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Macron consulte, l’hypothèse d’un gouvernement d’union nationale évoquée

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par Elizabeth Pineau et Michel Rose

PARIS (Reuters) – Emmanuel Macron a demandé mardi à sa Première ministre Elisabeth Borne de rester en place pour expédier les affaires courantes et entamé deux jours de consultations avec les chefs de partis politiques pour « identifier des solutions constructives », dont celle d’un gouvernement d’union nationale, face au risque d’une paralysie du Parlement après le lourd revers subi par le bloc présidentiel au second tour des législatives.

Elisabeth Borne, fragilisée par le vote sanction dimanche contre la coalition « Ensemble! », qui finit loin de la majorité absolue avec 245 députés sur 577 à l’Assemblée nationale, a remis sa démission au président de la République, lequel l’a refusée « afin que le gouvernement puisse demeurer à la tâche », selon l’Elysée.

« La France continue à avancer et le gouvernement (est) au travail avec sa Première ministre », a déclaré la porte-parole du gouvernement, Olivia Grégoire, à l’issue d’une réunion de l’exécutif dirigée par Elisabeth Borne en début d’après-midi.

Trois ministres battues lors des législatives (Amélie de Montchalin à la Transition écologique, Brigitte Bourguignon à la Santé, Justine Bénin à la Mer), devraient démissionner prochainement selon la règle édictée par le camp présidentiel.

Parallèlement, Emmanuel Macron a reçu le président de LR (Les Républicains) Christian Jacob, le premier secrétaire du Parti socialiste Olivier Faure, le président du Modem François Bayrou, le délégué général de Renaissance (ex-LaRem), Stanislas Guerini, le secrétaire national du Parti communiste Fabien Roussel et la dirigeante du Rassemblement national Marine Le Pen. Des représentants de La France insoumise et des écologistes d’EELV ont également été conviés à l’Elysée.

Ces consultations, a déclaré la présidence, ont pour objectif « d’identifier les solutions constructives envisageables au service des Français ».

Cette tentative de mise en ordre des affaires nationales intervient alors qu’Emmanuel Macron doit entamer jeudi une séquence internationale qui le verra participer à un Conseil européen à Bruxelles, un sommet du G7 en Allemagne, un autre de l’Otan à Madrid, puis une conférence de l’Onu à Lisbonne.

« UNION NATIONALE » OU « GRANDE COALITION » ?

Face au risque d’un pays ingouvernable, plusieurs ténors du camp présidentiel ont avancé mardi l’hypothèse d’une large coalition voire d’un gouvernement d’union nationale, proposition qu’à en croire Fabien Roussel, Emmanuel Macron aurait lui-même mis sur la table.

« M. Macron m’a demandé si nous étions prêts à travailler dans un gouvernement d’union nationale et si une telle initiative était une solution pour sortir de la crise », a déclaré le dirigeant communiste sur LCI.

Après son entretien avec Emmanuel Macron, plus tôt dans la journée, François Bayrou avait déjà un appel à « s’approcher le plus près possible de l’union nationale ». « Il y a des bonnes volontés disponibles », avait assuré l’allié du chef de l’Etat.

Autre allié du président de la République dont il fut le premier chef du gouvernement, Edouard Philippe, dirigeant du mouvement Horizons, a évoqué de son côté l’hypothèse assez similaire d’une « grande coalition ».

« Nous nous trouvons pour la première fois en France dans une situation (…) inédite où nous allons devoir me semble-t-il constituer une coalition ou une grande coalition avec des gens qui spontanément n’ont pas envie de travailler ensemble », a-t-il déclaré sur BFMTV.

Christian Jacob a quant à lui réaffirmé que son parti, susceptible avec ses 61 élus de jouer un rôle pivot à l’Assemblée, rejetterait « toute logique de pacte, de coalition, ou de participation ». « Nos propositions sont sur la table, c’est au président lui-même de décider de ses choix », a-t-il dit.

Le patron de LR a précisé que son parti ne voterait pas la confiance au gouvernement en cas de vote à l’Assemblée à l’issue du discours de politique générale d’Elisabeth Borne, vote de confiance auquel la Première ministre n’est cependant pas tenue.

Emmanuel Macron « est contraint à une ‘reparlementarisation’ de la vie politique et c’est plutôt sain d’avoir à rendre des comptes », s’est félicité pour sa part Olivier Faure, avant son échange avec le chef de l’Etat.

BORNE A « ZÉRO LÉGITIMITÉ », ESTIME MÉLENCHON

Du côté de La France insoumise (LFI), fer de lance de la Nupes (union de la gauche), comme du Rassemblement national, les deux principales forces d’opposition après le scrutin de dimanche, on n’attendait pas grand-chose des discussions engagées par le président de la République.

« Les Français doivent être entendus dans ce qu’ils ont dit (…), (Emmanuel Macron) ne peut pas continuer la politique qu’il a menée parce que cette politique n’a pas obtenu la majorité absolue », a estimé Marine Le Pen, qui va prendre la présidence d’un groupe RN à l’Assemblée fort de 89 élus.

« Changer Elisabeth Borne pour mettre quelqu’un d’autre, ce n’est pas ça qui change quelque chose », a ajouté la dirigeante du RN, tout en promettant une opposition « constructive » au chef de l’Etat.

« Je crains qu’on ne trouve pas de terrain d’entente », a quant à lui jugé Manuel Bompard, député LFI des Bouches-du-Rhône, mettant en garde contre toute « solution de bricolage ».

« Il n’y pas de majorité pour (Elisabeth) Borne, pour le président de la République et il n’y en aura pas. Tôt ou tard, il faudra revenir devant les électrices et les électeurs », a-t-il dit.

Pour le chef de file de La France insoumise Jean-Luc Mélenchon, qui s’est rendu à l’Assemblée en compagnie des 75 élus LFI de la nouvelle chambre pour une photo de groupe, poing levé pour certains, Elisabeth Borne a « zéro légitimité ».

« Ici, c’est une démocratie, pas une monarchie. Il ne suffit pas que le monarque ait désigné quelqu’un pour que ça fonctionne. Nous sommes juste en train de perdre notre temps avant qu’elle s’en aille », a-t-il estimé.

La « majorité présidentielle derrière Elisabeth Borne » est « légitime pour agir, pour tenter de trouver un chemin pour protéger les Français » car elle « a reçu (…) le plus grand nombre de sièges à l’Assemblée nationale », a rétorqué le nouveau ministre des Comptes publics, Gabriel Attal, à la sortie de la réunion de Matignon.

Le député réélu Eric Woerth, ex-LR rallié à Emmanuel Macron lors de la campagne présidentielle, a quant à lui annoncé au Parisien sa candidature à la présidence de l’Assemblée nationale, dont l’élection est prévue mardi prochain.

Au moins quatre autres membres de la majorité présidentielle – Yaël Braun-Pivet, Joël Giraud, Roland Lescure et Barbara Pompili – ont fait connaître leur intérêt pour le « perchoir ».

(Reportage Elizabeth Pineau et Michel Rose, rédigé par Jean-Stéphane Brosse et Tangi Salaün)

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