Législatives: Pour Macron, les « colères » des Français appellent une « clarification »
À l'heure de l'intelligence artificielle, l'accès à des faits vérifiables est crucial. Soutenez le Journal Chrétien en cliquant ici.par Elizabeth Pineau
PARIS (Reuters) – Emmanuel Macron a tenté d’expliquer mercredi son choix abrupt de dissoudre l’Assemblée nationale en mettant en garde contre les extrêmes et en appelant de ses voeux un sursaut républicain afin de bâtir une « fédération de projets ».
A 18 jours de l’échéance, le président français a assuré avoir entendu « la colère » du pays incarnée par le vote en faveur des extrêmes, à laquelle il répond par une « clarification ».
« Le retour au peuple souverain est à mes yeux, dans ce contexte, la seule décision républicaine », a dit le chef de l’Etat lors d’une conférence de presse rue Cambon, non loin de l’Elysée, évoquant un « acte de confiance ».
Devant le gouvernement de Gabriel Attal réuni devant lui, il a mis en garde contre les extrêmes, trois jours après les élections européennes qui ont vu le Rassemblement national réunir plus de 31% des voix, laissant entrevoir un bon score aux élections législatives des 30 juin et 7 juillet.
Le camp présidentiel n’a réuni qu’à peine 15% des suffrages et les extrêmes de droite et de gauche ont recueilli la moitié des voix, ce que le président a rappelé dans son intervention.
« Cette colère, je l’ai entendue », a-t-il dit, alors que plus de 90% des communes de France ont mis le Rassemblement national en tête aux européennes.
« Tout le monde voyait monter l’eau de l’extrême droite (…) la clarification c’est maintenant », a dit le président, pour qui les responsables du RN sont « l’incarnation du ‘non' » à la tête d’un parti « qui sert la démagogie à tous les étages ».
« Depuis dimanche soir, les masques tombent », a aussi fait remarquer le chef de l’Etat, au lendemain du choix du président des Républicains Eric Ciotti de faire alliance avec le RN, au grand dam des ténors du parti se réclamant du général de Gaulle et de Jacques Chirac.
Alors que des alliances se nouent aussi à gauche, où un Front populaire est en passe de réunir des familles allant du Parti socialiste à La France insoumise, Emmanuel Macron a évoqué « une épreuve de vérité entre ceux qui veulent faire prospérer leur boutique, et ceux qui veulent faire prospérer la France ».
« Ces alliances sont des bricolages d’appareil mais en aucun cas des majorités pour gouverner », a-t-il lancé, évoquant les « incohérences » sur tous les sujets, de l’aide à l’Ukraine à la gestion des finances publiques en passant par la politique énergétique.
Il s’est adressé aux électeurs du candidat de Place Publique/Raphaël Glucksmann (13,8% des voix dimanche), face à l’hypothèse de l’arrivée à Matignon du chef de file de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon.
« NOUS N’AVONS PAS TOUT BIEN FAIT »
Face aux extrêmes et à leurs alliés, Emmanuel Macron a proposé de bâtir une « fédération de projets » avec « des sociaux démocrates, des radicaux, des écologistes, des démocrates chrétiens, des gaullistes et plus largement, beaucoup de nos compatriotes qui ne se reconnaissent pas dans la fièvre extrémiste. »
« Nous ne sommes pas parfaits, nous n’avons pas tout bien fait mais nous avons des résultats », a aussi fait valoir l’impopulaire président, au pouvoir depuis sept ans.
Sur les sujets de l’immigration et de la sécurité, préoccupations majeures des Français, Emmanuel Macron a mis dos à dos l’extrême gauche du « communautarisme et du laxisme » et l’extrême droite qui veut « répondre à l’insécurité en sortant des principes de la République ».
Le chef de l’Etat a exclu de démissionner en cas de défaite de son camp. « C’est non », a-t-il dit.
Interrogé sur l’inquiétude des pays voisins, notamment l’Ukraine, à l’idée de voir le Rassemblement national arriver au pouvoir, Emmanuel Macron a botté en touche, déclarant que la France ressortissait « affaiblie » en cas de victoire des extrêmes le 7 juillet mais « nettement » renforcée dans le cas contraire.
« Non à l’esprit de défaite, oui au réveil, au sursaut républicain ! », a-t-il conclu, sous les applaudissement des membres du gouvernement.
(Reportage Elizabeth Pineau, édité par Blandine Hénault)