Le Kremlin dénonce les propos « dangereux » de Macron et Cameron
MOSCOU (Reuters) – Le Kremlin a jugé vendredi « très dangereux » les propos d’Emmanuel Macron sur l’envoi de troupes occidentales au sol en Ukraine et accusé le chef de la diplomatie britannique, David Cameron, d’alimenter une « escalade » dans le conflit.
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Dans une interview à The Economist publiée jeudi, le président français réitère sa proposition controversée d’envoyer des troupes au sol en Ukraine si l’armée russe venait à « percer les lignes de front ».
« Si les Russes devaient aller percer les lignes de front, s’il y avait une demande ukrainienne – ce qui n’est pas le cas aujourd’hui – on devrait légitimement se poser la question », dit-il notamment.
Emmanuel Macron invite à ne pas « écarter a priori » cette option, expliquant qu’il s’agit de tirer les enseignements des premiers temps du conflit. Les pays de l’Otan avaient en effet exclu de fournir chars et avions à l’Ukraine dans la guerre qui l’oppose à la Russie depuis février 2022, avant de changer d’avis.
« C’est une déclaration très importante et très dangereuse », a réagi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, lors d’un point de presse.
« La France, a-t-il poursuivi, à travers son chef d’Etat, ne cesse de parler de la possibilité de son implication directe, sur le terrain, dans le conflit en Ukraine. »
En visite jeudi à Kyiv, le ministre britannique des Affaires étrangères, David Cameron, a annoncé une enveloppe supplémentaire de 500 millions de livres sterling (près de 590 millions d’euros) pour fournir munitions et armements à l’Ukraine.
Il a précisé que Londres réunirait en juin ses partenaires internationaux pour collecter davantage de fonds au profit de l’Ukraine.
Le Fonds international pour l’Ukraine, créé en 2022, regroupe le Royaume-Uni, la Norvège, les Pays-Bas, le Danemark, la Suède, la Lituanie, l’Islande, l’Australie et la Nouvelle-Zélande.
Face aux attaques de drones russes, le Royaume-Uni insiste sur la nécessité de fournir à l’armée ukrainienne des bombes à guidage de précision, des modules de défense anti-aérienne et des missiles.
David Cameron a estimé que les armes ainsi fournies par le Royaume-Uni pourraient servir « à frapper en Russie puisque la Russie frappe en Ukraine ».
Dmitry Peskov a dénoncé « une escalade directe », déplorant des propos inquiétants qui pourraient mettre en péril l’architecture sécuritaire européenne.
(Reportage Reuters, version française Sophie Louet, édité par Jean-Stéphane Brosse)