Le Nobel de physique 2024 récompense deux pionniers de l’IA
par Niklas Pollard et Johan Ahlander
STOCKHOLM (Reuters) – Le prix Nobel de physique 2024 a récompensé mardi deux pionniers de l’intelligence artificielle (IA), les chercheurs américain John Hopfield et canado-britannique Geoffrey Hinton, pour leurs découvertes sur les réseaux de neurones artificiels et l’apprentissage automatique.
« Les deux lauréats (…) ont utilisé des outils de la physique pour développer des méthodes qui sont à la base des puissants systèmes d’apprentissage automatique actuels », a expliqué dans un communiqué l’Académie royale des sciences de Suède, qui attribue chaque année ce prix doté de 11 millions de couronnes suédoises (environ un million d’euros).
« L’apprentissage automatique basé sur les réseaux de neurones artificiels révolutionne actuellement la science, l’ingénierie et la vie quotidienne », a souligné l’Académie.
John Joseph Hopfield, âgé de 91 ans, physicien et biologiste, professeur émérite à l’Université de Princeton, « a créé une mémoire associative qui peut stocker et reconstruire des images et d’autres types de motifs dans des données ».
Quant à Geoffrey Hinton, âgé de 76 ans, professeur émérite à l’Université de Toronto, il « a inventé une méthode qui peut repérer de façon autonome des propriétés dans des données et ainsi effectuer des tâches telles que l’identification d’éléments spécifiques dans des images », a-t-elle ajouté.
« Je suis abasourdi. Jamais je n’aurais pensé que cela arriverait », a réagi le chercheur au téléphone pendant la conférence de presse d’attribution du prix.
L’an dernier, Geoffrey Hinton a démissionné de Google pour alerter sur les dangers que représenterait l’IA pour l’avenir de l’humanité, après s’être rendu compte que les ordinateurs pourraient devenir plus intelligents que les humains bien plus tôt que lui-même et d’autres experts ne le pensaient.
« Nous n’avons pas l’expérience de ce que c’est que d’avoir des choses plus intelligentes que nous », a-t-il dit pendant la conférence de presse. « Cela sera merveilleux sur de nombreux aspects, dans des domaines comme la santé par exemple. Mais nous devons aussi nous inquiéter d’un certain nombre de mauvaises conséquences possibles, en particulier la menace que ces choses échappent à tout contrôle. »
Une inquiétude partagée par le jury du Nobel. « Si l’apprentissage automatique comporte d’énormes avantages, son développement rapide soulève également des préoccupations quant à notre avenir », a déclaré Ellen Moons, présidente du Comité Nobel de physique.
« Collectivement, les humains portent la responsabilité d’utiliser cette nouvelle technologie de manière sûre et éthique, pour le plus grand bénéfice de l’humanité. »
Le Nobel de physique est le deuxième prix Nobel attribué cette semaine, après celui de médecine lundi, et avant ceux de chimie (mercredi), de littérature (jeudi) et de la paix (vendredi).
(Niklas Pollard et Johan Ahlander, Zhifan Liu et Jean-Stéphane Brosse pour la version française, édité par Blandine Hénault)