Cent ans après, le rorqual boréal réapparaît au large de l’Argentine
BUENOS AIRES (Reuters) – Les rorquals boréals, géants gris-bleu décimés par la chasse il y a un siècle au large des côtes patagoniennes, commencent à prospérer de nouveau dans les eaux argentines, un effet tardif de la réglementation de la pêche industrielle à la baleine.
Dans les années 1920 et 1930, la pêche à la baleine le long du littoral argentin a entraîné un déclin marqué des populations de cétacés. En 1931, une première convention pour la réglementation de la chasse à la baleine, signée par 22 pays, permet un début de régulation de la pêche industrielle. En 1986, un moratoire international entre en vigueur.
Trois pays continuent néanmoins aujourd’hui de chasser les grosses baleines – la Norvège, l’Islande et le Japon.
Le rorqual boréal est après la baleine bleue et le rorqual commun le plus grand rorqual au monde, avec une longueur moyenne de vingt mètres et un poids de 45 tonnes.
« Elles ont disparu parce qu’on les chassait, elles ne sont pas éteintes mais leur nombre a tellement été réduit que personne ne les a vues », explique Mariano Coscarella, biologiste et chercheur en écosystèmes marins au sein du Conseil national argentin de la recherche scientifique et technique (Conicet).
Mariano Coscarella ajoute qu’il a fallu des décennies pour que les baleines réapparaissent en nombre « visible ».
« Dans le cas (des rorquals boréals), il a fallu plus de 80 ans », précise-t-il. « Les baleines se reproduisent tous les deux ou trois ans et il a donc fallu près de 100 ans pour qu’elles soient suffisamment nombreuses pour que l’on se rende compte de leur présence. »
Le mois dernier, l’équipe a posé des traceurs satellites sur des rorquals boréals afin de cartographier leur migration, un projet soutenu par « Pristine Seas » de National Geographic, lancé en 2008 pour créer des réserves marines dans le monde.
« Nous pouvons considérer qu’il s’agit d’un succès en matière de conservation à l’échelle mondiale », souligne Mariano Coscarella, ajoutant que le moratoire mondial sur la chasse à la baleine était essentiel à la réapparition des cétacés.
« Les rorquals boréals reviennent près de 100 ans après dans les zones mêmes où ils étaient avant le développement de la chasse », note-t-il.
Le rorqual boréal est aujourd’hui une espèce protégée.
(Reportage d’Anna Portella ; version française Dimitri Rhodes, édité par Sophie Louet)
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