien entre Donald Trump et Benjamin Netanyahu, lequel entend tourner la page de relations crispées avec l’ancien président américain Joe Biden.
(avec Kanishka Singh, Susan Heavey et Katherine Jackson; version française Jean Terzian et Camille Raynaud)