Enfant de la Bataille de Normandie, Marie-Thérèse se souvient du « grand chambardement »
SAINT-LÔ, Manche (Reuters) – Les célébrations du 80e anniversaire du Débarquement font remonter les lointains souvenirs de Marie-Thérèse Legallois, qui a vécu à l’âge de sept ans ce qu’elle avait alors appelé, avec ses mots d’enfant, le « grand chambardement ».
Les premiers souvenirs de l’ancienne assistante sociale de 87 ans remontent à la France occupée, dans la ferme familiale de Condé-sur-Vire (Manche) où les Allemands s’étaient approprié tous les bâtiments agricoles.
Le 6 juin 1944, Marie-Thérèse Legallois, née Legrandois, était à l’école.
« La maîtresse a dit : ‘il faut que vous retourniez chez vous car il y a le Débarquement' », a-t-elle raconté à Reuters dans son salon de Saint-Lô, devant des coupures de presse relatant des témoignages du « D-Day » soigneusement découpées dans les journaux locaux.
« Je suis rentrée à pied avec ma soeur et mon père est venu à notre rencontre. Je me vois courir vers lui, contente de le voir, et je lui ai dit : ‘Il n’y a plus d’école, car il y a le grand chambardement !' »
Réfugiée chez une tante à une vingtaine de kilomètres de là, elle est revenue plusieurs semaines plus tard dans son village « complètement détruit ».
Les troupes alliées débarquées le 6 juin 1944 ont mis plus d’un mois à atteindre la grande ville voisine de Saint-Lô, libérée le 18 juillet au prix de destructions massives.
Ce jour-là, une bombe est tombée près de la ferme des parents de Marie-Thérèse Legallois, tuant sept personnes. Sa famille a heureusement été épargnée. Environ 20.000 civils ont trouvé la mort pendant la Bataille de Normandie.
Marie-Thérèse Legallois a vu surgir « par camions entiers » dans sa verte campagne les soldats américains, « très gais, qui nous lançaient des bonbons et des chewing-gums », friandise à laquelle les petits Normands n’avaient encore jamais goûté.
Depuis lors, elle reste au fait de l’actualité et suit de près tout ce qui a trait à cette période dans la presse et à travers des films comme « Le jour le plus long » et « Il faut sauver le soldat Ryan ».
« Cela nous rappelle que nous avons été occupés pendant quatre ans et que nous avons été libérés grâce aux Américains », a-t-elle souligné. « Mais j’ai toujours un peu de tristesse de voir que la guerre continue, en Ukraine ou ailleurs. »
(Reportage Elizabeth Pineau, édité par Sophie Louet)
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