France: La vague redoutée des défaillances post-COVID semble s’amorcer, selon une analyse d’Altares
Les défaillances d’entreprises se sont maintenues à un niveau exceptionnellement bas en France au premier trimestre mais le mois de mars a marqué une inflexion, avec une explosion des procédures et des liquidations, selon une analyse publiée mercredi par le cabinet d’études Altares.
Au cours des trois premiers mois de l’année, 7.406 défaillances d’entreprise ont été enregistrées, un nombre « exceptionnellement bas » en recul de 32,1% par rapport au premier trimestre 2020, dont seule la toute fin avait été affectée par la crise sanitaire.
« Le mois de mars pourrait cependant constituer un point de bascule », souligne Thierry Millon, directeur des études Altares.
La deuxième quinzaine de mars a été marquée par une explosion de 155% des défaillances par rapport à la même période de 2020, lors de laquelle le début du premier confinement s’était accompagné d’un gel des procédures du fait de la fermeture des tribunaux.
« C’est aussi en mars qu’émergent des chiffres concrets sur la détresse de centaines d’entreprises qui se trouvent en cessation de paiement, en dépit des dispositifs de soutien publics », observe Thierry Millon.
Le mois dernier, 79% des jugements se sont soldés par une liquidation directe de l’entreprise concernée, « un niveau jamais atteint depuis 20 ans », souligne-t-il.
Pour Thierry Millon, « la stratégie de soutien à l’économie réelle déployée par l’Etat s’est avérée efficace », permettant à environ 20.000 entreprises mises sous perfusion d’échapper à la défaillance en 2020.
Mais nombre d’entreprises risquent d’avoir des difficultés à surmonter le cap de l’allègement puis de l’extinction inéluctables de ces aides.
La Banque de France a estimé en début d’année que 4,5% à 6% des prêts garantis par l’Etat (PGE) auraient du mal à être remboursés.
Par ailleurs, Altares rappelle que les quelques 63.000 entreprises françaises dites « zombies » – déjà fragiles avant la survenue de la pandémie de COVID-19 – devraient également avoir du mal à survivre sans soutien de l’Etat.
(Myriam Rivet, édité par Blandine Hénault)