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Face à la menace de censure, Barnier cède sur les médicaments

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PARIS (Reuters) -Le Premier ministre Michel Barnier, qui pourrait engager lundi la responsabilité de son gouvernement sur le projet de budget de la Sécurité sociale (PLFSS) et s’exposer en retour à la censure, a promis qu’il n’y aurait pas de déremboursement des médicaments en 2025.

Cette concession de dernière minute intervient après un appel téléphonique « ce matin », indique Matignon, entre le Premier ministre et la cheffe de file des députés du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen, qui se place en arbitre sur ce projet de loi controversé.

Le Premier ministre a admis mardi dernier sur TF1 qu’il recourrait « probablement, assurément » à l’article 49.3 de la Constitution permettant l’adoption d’un texte de loi sans vote, faute de majorité suffisante à l’Assemblée nationale où sera examiné le PLFSS.

Le texte est réputé adopté si aucune motion de censure contre le gouvernement n’est votée. Cette motion ne peut être examinée que dans un délai d’au moins 48 heures après son dépôt, soit mercredi. Elle doit recueillir 289 voix pour faire chuter l’exécutif.

La gauche et ses près de 200 élus, de LFI (La France insoumise) au Parti socialiste, affiche unanimement son intention de voter la censure.

Jordan Bardella, le président du parti d’extrême droite, a confirmé lundi que le RN voterait la motion de censure si le gouvernement usait de l’article 49.3 pour faire passer le PLFSS.

« Le Rassemblement national actionnera le mécanisme de la censure sauf évidemment miracle de dernière minute, si Michel Barnier venait à revoir sa copie d’ici 15 heures. Mais j’ai peu d’espoir (…) », a-t-il dit sur RTL.

Si Michel Barnier ne déclenche pas de 49.3, le RN votera tout de même « contre » ce budget, a renchéri Sébastien Chenu, vice-président du parti, sur BFMTV.

Le parti de Marine Le Pen réclame encore notamment l’indexation des pensions sur l’inflation pour tous les retraités dès le 1er janvier.

Le Premier ministre a déjà annoncé qu’il renonçait à augmenter les taxes sur l’électricité comme prévu dans le PLFSS, une « victoire » aux yeux de Jordan Bardella.

« LA CENSURE N’EST PAS INÉLUCTABLE », DIT LE PEN

Marine Le Pen avançait pourtant que « la censure n’est pas inéluctable » dans une interview publiée par La Tribune Dimanche.

« Il suffit que M. Barnier accepte de négocier. Il est issu d’une famille politique qui a 47 députés. Normalement, cela devrait pousser à la discussion ! Il ne souhaite pas le faire, c’est lui qui prend la décision du déclenchement de la censure. »

« Les lignes rouges du RN, tout le monde les connaît depuis des semaines. Nous avons été très clairs, très loyaux et transparents depuis le début », a-t-elle aussi déclaré.

« Nous sommes encore prêts à la négociation », a voulu rassurer la porte-parole du gouvernement, Maud Bregeon, sur la chaîne CNews lundi, prévenant tout de même que la France mettrait des mois ou des années à se relever d’une censure.

Au risque de « tempête » sur les marchés financiers brandi par Michel Barnier en cas de censure, Marine Le Pen rétorque que l’exécutif a une tendance « consistant à essayer de se sauver la mise en paniquant tout le monde ».

Une censure, « ça remet juste les compteurs à zéro pour renégocier sur une base acceptable », affirme-t-elle.

Alors que l’agence Standard & Poor’s a maintenu vendredi la note de la dette française à AA- et sa perspective stable, le ministre de l’Economie, Antoine Armand, juge au contraire que cette décision « résonne aussi comme un avertissement ».

« En cas de censure, l’instabilité politique nous fera basculer dans un autre monde économique et financier. C’est aussi le message qui est exprimé. Le gouvernement ne doit pas être seul à l’entendre », dit-il dans une interview au Journal du Dimanche.

A gauche, Manuel Bompard accuse le RN de vouloir, par ses menaces, faire oublier sa « complaisance » et sa « complicité » avec le gouvernement en l’ayant laissé survivre depuis sa formation en septembre malgré son absence de majorité à l’Assemblée.

Pour le coordinateur de LFI, qui s’est exprimé dimanche dans « Le Grand Rendez-Vous » d’Europe1/CNews/Les Echos, la question n’est désormais plus celle de la censure mais de la démission d’Emmanuel Macron lui-même, qu’il juge inévitable.

(Rédigé par Jean-Stéphane Brosse, avec Bertrand Boucey, Claude Chendjou, Nicolas Delame et Kate Entringer, édité par Augustin Turpin)

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