Macron affiche sa volonté de dialogue avec Orban à Budapest
par Krisztina Than et Ingrid Melander
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BUDAPEST/PARIS (Reuters) – La France est prête à coopérer avec la Hongrie en dépit de divergences politiques importantes entre les deux pays, en particulier dans la perspective de sa présidence de l’Union européenne au premier semestre 2022, a déclaré lundi Emmanuel Macron à Budapest, au côté du Premier ministre nationaliste Viktor Orban.
Outre cette rencontre avec le chef du gouvernement hongrois, le président français s’est rendu à Budapest pour participer à une réunion du groupe de Visegrad, qui réunit les dirigeants hongrois, polonais, tchèque et slovaque, afin de « trouver des voies de convergence et faire oeuvre utile » pour promouvoir son ambition d’une Europe unie et solidaire.
Il a aussi rencontré des représentants de l’opposition au gouvernement Orban, tout en se défendant de s’immiscer dans la vie politique de la Hongrie où des élections législatives sont prévues en avril prochain.
Viktor Orban, qui a récemment reçu séparément Marine Le Pen et Eric Zemmour, a lui aussi refusé d’évoquer la vie politique en France à l’approche de la présidentielle du mois d’avril.
« Nous avons des désaccords politiques qui sont connus mais nous avons la volonté de travailler ensemble pour cette Europe et d’être des partenaires loyaux », a dit Emmanuel Macron.
Il a rappelé, en citant plusieurs points de divergence avec Budapest, que « le respect de l’Etat de droit et des droits fondamentaux, du pluralisme des médias, de la lutte contre les discriminations est au coeur du projet européen ».
Le président français a aussi évoqué « la nécessité de respecter chacun des Etats membres » afin « de nous tenir tous ensemble, fidèles à notre projet et respectueux les uns des autres ».
Alors que la France prendra dans moins de trois semaines la présidence du Conseil de l’Union européenne, le chef de l’Etat français avait déclaré la semaine dernière que le dirigeant nationaliste hongrois était à la fois un « opposant politique » et un « partenaire européen » avec lequel il est possible de parvenir à des compromis politiques.
« CONVERGENCES DE VUES »
Viktor Orban a validé ce constat lundi en évoquant lui aussi une relation bilatérale fondée sur le respect.
« Parce que la France est le pays des Encyclopédistes, elle est la meilleure pour ce qui est des définitions, donc nous acceptons la définition que M. le président a récemment employée selon laquelle nous sommes des opposants politiques et en même temps des partenaires européens », a-t-il dit.
Parmi les désaccords entre la France et la Hongrie figurent les droits de la communauté LGBTQ+, Emmanuel Macron ayant même parlé il y a quelques mois de « bataille culturelle » avec la Hongrie et certains autres pays d’Europe de l’Est comme la Pologne.
Le président français a dit croire « à la vertu du dialogue » sur ces sujets sociétaux et d’Etat de droit, en souhaitant « réduire les malentendus » et « faire progresser un modèle commun en étant aussi respectueux de la manière dont les uns et les autres entendent les choses ».
« Je pense qu’il y a un chemin (qui) suppose du respect, de l’écoute et du sérieux », même si tout ne sera pas réglé en six mois, a-t-il poursuivi, en rejetant l’interprétation de Viktor Orban selon laquelle la Hongrie est victime d’un chantage politique en raison du blocage par la Commission européenne du versement des fonds du plan de relance de l’UE.
« Ce ne sont pas sujets de sensibilité politique mais (…) des sujets existentiels de l’Europe quand il s’agit de nos valeurs et de l’Etat de droit », a-t-il insisté. « Et je pense qu’il est important qu’on redéfinisse un cadre commun, qu’on lève les ambiguïtés, qu’on arrive à avancer. »
Emmanuel Macron a en revanche fait état de « convergences de vues » sur d’autres sujets comme l’immigration, notamment sur une « gouvernance politique » de l’espace Schengen ou une meilleure protection des frontières extérieures de l’UE.
Paris et Budapest s’accordent aussi sur la promotion du nucléaire dans le débat en cours sur la classification des énergies susceptibles de contribuer à la transition écologique de l’UE, ou encore sur la politique agricole.
La visite d’Emmanuel Macron à Budapest, où il a aussi rencontré le président hongrois, János Áder, dont le rôle est surtout protocolaire, a débuté par un hommage à la philosophe hongroise Agnes Heller, une opposante à Viktor Orban qu’il avait rencontrée en 2019, quelques mois avant sa mort.
Agnes Heller, née en 1929 à Budapest, était une survivante de la Shoah et la majeure partie de sa famille a péri dans les camps de concentration nazis.
(Avec la contribution de Michel Rose, Anita Komuves, Marc Angrand et Bertrand Boucey)
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