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Confusion politique en France avec l’avènement d’une Assemblée tripartite

L’alliance de gauche du « Nouveau front populaire » (NFP) est arrivée dimanche en tête du second tour des élections législatives anticipées en France, devant le camp présidentiel et le Rassemblement national, un scénario surprise qui dessine une Assemblée nationale difficilement gouvernable.

La « clarification » voulue par Emmanuel Macron aura paradoxalement accouché d’une situation d’une complexité et d’une confusion inédites, avec un pays sans boussole politique et une chambre basse encore plus fragmentée qu’auparavant.

L’arme institutionnelle de la dissolution – la sixième de la Ve République – dégainée au soir de la victoire du RN aux élections européennes du 9 juin (31,37%) se sera finalement retournée contre le chef de l’Etat.

Selon les instituts Ifop-Fiducial, Ipsos, Opinionway et Elabe, le NFP remporterait entre 171 sièges et 205 sièges. Le camp présidentiel « Ensemble pour la République » disposerait de 152 sièges à 180 sièges et le RN et ses alliés « ciottistes » s’adjugeraient entre 113 sièges et 152 sièges. Les Républicains « historiques » (LR) sont crédités de 46 sièges à 71 sièges.

Dans ce chamboule-tout, aucune force ne dispose de la majorité absolue à l’Assemblée nationale (289 sièges) et ne peut donc gouverner seule.

Le chef de l’Etat, a fait savoir l’Elysée, « attendra la structuration de la nouvelle Assemblée nationale pour prendre les décisions nécessaires ». Il veillera « au respect du choix souverain des Français », a-t-on précisé.

Si l’on considère la nouvelle donne arithmétique issue des urnes, la XVIIe législature, qui débutera officiellement le 18 juillet, sera immanquablement placée sous le sceau de l’instabilité et la menace de motions de censure à répétition, quand bien même des accords se nouaient.

Emmanuel Macron, qui ne peut se représenter en 2027, est au pied du mur car en vertu de l’article 12 de la Constitution, aucune dissolution n’est possible avant le 8 juillet 2025.

Selon l’article 8 de la loi fondamentale, il revient au président de la République, garant des institutions, de nommer le Premier ministre pour conduire la politique de la Nation. La pratique veut que le chef du gouvernement soit issu des rangs de la force dominante à l’Assemblée.

ATTAL DEMISSIONNAIRE

Le Premier ministre Gabriel Attal, d’un ton ému, a annoncé lors d’une allocution à Matignon qu’il remettrait sa démission lundi matin au chef de l’Etat.

« Cette dissolution, je ne l’ai pas choisie mais j’ai refusé de la subir », a souligné le chef du gouvernement, marquant définitivement sa rupture avec Emmanuel Macron.

Sans attendre, les artisans du NFP, le chef de file de La France insoumise (LFI) en tête, ont revendiqué la charge de former un gouvernement pour appliquer leur programme, dont l’abrogation de la réforme des retraites et la hausse du Smic à 1.600 euros nets.

« Le président doit s’incliner et admettre cette défaite sans tenter de la contourner de quelque façon que ce soit. Le Premier ministre doit s’en aller », a dit Jean-Luc Mélenchon.

A Renaissance, on exclut que Jean-Luc Mélenchon « et un certain nombre de ses alliés » puissent gouverner. Pour l’ancien ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, réélu dans le Nord, « personne ne peut dire qu’il a remporté » le scrutin, « surtout pas M. Mélenchon ».

La secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), Marine Tondelier, ou encore Clémentine Autain (LFI) ont proposé que les députés de l’alliance de gauche se réunissent pour désigner un Premier ministre dans leurs rangs.

Le « front républicain » appliqué dans l’entre-deux-tours par le NFP et, dans une moindre mesure, par un camp présidentiel divisé sur la conduite à tenir face à LFI, a lourdement pesé dans les urnes et brisé l’élan de l’extrême droite, qui s’était imposée au premier tour avec 33,15% des voix, le 30 juin.

UN REVERS POUR LE RN

Même si le parti de Marine Le Pen et Jordan Bardella, qui avait remporté 89 sièges en 2022, progresse significativement, le verdict des urnes est un échec.

Le président du RN, Jordan Bardella, a fustigé « l’alliance du déshonneur » de l’entre-deux-tours à ses dépens et accusé le chef de l’Etat d’avoir jeté la France « dans les bras de l’extrême gauche ».

Quant à Marine Le Pen, qui avait été réélue députée dès le premier tour à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), elle a estimé que cette progression augurait d’une victoire pour l’avenir.

« La marée monte. Elle n’est pas montée assez haut cette fois-ci, mais elle continue à monter et par conséquent, notre victoire, en réalité, n’est que différée », a-t-elle déclaré sur TF1.

Le camp présidentiel, qui disposait de 250 élus dans la précédente assemblée, sauve la face mais les fractures qui se sont fait jour depuis la dissolution sont désormais béantes.

Certains des alliés d’Emmanuel Macron, au premier chef son ancien Premier ministre Edouard Philippe qui l’avait accusé d’avoir « tué » la majorité, ont manifesté dès dimanche soir leur volonté d’émancipation et de recomposition en vue de la présidentielle de 2027.

« Les forces politiques centrales ont (…) une responsabilité qu’elles ne peuvent écarter. Elles doivent sans compromission favoriser la création d’un accord qui stabilisera la situation politique », a jugé Edouard Philippe, président d’Horizons, qui s’est dit disposé à coaliser toutes les bonnes volontés autour de sa personne.

Les Républicains, plongés de nouveau dans les affres de la division après le ralliement de leur président Eric Ciotti au RN, maintiennent leur représentation intacte, forts d’un ancrage local de longue date. Dans les tractations qui s’annoncent au sein de « l’extrême centre », ils pourraient faire valoir leur rôle de force pivot.

L’hypothèse d’une coalition de la gauche à la droite modérées, d’une « Assemblée plurielle » selon les termes de Gabriel Attal, avait été évoquée avant le second tour, à l’image lointaine de la « Troisième force » (SFIO, UDSR, radicaux, droite républicaine) qui gouverna la France de 1947 à 1951.

Au total, 501 sièges restaient à pourvoir sur les 577 de l’Assemblée nationale dans ce scrutin qui fera date dans la Ve République. Le taux de participation s’est établi à 67,10%, en légère hausse par rapport au premier tour.

 

(Sophie Louet avec Blandine Henault, Elizabeth Pineau, Diana Mandia, Zhifan Liu, édité par Blandine Hénault)

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